XVI - J'ai les résultats des analyses...

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Je mets cinq bonnes secondes à réaliser. Puis je m'écroule au sol, le dos reposant contre la porte de ma salle de bains. Je pleure pas. Ça ne servirait à rien, de toute façon.

Je me demande juste pourquoi ça m'arrive à moi, tout ce bordel.

J'ai jamais cru en Dieu. Si ça se trouve, il existe vraiment et il me punit et se venge sur moi parce que je n'admets pas son existence. Ou alors c'est le karma. Mais j'arrive vraiment pas à savoir ce que j'ai fait de mal. Et ça me tue bordel, ça me tue.

En temps normal, j'aurais hurlé. Donné des coups de pieds dans les murs, dans les portes, les meubles, tout. Mais je reste calme. Le reste suit assez rapidement.

Tiroir.

Rasoir.

Une cicatrice en plus. Et deux, et trois. Je m'arrête à cinq, parce que je commence à avoir mal.

Mais contrairement à d'habitude, la douleur physique n'arrive pas à estomper la douleur morale.

D'habitude, après deux ou trois passage du rasoir sur ma peau, j'oublie, même si ce n'est que temporaire, la plupart de mes problèmes. Mais là, ça marche pas. Je me dis que c'est peut-être parce que je me suis pas assez taillée, qu'il faut que je recommence et que ça fonctionnera.

Mais je le fais pas. Je sais pas pourquoi.

Merde.

C'est le seul mot qui résume assez bien la situation. Je me le repasse encore et encore dans ma tête, jusqu'à me donner la nausée. Je me mets de nouveau à vomir dans mes toilettes.

J'ai cru que j'étais à l'abri depuis qu'il n'était plus là, qu'il ne vivait plus avec moi. La preuve est faite que je me trompais lourdement.

Et là, juste à ce moment-là, mon téléphone fixe se met à sonner.

Je sais qui est la seule personne qui connaît mon numéro de fixe. Je sais que c'est Karen Clarke. Je me précipite dans mon salon et je décroche sans plus attendre.

« Allô ? » je murmure d'une voix beaucoup plus rauque que la normale.

« Ava ? Bonjour à toi, c'est moi, Karen... » débute cette voix que je commence à connaître.

J'hoche la tête pour montrer que j'ai compris, avant de réaliser que c'est con ce que je fais : je suis au téléphone putain.

« Oui... » je réponds alors, comme pour l'inciter à poursuivre.

« Je... j'ai les résultats des analyses qui ont été faites pour... enfin, tu vois, pour ta mère. » explique-t-elle.

Mon estomac se crispe, comme tout le reste de mon corps, en fait. Chaque parcelle de mon être est pris d'une angoisse soudaine. J'ai peur qu'il soit acquitté. Peur qu'il revienne plus tôt que prévu.

« Elles confirment ce que tu nous a dit. Les tests ADN également. Ton père prend pour six ans de prison avec ça. » continue-t-elle.

Je me détends un peu, et laisse échapper un long soupir, de soulagement. Même si six ans, c'est pas beaucoup.

« Ah... » est la seule chose que je trouve à répondre.

Je sens que ce n'est pas la seule chose qu'elle veut me dire. Je sens qu'elle hésite. Je l'entends prendre une grande inspiration à l'autre bout du fil.

« Ava, je suis vraiment désolée, mais même après avoir admis tout ça, il continue à nier le reste... » finit-elle par avouer d'un ton triste et empli de... pitié ?

Moi, je suis pas triste, et je veux pas qu'on ait pitié de moi. Je suis juste en colère. Même avec tous les efforts que je fais, je n'arrive pas à retenir mes larmes. Des larmes de rage.

« Il ment. Il ment. Il ment. » je répète.

Comme si le dire plusieurs fois allait prouver que je disais vrai. Je m'en fous, moi, que ce soit inutile, je sais que j'ai raison, je sais que je dis la vérité.

« Je sais bien, je sais bien Ava, mais... ça ne marche pas comme ça, aussi facilement, il nous faut des preuves concrètes... » continue-t-elle.

J'ai envie d'exploser de rire. Preuve concrète ? T'inquiète j'en ai une pour toi, tu seras pas déçue.

« Il faudrait que tu fasses des analyses, toi aussi. » termina-t-elle.

Cette fois c'en est trop, je me mets à rire. Mais d'un rire sans joie. Un rire jaune. Nerveux et ironique.

« Ava ? Est-ce que tout va bien ? » demande l'avocate.

Je m'arrête de rire.

« Oui oui, tout va bien... Mais je ferais pas vos analyses à la con. » je lâche.

Je peux presque l'entendre mettre sa main devant sa bouche pour cacher son expression choquée. C'est vrai que je parle mal, et alors bordel ?

« Ava, ma chérie, je me doute bien que ça ne doit pas être agréable, mais je te jure que c'est nécessaire ! Sans les preuves dont nous avons besoin, alourdir sa peine sera impossible ! Il faudrait vraiment que tu fasses ces tests, c'est primordial ! » reprend-elle d'une voix compatissante.

Je secoue la tête. C'est le deuxième geste inutile que je fais depuis le début de cette conversation. Pathétique.

« Y'a pas besoin. » je réponds.

Silence. C'est fou, même à distance, j'imagine très bien ses sourcils se froncer.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demande-t-elle soudain.

« Je suis enceinte. » je murmure.

Et là, c'est comme si je venais de réaliser. Alors je fonds en larmes, sans me préoccuper de mon avocate qui doit être en panique à l'autre bout du fil. Ou alors sous le choc, je sais pas.

« Est-ce que... mon dieu... je ne pensais pas... » balbutie-t-elle.

J'essuie mes larmes et je renifle. C'est con de pleurer, ça sert à rien, mais parfois je vous jure que ça fait un bien fou.

« Je vous jure que c'est vrai. Vous pouvez venir avec moi quand je vais avorter je m'en fous, mais s'il vous plaît, me faites pas passer ces tests à la con, je vous promets que ça vous amènera à rien de plus. » je supplie.

Elle soupire au téléphone.

« Je suis désolée Ava. C'est injuste que ce genre de choses arrive à des personnes comme toi. » souffle-t-elle.

Je chasse définitivement toutes traces de larmes de mes yeux, et inspire profondément.

« Vous y pouvez rien. C'est juste la faute de mon connard de père. » je réponds.

Puis je mets fin à la conversation en raccrochant. J'ai dit que je détestais ma vie plus que tout, il me semble ? Je retire ça.

Je déteste mon père encore plus.






Heyy !!! Comment ça va ??? Moi ça va. A part que mon PUTAIN d'ordi me fait méga chier avec des bugs, mais pas grave, je m'arrangerais. Voilà le chapitre 16, j'espère qu'il vous plaira ! Bon perso, je le trouve horrible. Mais j'aime quand même bien parce que, bah maintenant vous savez l'un des secrets les plus gardés d'Ava !! J'espère que vous aurez compris, ce n'est pas dit explicitement, mais je crois que c'est assez clair quand même... Dites-moi dans les coms si vous avez des doutes...

Bon, ce chapitre est dédié à BlueBabyMoon, merci à toi de commenter ma fic, j'espère que tu aimeras ce chap' !

Merci beaucoup à vous de lire ce que j'écris ! Vous n'avez pas idée à quel point ça me fait plaisir !!! On a dépassé les 2k vues sur cette fic, c'est juste énorme, je ne comprends vraiment pas comment c'est possible, merci à vous !!!

Je vous aime mes artichauts !!!

Mystery <3


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