Chapitre 9

660 38 4
                                    

J'était restée collée contre le torse de Gabriel une bonne demie-heure en sanglotant. Moi, Elsa, j'avais tué. Je me relevai rapidement après m'être calmée, grâce à l'étreinte envoûtante de Gabriel. Il m'avait protégée. J'avais tué car je le voyais en danger. La peur de le perdre avait décuplé mes pouvoirs. Ma rage avait intensifié la puissance de mes capacités en l'espace d'un instant.

Mais lorsque Peter était arrivé en courant après la mort de Jack, il m'avait vue, grelottant contre Gabriel, à coté d'une faille dans le sol de l'île, de trois bons mètres de largeur. Je l'avais regardé, me remémorant les paroles de Jack : " Peter compte sur nous pour sauver l'île... Cela m'aurait tué."

Je ne savais pas quoi penser, si ce n'est que décider de m'éloigner de Peter un moment. Devais-je parler à Gabriel ? Peter est son frère... Non, je pouvais lui faire confiance. Mais m'aurait-il sauvée si je ne détenais aucun pouvoir ? Je doutais. J'était épuisée. Après avoir séché mes larmes, Gabriel dû me porter pour me ramener à la grotte, je ne tenais plus sur mes jambes. Après un moment de marche, sans un mot, il me déposa dans mon lit, alors que je somnolais. Je le sentis déposer un baiser sur mon front avant de rabattre la couverture sur mes épaules et s'éloigner. Je m'endormis aussitôt, plongeant dans un sommeil agité et emplit de cauchemars.

Je me reveillai le matin, après avoir dormi longtemps. Les souvenirs de la veille me revenaient sans arrêt à l'esprit. Je revoyais le visage de Jack terrorisé, plongeant dans la faille en hurlant, pour ne plus jamais réapparaître. Le corps de Gabriel recroquevillé contre l'arbre après la secousse que j'avais provoquée. Le regard déséspéré de l'enfant que j'avais voulu sauver.   Les enfants  !!!

Je sorti de la grotte en courant. Je percutai Gabriel de plein fouet. Nous tombâmes à la renverse.

Après avoir repris nos esprits, je me relevai vivement et lui demandai :

- Les enfants !!

- Bah alors, tu te lèves rapidement ! (son visage s'assombrit)  .... Les enfants, quels enfants ? Ah, oui ! Heu... je suis désolé, Elsa, ... deux enfants sont morts et un grièvement blessé... avoua-t-il, en passant nerveusement la main dans ses cheveux.

Je baissai la tête. J'avais envie de pleurer. Mais je me repris et relevai les yeux, que je plantai dans ceux de Gabriel.

- Où est-il ?

- Elsa, je ne suis pas sûr que...

- Où - est - il ? le coupai-je, en détachant chaque syllabe, ne lui laissant pas le choix.

- ... au camp, il se repose, Peter a essayé de soigner sa blessure avec la magie. Il est au près de lui en ce moment même.

Mon coeur se serra lorsque je réalisai que, pour voir le garconnet, je devrai affronter le regard de Peter, sans connaître ses réelles intentions. Pourtant je ne montrai pas mon apréhension à Gabriel. Je parti en direction du camp.

Lorsque j'arrivai, Peter était assis sur un tronc et aiguisait un couteau. D'autres enfants et adolescents que je n'avais jamais vus étaient assis ou occupés à diverses tâches, en silence. Je dépassai Pan, son regard croisa le mien, mais je ne m'arrêtai pas. Je me dirigeai vers une tente de fortune installée sûrement pour le blessé. J'entrai. Le petit garçon était allongé sur une couchette, un bandage important recouvrant une bonne partie de son ventre. Une tâche pourpre maculait son bandage, j'en déduis qu'il avait perdu beaucoup de sang, et donc beaucoup souffert. Je l'avais reconnu. C'était le petit garçon que j'avais voulu sauver, losrque Jack m'avait menacée. Je m'agenouillai au pied de sa couchette. Il ouvrit les yeux avec difficulté. Je lui intimai de garder les yeux fermés et commençai a parler.

- Je m'appelle Elsa, c'est moi qui t'ai... trouvé. Je suis désolée. Vraiment. Je m'en veux, tu sais. Je...

Sa petite main se posa sur la mienne et chercha a l'ouvrir. Je le laissai faire. Il y déposa un petit objet froid, métallique. Losque j'ouvris la main, un petit papier y était plié. Je le dépliai, les mains tremblantes. L'écriture était soignée, mais écrite rapidement car l'encre avait coulé par endroits. Je pu y lire les mots suivants : " Tu es en danger ". Mon coeur se serra. Je repensai aux paroles de Jack. Lorsque je relevai les yeux, le petit garçon se redressa doucement. Il grimaçait de douleur. Il devait souffrir le martyre. Je m'approchai pour l'aider, lorsqu'il m'attira et se serra fort contre moi. Je lui rendis son étreinte. Nous restâmes quelques minutes serrés l'un contre l'autre, je voulais le protéger, comme un petit frère. Il semblait si fragile, j'avais peur de lui briser les os. Nous nous réchauffions mutuellement. Soudain, son corps tout entier se détendit. Il fourra sa tête dans mon cou. Son souffle chaud me rappella que ce n'était qu'un enfant. Ses bras se détachèrent de ma nuque. J'avais compris. Il était comme endormi. Un visage d'ange. Une larme coula le long de ma joue lorsque je me détachai de lui. Il m'avait attendue pour s'éteindre. Je le replaçai sur sa couchette doucement. Puis je déposai un baiser sur son front, une larme tomba sur celui-ci et roula le long de son beau visage. Lorsque je ressorti de la tente, j'avais le visage sombre, les yeux gris. Un si petit garçon ne devraît pas mourrir à cet âge-là. C'était trop jeune. Neverland était le pays des rêves, quand j'étais enfant. C'était devenu le pays des cauchemars.

Lorsque je dépassai Peter, un tronc explosa et l'arbre s'effondra, soulevant un nuage de poussière. Ma tristesse et ma colère n'avaient pas de limites. Je m'éloignai des regards appeurés et de l'oeil interrogateur de Peter. J'avais besoin d'être seule.

Never LandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant