Chapitre 7

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" Il va maintenant falloir que tu saches te contrôler, Elsa." Me dit Gabriel, assit sur le bord de la falaise.

J'étais assise à ses côtés, les mains moites. Je m'étais remise de mes émotions de la veille, après m'être endormie contre Gabriel, mes larmes coulant toujours sur mes joues rougies.

Mais aujourd'hui j'allait mieux. J'avais honte d'avoir ainsi exprimé de la faiblesse et de l'émotivité à Gabriel. Il n'avait pas besoin de ça. Je voulais maintenant lui montrer ma puissance. Je me levai, détérminée. Malgré tout, la peur me tordait le ventre. Je ne voulais pas le blesser.

- " Vas-y, essaye de faire un petite flamme au creux de ta main, Elsa." M'encouragea-t-il

Je me concentrai pour imaginer la flamèche, sa couleur dorée-rouge fascinante, son mouvement lent mais imperturbable, sa fébrilité mais sa force de se relever après un coup de vent, plus intense. J'ouvris ma main. Lorsque que j'ouvrai les yeux, c'était un flamme de près de cinquante centimètres qui brûlait avec un intensité incroyable, en suspens au dessus de mes doigts. J'étais fascinée.

Je ne pus m'empêcher de murmurer : "C'est magnifique..."

Après l'avoir observée environ une minute, je l'éteignis, rien qu'en pensant "STOP". Un jeu d'enfant.

Puis je me tournai vers Gabriel. Il souriait.

- "Je t'avais dis une PETITE flamme, mais la tienne était bien plus belle que celle que j'avais imaginée " Me lança-t-il, un sourire au coin des lèvres. Il était fier, je le voyais. Ce qui me fit rougir violemment et baisser les yeux.

Il émit un petit rire qui me fit savoir qu'il avait remarqué ma gêne. Cependant, une question de la veille me restait en tête et je décidai de lui poser :

- " Gaby, sur l'île, la légende mentionne des garçons perdus, mais je n'en ai encore aperçu aucun. Existent-t-ils ? "

- "Oui bien sûr, ils ont bâti un camp où ils habitent avec Peter, mais je n'avais pas envie de rester avec eux, ni avec Peter, car je lui en voulait d'avoir voulu te sacrifier pour la stabilité de l'île..."

- " Merci, Gaby", soufflai-je, gênée mais touchée par son attention. C'est vrai, il ne me connaissait même pas mais me protégeait, ... comme un frère...

Nous continuâmes à nous entraîner toute la journée sur la falaise. Après quelques échecs qui avaient failli envoyer Gabriel dans le vide et quelques flammes évitées de sa part en sautant dans des buissons, nous étions épuisés et nous rentrâmes.

Plus tard dans la soirée, j'étais restée seule et étais partie rejoindre un clairière que Gabriel m'avait montrée plus tôt, dans l'espoir de me reposer un peu. Et surtout de récupérer mon énergie, qui se dépensait vite. Gabriel avait dit que l'île était instable, mais en quoi ? Je me dis soudain que, même si j'avais beaucoup de facilité avec la magie du feu, je devais avoir d'autres facultés pour être en mesure de stabiliser l'île. Je regardais mes mains. Puis je les posai délicatement sur le sol, dans la lumière du soleil couchant, qui faisait briller mes cheveux, qui volaient, semblables à des flammes dansantes. Au moment où elles touchèrent la terre fraîche, je sentis un crépitement, comme un flux d'énergie qui traversait mes veines. J'analysai la situation. J'étais seule. Je ne pouvais donc blesser personne. Je laissai donc mes mains sur le sol terreux de l'île. je lui appartenais, après tout. J'entendis alors comme un claquement sec, mais il raisonnait dans ma tête, comme si il ne venait pas de l'exterieur. Je gardais les yeux fermés pour mieux me concentrer. J'entendais maintenant comme une sorte de grésillement qui raisonnaient, toujours dans ma tête. Des voix se firent entendre, de plus en plus distinctes. Je ne parvenais pas à les identifier, elles étaient nombreuses. Soudain, un flux d'énergie incroyablement fort me traversa tout le corps. Je me raidis instantanément, mes muscles étaient comme paralysés. Un phrase s'imprimait dans mon esprit, comme une lettre que l'on écrivait, et qui défilait. Les mots passaient, une infinité. Mais je ne parvenais pas à les lires, et les voix s'intensifiaient. J'étais prise d'un mal de crâne épouvantable. Soudain, tout s'arrêta. Et le silence retomba aussi brutalement. D'un coup. Une brise légère me carressait. J'était bien. J'écoutais. J'ouvris les yeux instentanément, après plusieurs minutes de silence. J'avais communiqué avec l'île, je le sentais. Nous étions connectées. Je sentais que l'île se portait bien, mais qu'elle avait besoin de mon énergie pour rester stable.

Mais qu'est-ce qui la rendait stable, justement ? Moi. Je sentais que NeverLand avait besoin d'un équilibre, un équilibre énergétique. Mais apparemment elle ne peux plus se passer de mon énergie. Je sentais que si je l'abandonnais, elle resterai dans son instablitité permanante et cela pourrait être fatal pour les habitants de l'île. Je ne voulais pas prendre ce risque, même si je n'étais pas sûre. Je devrais me connecter plus souvent à l'île pour lui fournir l'énergie dont elle aurait besoin. Quitte à m'épuiser. Mes interrogations m'avaient empêchée d'entendre l'arrivée de Pan.

Je me retournai vivement lorsque je sentis un main se poser sur mon épaule. J'avais deviné en un instant que ce n'était pas celle de Gabriel. Plus froide, plus ferme.

- "Qu'est-ce que tu veux, Peter ?" Demandai-je en soupirant, lasse et fatiguée.

- ... Je suis désolé pour ce qui c'est passé dernièrement... tu sais, ton énergie, tu as perdu le contrôle...

Peter Pan qui s'excuse, une première. pensai-je. Il paraissait plus compréhensif et je décidai de lui faire confiance. Il avait essayé de m'aider, après tout. Et c'était... le frère de Gabriel. Je ne voulais pas les éloigner l'un de l'autre plus qu'ils ne l'étaient déjà. Il voulait sauver l'île. Moi aussi.

- C'est pas grave, soupirai-je, t'as essayé de m'aider... Autant dire la vérité

- Tu sais, je ne veux pas me vanter mais j'ai beaucoup de connaissances en matière de magie, de quelle nature qu'elle soit, je peux t'aider si tu veux... Tu as une énergie considérable en toi, et il ne faut pas la libérer en grandes quantités. Je pense que la magie que tu m'as montrée l'autre jour n'était pas à son niveau maximal, ce qui signifie qu'elle peut être magnifique, mais aussi très dangereuse, m'expliqua-t-il calmement.

Je l'avais écouté, mais le terme "de quelle nature qu'elle soit" m'avait troublée.

- Tu as parlé de la nature de ma magie, de quoi s'agit-il ? Demandai-je, inquiète.

Nous étions à présents assis dans la clairière, pendant que le soleil se couchait lentement.

- Il existe de la magie pour presque tout phénomène naturel existant. L'eau, l'air, la terre, le feu, la foudre, la glace, la tempête etc. La tienne s'apparenterait à la magie du feu, mais ton énergie est si concentrée et si puissante que je sens qu'elle est trop élevée pour n'être que de la simple la magie du feu. Je crois donc...

Je le coupai : - Qui utilise ces magies ?

- Peu de gens, et la plupart sont passés par NeverLand. Dont moi, qui suis le seul restant, sans compter Gabriel, qui en possédait aussi auparavant...

Un sentiment de culpabilité m'envahit alors. Je restai silencieuse. Je me sentait tout à coup prisonnière de mon énergie, étouffée. Je ne savais pas comment l'utiliser sans risquer de blesser, ni comment la stopper en cas de perte de contrôle, elle m'emprisonnait. J'avais besoin de liberté. Je ne savais pas quoi faire... Nous restâmes silencieux un long moment.

Quelques minutes plus tard, nous nous séparâmes et je rentrai voir Gabriel, qui m'attendais, avec un bon repas et son éternel sourire enfantin.

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