Trente et un

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Le reste de la journée s'écoule incroyablement lentement. Je ne tiens pas en place et me force à rester calme afin de ne pas éveiller l'attention des adultes. Allie, contrairement à moi, est très excitée. Mesure-t-elle seulement la gravité de la situation?
J'en doute.

Le couvre feu sonne enfin. Soulagée, je me glisse dans mon lit et règle mon réveil sur 2h15. J'ai pris soin de superposer des T-Shirts et des pulls pour ne pas surcharger inutilement mon sac, si bien que j'ai vite très chaud sous mes draps. Allie éteint la lumière et s'oriente jusqu'à son lit grâce à la lumière bleutée de son téléphone. Elle chuchote:

- A tout à l'heure! Tu peux même pas imaginer à quel point j'ai hâte!

Cette impatience me fait frissonner.

- Tu as prévenu les autres que je venais?, ajoute-t-elle une fois dans son lit.

Mince!

- Euuh... T'inquiètes pas, j'en prends la responsabilité. Allez, il faut dormir maintenant.

La lueur de son écran danse encore quelques instants dans l'obscurité avant de s'éteindre définitivement. J'entends le froissement des draps, la respiration encore agitée d'Allie puis, au bout d'un moment un souffle plus régulier. J'en conclus qu'elle dort.

De mon côté, je suis incapable de fermer l'œil. Les questions se bousculent dans ma tête et l'anxiété me paralyse. Je me tourne et me retourne sans parvenir à m'endormir. Cette angoisse me fait penser aux veilles de rentrées où je restais éveillée des heures et des heures dans mon lit sans trouver le sommeil. Je gardais les yeux grands ouverts, imaginant avec inquiétude ce qui allait se produire. Je me demandais si, cette année, on me remarquerait, on s'apercevrait de ma présence. J'étais toujours déçue le lendemain. Je redoutais aussi les critiques de mes anciennes amies Ellie et Victoria, leurs : "Oh, Anna, tu t'es achetée un nouveau pull! Il ne te va absolument pas, tu sais? Et cette couleur..."

Comment ai-je pu rester amie avec elles aussi longtemps?

Finalement, je sombre dans le sommeil, laissant ainsi cette interrogation sans réponse.

Bidibidip! Bidibidip!

L'affreuse sonnerie de mon portable me réveille, et m'arrache du pays des rêves, à ma plus grande déception. Jusqu'à ce que je réalise ce que nous nous apprêtons à faire. L'appréhension me prend alors à la gorge et je m'efforce vainement de la repousser. Je me lève, pantelante et secoue l'épaule d'Allie qui ronfle doucement.

- Debout.

Mon amie gémit et finit par ouvrir les yeux. Elle se redresse brusquement et s'exclame:

- C'est l'heure!

- Chuuut!

Je plaque la paume de ma main contre sa bouche.

- Mmmh, grogne-t-elle.

Je retire ma main et elle marmonne:

- Rhooo, c'est bon.

- Couvre-toi, dis-je simplement.

J'allume la lumière de la salle de bain et jette un dernier coup d'œil à mon reflet. J'attache mes cheveux et boit un peu d'eau. Je ressors et trouve Allie en train de fourrer des oreillers sous ses couvertures. Je fais de même.

- 2h50! Il est temps d'y aller.

J'acquiesce, empoigne mon sac et emboîte le pas de mon amie. Une fois sur le seuil, je balaie du regard la chambre. Allie a décollé seulement trois photos du mur, cette joyeuse ambiance va me manquer. Le cœur serré, je referme la porte et m'éloigne dans le couloir.

Les SurnaturelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant