Shadows

XI - T'es un psychopathe ?

You call me on the telephone

You feel so far away

You tell me to come over

There's some games you want to play                   (<------ média)

« Putain, mais va te faire foutre, connard ! » je hurle en attrapant mon téléphone qui vibre, en même temps qu'il joue cette musique.

Je veux le balancer, vraiment, mes doigts me démangent, mais je me souviens que je suis sur un hamac perché entre deux balcons, et que si je fais ça, ben j'aurais plus de téléphone. Alors je calme mes envies de meurtre, j'inspire un bon coup, et je saute sur mon balcon. Je lâche un cri quand mes pieds atterrissent sur le carrelage glacé et humide, et je me dépêche de rentrer chez moi. Putain, septembre est censé être un mois encore chaud, normalement !

Je m'habille un peu plus chaudement que d'habitude, avec une écharpe et une veste en cuir doublée, et je bourre mon sac avec des cahiers complètement au hasard. Fuck les cours. Mais je fais bien gaffe de ne pas oublier mes affaires d'arts plastiques. C'est la seule matière que j'aime, je peux bien faire un effort quand même. Je regarde mon téléphone. 7h34. Faut que je me grouille. J'attrape une pomme sur le comptoir de ma cuisine ainsi que mes écouteurs et mon trousseau de clés, et je sors de chez moi en fermant bien la porte.

Je descends les escaliers et me retrouve dehors. J'inspire et expire profondément, et de la buée sort de ma bouche. C'est officiel, je veux vivre dans un pays chaud.

Je commence à marcher, et je sens bientôt quelqu'un arriver juste à côté de moi. Je relève la tête. C'est Sangster, bien sûr.

« Salut. » lance-t-il sur un ton enjoué, en me faisant un sourire.

Je réponds par un hochement de la tête, puis je mets mes écouteurs dans mes oreilles. Je peux paraître froide, mais je suis comme ça, c'est tout. C'est pas parce que je lui ai parlé de ma vie hier que je vais changer mes habitudes pour lui, hein. Je remets la musique qui m'a réveillée, pour achever de me sortir de mon sommeil, et je commence à manger ma pomme de ma main libre. J'ai tellement la dalle que je la termine en quelques minutes. Je balance le trognon au hasard au pied d'un arbre.

Thomas me regarde de travers.

« Quoi ? C'est biodégradable, ces conneries-là. » je déclare.

Il ne répond rien. J'hausse les épaules, mais juste au moment où mon téléphone se met à jouer le titre « Fuck You » de Lily Allen, une chanson de circonstance, si vous voulez mon avis, je sens mon téléphone vibrer. Ce n'est pas normal. Personne, je dis bien personne, n'a mon numéro. A part les assistantes sociales et tout ça, mais elles ne m'ont pas contacté depuis un moment, et ce n'est pas au programme qu'elles le fassent avant un bon paquet de temps.

Je me dis que j'ai peut-être rêvé, alors je secoue la tête et je continue à avancer, mais les vibrations reprennent. Une, puis deux, puis trois. Cette fois, je m'arrête. J'arrête ma musique et retire mes écouteurs, que je fourre dans ma poche, et je regarde ma messagerie.

De : Inconnu    A : Moi

Coucou, c Dylan !

De : Inconnu    A : Moi

Ton cousin, tu te rappelles ?

De : Inconnu A : Moi

Réponds stp !

De : Inconnu A : Moi

Écoute, j'en ai marre qu'on se parle plus tous les deux... On pourrait pas recommencer à être meilleurs cousins, comme avant ? Si je t'avais pas revu avant-hier on se serait peut-être jamais reparlé !