0 0 | Similaire dissemblance

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l u m o s


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Similaire dissemblance



Hermione lisait. Son manuel de sorcellerie était comme de coutume appuyé contre un pichet de jus de citrouille frais, sa fragile couverture s'imprégnant petit à petit de l'humidité du récipient. Par habitude sans aucun doute, Hermione lisait beaucoup. Même encore à sa septième année à Poudlard, elle ne faisait que cela. Ce soir-là d'ailleurs, elle dévorait des mots à la place de son dîner et le vide désespérant dans son assiette ne la faisait tiquer pour rien au monde. Ron, qu'une telle inattention affligeait, se chargea lui-même de la lui remplir à grands coups de louche de tout ce qu'il jugeait être suffisamment comestible. Avec une expression réjouie, il fit glisser des couverts et le résultat juste sous son nez : une montagne de bouillie informe qui donnait l'air d'avoir été recrachée par un Scroutt à Pétard. Hermione planta sa cuillère à l'aveuglette dans ce qu'elle croyait être de la purée, et enfourna une première bouchée sans broncher. Une poignée de secondes s'écoula avant qu'elle ne vomisse la chose sur-le-champ, sous le rire éclatant de quelques élèves qui avait assisté à la scène. La désignant du bout de sa fourchette, Ron se permit une remarque qu'elle sentit arriver à des kilomètres :

- Ton charme m'étonnera toujours autant.

Il engloutit sa saucisse, appuyant sa remarque d'un sourire goguenard.

- Personne ne t'a obligé à regarder, Ronald, répliqua Hermione d'un ton sec.

Elle nettoya son plat d'un coup de baguette magique et remplaça la mauvaise blague de Ron par une plâtrée de légumes et un morceau de hareng, le menton relevé.

- Ah parce que c'est Ronald maintenant ? questionna soudain ce dernier dans un froncement de sourcil. J'ai l'impression d'entendre maman me réciter un de ces éternels sermons. Depuis quand tu as décidé de nous imposer ton instinct maternel ?

- Depuis que monsieur a décidé de m'importuner dans ma lecture avec ses plaisanteries de bas étage, voilà depuis quand ! Tu crois que je ne t'ai pas vu faire un clin d'oeil à Seamus ?

- Dans ce cas, pourquoi tu as piqué dans l'assiette si tu savais que c'était une blague ?

- Ferme-la Ron. Harry, s'il-te-plaît tu m'écrases le pied.

En effet, assis en face d'elle et le regard dans le vide, Harry Potter venait littéralement de lui enfoncer le talon de sa chaussure sur ses pauvres et innocents orteils.

- Oups, pardon Hermione ! Je croyais que c'était la table.

Celle-ci balaya l'excuse d'un sourire forcé et se remit à manger avec frénésie.

- En fait je pensais à Voldemort, continua-t-il sur cette même lancée.

- Harry mon vieux, chuchota Ron qui se tourna vers lui avec une grimace et en cachant une partie de son visage. Tu ne peux pas parler de ça à haute voix comme ça... reprit-il sur un ton de reproche (il désigna leurs voisins de tables d'un haussement de sourcils).

Mais aucun des élèves dans la Grande Salle n'avait levé le nez de son dîner, tendu l'oreille ou mit fin à l'une des conversations qui allaient bon train, et Harry ne prêta donc pas la moindre attention à l'avertissement de son meilleur ami. Hermione s'était contenté à l'évocation du Seigneur des ténèbres d'un soupir qui traduisait aisément sa lassitude. Le disque était rayé.

- C'est rageant d'imaginer ce qu'aurait été la vie sans sa sale figure de serpent et tous ses chiens meurtriers collés à ses basques, marmonna le Survivant en mélangeant sa purée sans grande conviction.

Détracœur | dramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant