Chapitre 9 : Gouffre

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Non, c'est pas possible. Dites-moi que je suis en train de rêver, là.
Cela faisait une bonne minute que je m'étais figées sur place et observais le spectacle à la fois surprise, choquée et dégoûtée.

- Papa...

Pourquoi? Pourquoi faire ça à maman...?

Après quelques secondes je retournai sur mes pas avant qu'ils ne me voient. Je repris lentement la route de la maison, des images plein la tête. Bientôt, il se mit à pleuvoir en abondance mais je m'en préoccupais guère. Mes vêtements se trempaient, mes livres s'humidifiaient mais je continuais de marcher lentement. Qu'étais-je censée faire après avoir vu ça ? Le dire à maman et la voir tomber malade de chagrin? Rien que d'y penser une haine féroce envers mon père se développa au plus profond de moi-même.

Sans m'en rendre compte la nuit était tombée lorsque j'arrivai enfin au domicile familiale. Il n'avait pas cessé de pleuvoir. Frigorifiée, je tremblais comme une feuille. A peine eu-je le temps de tourner la poignée de la porte que ma mère apparut devant moi. Les phrases qu'elle déballait était comme un bourdonnement pour moi.
J'étais pâle et mes pupilles étaient dilatée. Cet ensemble d'indices ne passerait pas inaperçu auprès de Claire mais je me devais de rester...naturelle. Je ne pouvais pas lui dire... Pas maintenant, pas comme ça.

- Mon Dieu Raika, va vite te changer. Tu vas tomber malade. Regarde tu es pâle comme un linge. Pourquoi tu ne dis rien ? Raika!

- ...ç-ça va...J'ai rien...Répondis-je en obligeant les muscles de mon visage à former un sourire.
- Tu en es sûre? Monte te changer je vais te préparer un bol de chocolat chaud.
- Tu sais quand papa va rentrer ?
Demandai-je soudainement .
- Il a dit qu'il reste travailler tard sur un dossier.

Un dossier, hein? Enfoiré...

Sans un mot de plus je montai les marches de l'escalier pour aller directement me changer dans ma chambre.
Une fois sèche j'avais enfilé un grand tee-shirt et un short. Ma mère était venue m'apporter une tasse de chocolat et prendre au passage ma température. Je réussis à la convaincre que j'avais eu une journée chargée et donc que j'avais besoin de repos.
Quand je fus seule je me mis à réfléchir. Mon cœur était lourd. Je ne pouvais décemment pas garder ce secret pour moi. Cela me donnerait l'impression d'être complice de cet homme que j'ai du mal à considérer comme mon père...
Je fis défiler alors les contacts sur mon portable, les yeux humides et reniflant de temps à autre. Mirajane ? Non...Erza?...Non...Cana...C'était ma meilleure amie à présent mais je ne sais pas. Je pense qu'elle ne comprendrait pas. Natsu non plus ne comprendrait pas. Que pourraient-ils faire de toute façon?

C'est donc recroquevillée sur moi-même et bousculée par les images de cet après-midi que je passai la nuit.

Le lendemain il ne pleuvait plus mais le temps restait couvert. C'était à croire que la météo pouvait illustrer mon humeur en ce moment.

Quand je fus prête je descendis manger un bout et là je tombai sur mon très cher père en train de finir son café. Il semblait très pressé.
Je m'installai sans un mot à la table et ma mère vint me servir une tartine et un verre de jus. Je la remerciai tout en observant papa.

- Quoi? Pourquoi tu me regardes comme ça ? Demanda t'il alors nos regards venaient de se croiser.
- Pour rien...

Et il se leva, récupéra son dossier puis partit.
Je soupirai puis allai laver mon verre et m'approchai de ma mère qui s'obstinait à me tourner le dos. Je n'avais pas besoin de la voir pour savoir qu'elle pleurait ...encore.

- Je t'aime...Murmurai-je en lui embrassant la tempe puis je m'en allai.

Sur le trajet je ne croisai aucune connaissance. De toute façon je ne voulais voir personne. Pas maintenant.

En arrivant à l'académie je repérai énormément d'agitation dans les couloirs ainsi que des éclats de voix.
Je me rapprochai piquée par la curiosité. Une fois à l'intérieur je vis une énorme foule d'élèves tassée dans le couloir donnant sur les casiers. Ils avaient sorti leur portable pour je ne sais quelle raison et lorsqu'ils me virent ceux-ci s'écartèrent et tournèrent leur appareil vers moi.

- Que...

Arrivée au centre du spectacle je compris enfin l'objet de tout ce brouhaha. Des dizaines, non, des centaines de photos de moi, nue, étaient placardées sur tous les casiers et jonchaient le sol. Il ne me fallut que quelques secondes pour reconnaître l'endroit où la photo avait été prise.
C'était dans les vestiaires avec Lucy...
Quand le cliché a été prit j'étais en train de l'enlacer par derrière. Lucy avait été assez flouté pour ne pas être reconnue contrairement à moi. Le salaud qui avait fait ça avait fait en sorte qu'on reconnaisse mon visage et qu'on voit mon corps avec la plus grande netteté.

Je continuai de regarder quelques instants ces photos puis je me mis à les arracher des casiers avec une détermination effrayante. Je bouillonnais littéralement de rage. Je me sentais humiliée, honteuse, perdue, triste....Toutes ces émotions qui faisaient surface n'allaient pas tarder à exploser.

Raika Bluemoon [ Fairy Tail school]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant