XXIX - Merci quand-même Jeanine !

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PDV Ava

J'ai les larmes aux yeux. Pas parce que j'ai l'impression que ma vie n'a plus aucun sens, que j'avance seule dans les ténèbres, non. Ça je le sais depuis bien longtemps. Pas à cause de la douleur. Je n'ai pas mal, à part à mon cœur, et ça personne n'y peut rien.

Non, j'ai les larmes aux yeux à cause du vent. Le vent glacial de Brighton qui me souffle en pleine gueule depuis une heure. Une heure que je regarde passer les gens, assise sur la jetée, les mains rougies par le froid et les cheveux emmêlés.

Ils me font rire. Ils pensent pouvoir être heureux ici, tous ceux qui passent avec un sourire sur le visage, en tenant la main des personnes qu'ils aiment. Ils n'ont pas encore compris que leur vie n'avait pas de sens, que rien n'avait de sens dans ce monde pourri. Certains ne s'en rendront probablement jamais compte. D'autres le savent peut-être déjà, mais ont choisi d'ignorer puérilement la dure réalité.

Je ne peux pas. Je suis totalement incapable d'ignorer la réalité. A chaque fois que j'ai l'impression de pouvoir m'enfermer dans mon monde, m'isoler des autres et de la vie beaucoup trop injuste, tout me rattrape.

Ma vie à moi est faite pour être gâchée. Ce n'est pas un sens, non, c'est son destin, mon destin.

Le chaos, le néant, le vide.

Ce n'est pas parce que je suis trop stupide que je tombe encore et encore dans le désespoir, non. Il y'a beaucoup de choses pour laquelle je me trouve stupide, et ça n'en fait définitivement pas partie.

Par contre je suis assez stupide pour prendre un bus de chez moi jusqu'à Brighton alors qu'il fait quatre degrés Celsius, en me sentant suivie par toute la planète alors que personne ne daignerait même me regarder dans la rue, tout ça pour voir un kilo six-cent grammes de coke et un putain de flingue se noyer dans la Manche, en me répétant que Thomas ne m'en voudra pas. Oui, assez stupide pour essayer de croire à mes propres mensonges.

Assez stupide pour tenter de me persuader que je fais ce qui est bien et juste.

Ce qui serait bien et juste, en réalité, ce serait d'arrêter de me mentir à moi-même, et de sauter. Se jeter de la jetée, amusant. Malheureusement, c'est impossible. Parce que mon corps aurait le réflexe de survie qui m'empêche depuis un certain temps de tout foutre en l'air. Le réflexe de remonter à la surface, de respirer, d'alimenter mes poumons, de vivre.

Le destin, pas le sens, je précise bien, le destin veut que je continue à souffrir encore longtemps. Je l'ai appris à mes dépends, on ne choisit pas notre destin.

Je ne pense même pas qu'on puisse l'éviter, le contourner. J'ai essayé, de toutes mes forces, j'ai essayé. Encore et toujours sans résultat.

Et c'est peut-être aussi pour ça que je me déteste autant.



PDV Thomas

« Alors je retourne chez mes parents pendant deux semaines. » termine Enora.

Wow. Cette fille a certainement l'histoire la plus délirante que j'ai jamais entendue. Même plus délirante que c'elle d'Ava.

Durant les quatre dernières heures, elle m'a tout raconté à propos de sa « vie nulle » comme elle dit. Bon, j'avoue, moi aussi j'ai énormément parlé. Mais cette gosse est , une vraie chieuse au début, mais gentille et compréhensive, quand on creuse.

ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant