Chapitre 11: miroir brisé, mon vrai visage

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Je courais encore et toujours plus vite. Que pouvais-je faire d'autre de toute façon? Je voulais fuir cette vérité mais elle me faisait trébucher à chaque mètres. Les personnes que je croisais me regardaient sans comprendre. Par deux fois je faillis me faire renverser par des taxies car je n'avais pas regardé avant de traverser. La pluie s'abattit sur moi, cinglante et froide. Des larmes salées se mêlèrent à cette eau tombée du ciel. 
Je courus un moment avant de me retrouver devant une porte. J'hésitai quelques secondes. Je ne savais plus où aller. J'étais incapable de raisonner correctement. Désespérée, je frappai deux coups bref et quarante seconde plus tard Cana vint m'ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle me vit sur le pas de sa porte, perdue, trempée et tremblante. 

- Raika ?! E-entre, qu'est-ce qui t'arrive ? Dis quelque chose. 
- Cana ma puce c'était qui ? 
- Une amie, t'occupe pas ! Lança t'elle à son père qui était flic. 

Celui-ci était en train de jouer aux cartes dans la salle à manger avec d'autres personnes. 

Cana prit mon sac puis me fit monter dans sa chambre. Elle était décorée simplement avec rien qui ne puisse dire ce qu'elle aimait en particulier comme sport, célébrité, etc. La seule chose qui trônait fièrement sur son bureau était une bouteille à moitié vide de whisky. 
Mon amie me fit asseoir sur son tapis ultra doux et entreprit de me sécher puis de me trouver des vêtements secs. 

- Raika. Il s'est passé quelque chose chez toi ? Hé parle moi tu me fais peur ! 
-  Je les déteste, je les déteste...
Me contentai-je de marmonner en boucle pendant un instant. 

Sans m'en rendre compte Cana avait enlevé mes vêtements sans problème. C'était comme si elle avait l'habitude de gérer les cas désespérés comme moi. C' était donc en sous-vêtement mais une couverture chaude sur les bras que je me tenais toujours assise par terre le dos appuyé contre le bord du lit. 
Lorsque je fus un peu calmé Cana reprit son interrogatoire. Je lui répondis par phrase courte car j'étais soudainement très fatiguée. 
En rassemblant les phrases unes à unes elle comprit finalement ce qui s'était passé. 

- C'est dingue ça ! On dirait une vieille série de télé novela. 
- Cana ? 


Son père ouvrit la porte et nous observa toutes les deux par terre. Il s'attarda quelques instants sur mon visage puis se risqua à demander. 

- Est-ce que tout va bien ? 
- Je t'ai déjà dit plusieurs fois de ne pas ouvrir la porte comme ça. Et oui tout va bien, Raika passe la nuit ici. 

- Ses parents sont au courant. 
- Bien sûr ! Maintenant retourne à ton jeu de carte.
Mentit t'elle. 
- Mouais. 

Il récupéra la bouteille d'alcool puis quitta la chambre. Son père était loin d'être idiot mais si sa fille pensait pouvoir gérer ça il lui faisait confiance. 
La brunette me regarda quelques secondes. Elle semblait tellement triste pour moi que cela me mit mal à l'aise et je détournai le regard légèrement agacée. 

- Je vais te chercher quelque chose à manger je reviens. 

Sur ces mots elle s'en alla dans la cuisine. 
Seule dans la chambre j'écoutais les gouttes de pluies s'écraser contre la fenêtre. Peu après ce fut au tour de l'orage de gronder et aux éclairs d'éclairer le ciel. 
D'un geste lent j'attrapai mon portable. Etant donné qu'il était en mode silencieux je ne remarquai pas que ma mère m'avait appelée une bonne dizaine de fois mais qu'il n'y avait aucun appel de mon père, non mon géniteur...non plutôt l'inconnu qui squatte ma maison . 
A cet instant je ne savais pas qui détester le plus entre ma mère et...Lui. Au final je me mis à me détester, à détester cette vie, toutes ces personnes qui vivaient simplement, ces gens qui inventaient  des histoires où le héros subissait tous les problèmes possible et imaginable alors qu'ils étaient tranquillement assit dans leur canapé, les pieds en éventails. Ils aiment décrire des sentiments inconnus pour eux. Ce sont tous des menteurs, des pourris gâtés. 
Perdue dans mes pensées sombre je ne remarquai même pas mon téléphone en train de sonner. La tête de Sting en mode beau gosse était affiché dessus: à quel moment avait-il trafiqué mon téléphone ? 
Il n'empêche que je le regardai sonner quelques instants puis refusai l'appel. Je ne voulais pas lui parler...
Cana revint au bout de trente minutes avec un bol contenant des paquets de chips, des canettes de soda, de la bière, des bonbons, des petits gâteaux... Enfin tout ce qu'il faut pour mourir de manière ridicule avec toutes ces cochonneries. 
Nous nous installâmes, elle éteignit la lumière et regardâmes plusieurs films comme : FBI Fausse Blonde Infiltrée, Kiss and Kill et le début d'un manga dont je ne me rappelais plus le nom. Il parlait de mage de feu, de glace etc. Instinctivement je les associais à certains de mes amis. 
Il était donc minuit passé lorsque je m'endormis enfin au côté de mon amie. 


Le lendemain je ne me sentais pas mieux...C'était même pire. Dire que j'avais le cafard était un terme trop léger dans mon cas. 
En me regardant dans le miroir de Cana, j'eus l'impression que celui-ci allait se briser tant ma face était horrible. J'avais des cernes et mon maquillage noire avait accentué ceux-ci en coulant. 
Comme je n'avais pas mon uniforme et que ceux de Cana était trop grand pour moi elle me passa un jean et un débardeur trop petit pour elle. Elle m'offrit aussi un sweat à capuche trop grand pour moi mais ça me plaisait. J'avais l'impression de pouvoir me cacher entièrement du monde si je le souhaitais. 
C'est ainsi que nous partîmes alors en direction de l'académie. Sur le trajet on ne s'adressa pas la parole. J'étais comme enfermée dans ma bulle en train de ruminer encore et encore les mots de mon ancienne famille. Lorsque nous arrivâmes j'évitai volontairement Natsu, Erza qui voulait me passer un savon parce que je n'avais pas mon uniforme et Grey. 

Raika Bluemoon [ Fairy Tail school]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant