Chapitre 15: sablier

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Depuis que j'avais appris la nouvelle tout me paraissait gris et froid. Après une nuit de repos ma mère avait fini par quitter l'hôpital. Elle refusait de se laisser dépérir dans cet endroit.
Plus le temps passait moins elle avait d'énergie pour faire ses activités habituelles comme aller à sa boutique ou préparer de bons petits plats.
Il m'arrivait de la surprendre appuyée contre meuble, épuisée par le simple fait de faire le ménage et quand elle me remarquait elle me souriait en m'affirmant que tout allait bien.  
Elle insistait chaque jour pour que j'aille à l'école et me concentre sur mes études. J'y allais pour lui faire plaisir mais j'avais tellement peur de la laisser une minute. A chaque fois qu'une heure passait j'appelais à la maison pour avoir de ses nouvelles.
Une fois quatre sonneries s'étaient écoulée avant qu'elle décroche, pendant ce laps de temps j'eus l'impression de suffoquer. J'étais à deux doigts de la crise d'angoisse. 
Novembre se termina et décembre arriva. Je n'avais plus goût à rien. 
Mes amis essayaient de me soutenir mais je m'éloignais d'eux. J'avais besoin d'être seule. 
A la cantine je mangeais avec eux mais je ne participais pas à leurs conversations. 
Minerva, qui ignorait la raison de mon manque de répondant prenait son pied niveau vengeance mais il y avait toujours une jeune femme aux cheveux flamboyants pour la remettre à sa place. 

La fin de la semaine arriva.

Lundi il y aura la sortie scolaire que tout le monde attendait. 

- Au fait Minerva. Tu vas à la sortie ?
Demanda une des filles à la chef des emmerdeuse qui passait derrière moi tandis que je récupérais mes affaires dans mon casier. 
- Bien sûr, qu'est-ce que tu crois ?En plus il paraît qu'il y a de supers beaux garçons à la station. 

Elles rigolèrent toutes les deux puis disparurent dans un couloir. 
La sortie avait lieux une semaine avant Noël alors inutile de préciser que nous étions officiellement en vacances. 

- Tu vas à la sortie ? 

Je fermai mon casier et tombai nez à nez avec Sting. 

- Tu connais la réponse, Sting. Je ne peux pas partir m'amuser et la laisser seule. 

Je me mis à marcher en direction de la sortie et celui-ci se mit à me suivre. 

- Je comprend mais...
- Non tu ne comprends pas ! Tu ne comprends pas que j'ai peur de la quitter des yeux quelques secondes et réaliser qu'elle n'est plus là ! Je ne suis pas prête pour ça Sting....
Avouai-je la gorge nouée.

Mes yeux s'humidifièrent mais aucune larme ne coula. 
Sting plongea ses yeux dans les miens et je vis de la tristesse dans son regard. 

- Je te le répète. Je comprend...Je comprend ce que tu ressens parce que je suis passé par là. J'ai perdu mes parents dans un accident de voiture. Je n'avais que dix ans à l'époque. Moi non plus je n'étais pas prêt. La mort était la chose la plus abstraite au monde pour moi jusqu'à ce jour. 

Il passa une de ses mains sur ma joues et je fus à deux doigts de craquer.

- Mais te laisser aller ainsi ne l'aide pas Raika. Tout ce que tu réussis à faire c'est la rendre malheureuse. Je ne te dis pas de faire comme si rien ne se passait mais essais de l'aider avec ton sourire. 

Il me proposa ensuite de me déposer chez moi et j'acceptai. Pendant tout le trajet je méditais ses paroles. Il avait raison mais c'était impossible pour moi. Je n'avais pas la force de sourire. Une fois arrivée je remarquai que de fines gouttes de pluie humidifiaient l'air. 
Je dis au revoir à Sting puis j'entrai rapidement à l'intérieur de la maison. 

- Maman ? Appelai-je tout en me débarrassant de mes converses. 
- Dans la salle de bain ma puce. J'arrive dans dix minutes. 

Je montai dans ma chambre et en profitai pour me débarrasser de mon sac de cours. 
Je m'installai sur mon lit et me mis à feuilleter mes devoirs de vacances. C'est à ce moment que ma mère en profita pour entrer. Elle était frêle dans son sortit de bain et les cernes sous ses yeux s'étaient encore creusés. Ses cheveux, humides, tombaient sur ses épaules comme une rivière chocolaté. 

- Tu as passé une bonne journée ? 
- Oui...J'ai eu dix-sept au devoir de littérature. 
- C'est très bien. 


Elle s'assit près de moi puis m'obligea à fermer mon livre de science et prit mes mains dans les siennes. 

- Il faut que je te parle de ton père. 
- Il n'a rien a dire sur lui. Il fait semblant de se soucier de nous et...
- Ce n'est pas de lui dont je parle...Je parle de ton vrai père Raika. 


Je la regardai incrédule. 

- Mais je croyais...
- J'ai changé d'avis. Tu as le droit de savoir certaines choses sur lui...surtout maintenant. 


Elle inspira puis serra un peu plus ses mains autour des miennes : 

- Ton père s'appelle Dante Ross. Il est actuellement au centre pénitencier de la ville voisine. 
- En prison. Mais qu'est-ce qu'il a fait ? 
- Je ne sais plus trop je crois qu'il a été arrêté pour vol...


Je dégageai mes mains des siennes et détournai le regard. 

- Quand tu as eu un ans j'ai voulu dire toute la vérité. J'ai voulu le retrouver et lui dire qu'il avait une fille mais quand j'ai appris ce qu'il a fait et où il était j'ai renoncé. Je ne voulais pas que tu grandisses ainsi. J'ai donc continué de cacher la vérité. Il ne sait pas que tu existes . 
- Est-ce que...Est-ce que c'est l'homme qui pose sur la vieille photo que tu caches dans ta boite à bijoux et que j'ai trouvé lorsque j'avais six ans ? 
- Oui...

- Pourquoi est-ce que tu as gardé une photo de lui ? 
- Parce que j'ai réalisé que je l'aimais toujours. Après tout ce qui s'est passé je l'aime toujours . Plus tu grandissais plus je le voyais à travers toi...

- Maman...
- S'il te prend l'envie d'aller le rencontrer je ne serai pas fâchée. 

Elle caressa mes cheveux en souriant puis décida de changer de sujet: 

- Bon ! Tu es prêtes pour la sortie à la montagne ? 
- La sortie ? Comment ? 

- J'ai trouvé le mot sur ton bureau. Tu y vas toujours, n'est-ce pas ? 
-  Je...Non..Je pensais rester à la maison...
- Pourquoi ? Tu n'as jamais été à la montagne et encore moins avec ta classe. 
- Il y aura d'autres moments... 

- Raika . Fais-moi plaisir vas-y . Amuse-toi . 

Je la regardai puis souris malgré moi. 

- Je n'aurai jamais cru qu'un jour tu m'obligerais à m'amuser. 
- Il faut un début à tout ! Allez va te préparer on va faire du shopping ! 

Je me levai et enlaçai ma mère . 

- Je t'aime maman. 
- Moi aussi. Maintenant file !

Je lui embrassai le front puis quittai la chambre comme une tornade, le sourire aux lèvres. Pour la première fois depuis plusieurs jours l'inquiétude prenait une place secondaire dans mon cœur . 


Raika Bluemoon [ Fairy Tail school]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant