0 3 | Mensonges à la pelle

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l u m o s


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0 3

Mensonges à la pelle 


Hermione n'était définitivement pas de ces filles qui avaient la côte auprès des garçons, celles qui se déhanchaient dans les couloirs telles des divas, qui offraient à tout va une vue sur leur décolleté plongeant et s'intéressaient de bien plus près à la marque de leurs sous-vêtements qu'à leurs parchemins à demi remplis. Hermione était une fille si banale qu'elle en paraissait transparente ; personne n'osait approcher ses cheveux dressés sur son crâne à la manière d'un feuillage désordonné, ni ses cernes à concourir avec ceux de Lupin, ni même son regard vitreux, et encore moins ces mains qu'elle crispait avec tant de force sur son manuel de Sortilèges. Elle restait aux yeux de tous la miss-je-sais-tout studieuse et envahissante qui finirait vieille fille, dans un appartement peuplé d'un grand nombre de chats orange.

Pourtant elle ne cauchemardait pas, il y avait bien ce matin-là quatre paires d'yeux rivés en sa direction. Celui du fameux Serdaigle ne l'étonnait bien évidemment plus autant, mais se rendre compte d'être également la cible visuelle de Théodore Nott, Blaise Zabini et Drago Malefoy tout à la fois relevait de la pure folie. Hermione se retourna afin de s'assurer qu'ils ne fixaient pas plutôt quelque chose dans son dos mais le mur nu lui fit face. C'était donc bien elle que ces quatre jeunes hommes harcelaient du regard. Elle eut même droit aux petits yeux porcins de Pansy, exorbités sur elle ; cependant elle leur donnait une toute autre raison car ils lui envoyaient autant de haine et de jalousie que possible. Elle posa son livre bien à plat sur la table du petit-déjeuner et se mit à saler son plat avec un air un peu éberlué, si bien qu'elle ne comptait plus combien son repas allait être infect. Peut-être Malefoy avait-il tout raconté de leur escapade nocturne à ses amis, ce qui expliquerait leur comportement à tous (excepté le Serdaigle, ses motivations à lui étaient bien visibles...) ? Hermione doutait fort, mais c'était la seule explication plausible.

- Ça va Hermione ?

La Griffondor posa la salière, les yeux dans le vide.

- Oui, Ron, ça va très bien, répondit-elle avec une mollesse dans la voix.

- Non, ce n'est pas Ron c'est oncle Harry à l'appareil, informa celui-ci d'un ton compatissant.

Cette indication la réveilla de sa torpeur et lui fit rendre compte à quelle hauteur dans les nuages elle se trouvait.

- Oui... Harry, corrigea-t-elle avec faible sourire. Pardon, je suis très fatiguée en ce moment.

- Je m'en doute, plaignit Harry qui se servit un bol de délicieux porridge. Avec les rondes de préfets tard dans la nuit, tes devoirs et tout le baratin... il y a de quoi être au fond du gouffre.

« Tu n'imagines pas le pire... » voulut-elle lui répondre, sa pensée dirigée vers Malefoy et ses harcèlements. Mais elle se contenta d'un nouveau sourire et attrapa sa cuillère pour commencer à manger. Comme si la scène de la veille au dîner se reproduisait, Hermione recracha ses œufs brouillés au milieu de son assiette, la bouche tordue par le dégoût, en songeant à quel fou rire Drago Malefoy et ses copains auraient eu affaire s'ils avaient assisté à la scène (ce qui était sans nul doute le cas, mais elle n'eut pas le courage de lever sa tête vers la table des Serpentard pour le vérifier). De toute manière, Ron se chargea de prendre le relais en la voyant essuyer la bave qui coulait de son menton.

Détracœur | dramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant