Chapitre 12

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Enora sortait de la salle de bain lorsque des grondements proches de rugissements animaux lui parvinrent accompagnés d'un petit cri joyeux. Inquiète et intriguée, elle se précipita dans le salon et là, se pétrifia instantanément. A vrai dire une statue n'aurait pas été plus expressive qu'elle à ce moment précis. Son cœur fit une série de bond tous aussi douloureux l'un que l'autre en avisant la silhouette dont elle avait aimé chacun contours et chaque reliefs.

Elle sentait son âme hurler de bonheur, son corps se tendre malgré elle vers lui. Horrifiée par son indéniablement manque de contrôle, elle se mordit la lèvre, résistant autant qu'elle le pouvait à l'appel de ses sens. Elle refusait de plier sous la chaleur l'irradiant, elle se détestait de ressentir encore cet émoi en face de lui.

Or tout ce qu'elle se haïssait d'être était là, visible dans les yeux d'Aydan. Voir son propre reflet dans le regard de cet homme à qui elle avait tout donné, lui faisait toujours aussi mal qu'autrefois. Elle était incapable de faire abstraction du passé, surtout aujourd'hui, car ce passé se manifestait avec un dix-mois de retard.

Ignorant le regard de braise qu'Aydan posait sur elle, Enora détourna la tête en redressant fièrement le menton. Ce n'était pas demain la veille qu'elle céderait de nouveau à son charme, ni même qu'elle lui sauterait dans les bras. La rancoeur qu'elle nourrissait envers lui était bien trop puissante pour se laisser aller à des rêves n'ayant plus de place dans sa vie.

Tout ce qui lui importait désormais était son fils, de le retrouver et de le mettre en sécurité et ce sans qu'Aydan n'ait son mot à dire. Awen avait une mère, pas de père, Aydan avait perdu ce droit en l'abandonnant comme le lâche qu'il était.

Elle fit un pas en avant, porté par une colère sourde à l'encontre de son frère, ce traitre qui l'avait trahi une fois de plus. Décidément, elle ne pourrait jamais lui faire confiance. Elle s'arrêta devant lui, soutenant son regard sombre luisant d'un éclat moqueur mêlé d'un soupçon d'appréhension. Kier angoissé ? Elle devait sûrement se tromper.

-         Tu as deux minutes pour m'expliquer la raison de ce coup bas, ensuite tu emmèneras ton nouvel ami hors de chez moi et tu n'y remettras plus jamais les pieds ! Fit-elle d'un ton aussi calme et détaché que possible.

-         Ne monte pas sur tes grands chevaux Eno, grommela Kier.

-         Le temps passe et ma patience atteint ses limites.

Kier grimaça et baissa les yeux tel un enfance prit en faute.

-         C'est moi qui ait insisté pour qu'il me conduise chez toi mo ghrà, intervint Aydan en tendant la main vers la jeune femme.

Un pincement déchira la poitrine d'Enora sous cette appellation. Ce salaud savait toujours manier les mots à son avantage, seulement, ils n'avaient plus cet effet dévastateur sur elle. Chaque jours durant dix-huit mois, elle avait nourrir sa rancoeur, n'oubliant jamais les mots blessants, ni même la cruauté de cet homme. Il avait piétiné son cœur, jeté son amour aux orties par orgueil, alors pas question de se laisser reprendre au piège.

-          Donne-lui une chance de s'expliquer, tenta brusquement Kier en le regrettant aussitôt.

Parfois, il se maudissait de ne pas savoir fermer son clapet lorsque c'était nécessaire. Enora serait folle de rage et doublement.

Elle tourna le dos à Kier non sans lui avoir lancer un long regard emplie de souffrance. Une fois de plus, il avait failli à ses promesses et pourtant, il était incapable de regretter cela. Certes, il n'était pas parfait et encore moins blanc comme neige mais à son humble avis, St James avait le droit de connaître l'existence de son fils et il se ferait assassiner de penser cela, de faire parti de la vie de son enfant.

Sombre Héritages-3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant