Shadows

XIX - Il n'est pas revenu...

« Excusez-moi... Vous êtes bien Ava O'Brien ? »

Je reste muette un moment. Y'a que Dylan qui m'appelle comme ça.

« Lloyd. » je rectifie. « Ava Lloyd. »

J'entends quelques bruit de l'autre bout du fil, comme si la personne qui m'appelait se trouvait près d'une route.

« Mais vous êtes bien la cousine de Dylan ? » continue la voix.

« Je... Oui... Et vous êtes... ? » j'interroge, incertaine.

Je vois Thomas arriver dans la pièce. Il a l'air un peu paumé. Je le comprends. Moi aussi je suis paumée.

« Je m'appelle Britt. Dylan et moi, on sort ensemble depuis deux ans... » explique la fille.

« Ah » est la seule chose que je trouve à répondre. J'étais pas au courant.

« Hier soir Dylan est parti, mais il n'est pas revenu... » commence la dénommée Britt.

Et elle s'arrête, étouffée par un sanglot. Mais elle n'a pas besoin d'en dire plus. Je sais ce qui s'est passé. Bordel Dylan, t'es vraiment con.

« Est-ce qu'il va bien ? » je demande, parce que maintenant c'est tout ce qu'il m'importe de savoir.

Savoir si cet enfoiré lui a fait du mal. Thomas lève la tête vers moi à l'entente de cette phrase, intrigué.

« Il est à l'hôpital. » sanglote la copine de mon cousin.

Je serre mon poing jusqu'à ce que mes articulations ressortent, d'une couleur blanche. Il lui a fait du mal. Et c'est encore de ma faute.

« Ecoutez, il ne va pas trop mal, vraiment, mais il vous a réclamée alors je me suis permise de... » poursuit-elle, mais encore une fois sans finir sa phrase.

« J'arrive. »

C'est tout ce que je réponds avant de raccrocher.

« Il se passe quoi ? » questionne Thomas.

Rien du tout. Il se passe juste que mon cousin, ou le seul membre de ma famille qui me reste est à l'hôpital, et que le seul ami que j'ai réussi à me faire en deux ans à failli m'embrasser il y'a quelques minutes. Et le pire, c'est que j'aurais aimé ça. Wait... what ? Je n'ai pas dit ça.

« Rien du tout, je dois sortir. » je rétorque, peut-être un peu trop froide.

Je ne comprends pas son geste de tout à l'heure. Il voulait me déstabiliser ou comment ça se passe ? Si c'est ça, il a réussi ce con.

J'attrape ma veste accrochée à son porte manteau et j'ouvre la porte d'entrée dans le but de sortir, mais il me retient par le bras.

« Quoi ? » je demande, en essayant de me débattre.

« Dis-moi ce qu'il se passe ! » insiste-t-il.

« Mais rien, merde ! » je rétorque.

Je sais que je suis complètement cramée, mais honnêtement je m'en fous. Alors je me mets à chialer comme une gamine. C'est à peu près tout ce que je sais faire, de toute façon. L'expression de son visage s'adoucit.

« S'il te plaît, dis-moi. » chuchote-t-il.

Je le regarde dans les yeux. J'aimerais lui dire. Mais non. Je lui mords le poignet et il lâche un cri, en même temps que mon bras. J'en profite pour sortir rapidement de chez lui et dévaler les escaliers.

Je me retrouve dehors, presque agressée par le froid glacial qu'il fait dehors. Je frissonne. Il faisait pas aussi froid tout à l'heure.

Je sais exactement où se trouve l'hôpital, j'y suis déjà allée plusieurs fois. Je me mets à marcher plutôt vite, et en même pas un quart d'heure je suis là-bas.