Chapitre 44

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La douleur, elle avait grandi avec elle, apprenant à la contrôler, à la refouler très loin dans une partie de son être dont elle refusait obstinément d'ouvrir la porte. Nonobstant, celle-ci était différente de celles éprouvées lors des séances de torture dont elle avait fait l'objet entre les mains de Caïtria.

Cette souffrance là, la rongeait de l'intérieur tel un acide prenant tout son temps pour la réduire en un tas de chair sanguinolent. Or, le plus étrange était le fait qu'Aydan ne l'avait pas tué. Il savait pourtant que le seul moyen de détruire un Atridès était de séparer sa tête de son corps et avec ses crocs, il aurait pu aisément le faire dès la première seconde.

Bien sûr, elle se remettrait de ses blessures et cela prendrait plusieurs jours, à moins qu'il ne décide d'abréger sa vie, peut-être jouait-il avec elle ? Peut-être lui laissait-il le loisir de croire qu'il la garderait en vie comme le faisait un chat en serrant une souris entre ses griffes.

Toutefois, elle n'y croyait plus vraiment, surtout lorsqu'il lui lançait des regards chargés de haine et de dégout. En fait, il la surveillait sans bouger, attendant certainement le moment propice où elle essayerait de se lever pour échapper à son emprise. Définitivement, il jouait avec elle et elle mourrait de peur à l'idée qu'il n'achève ce qu'il avait commencé.

Elle déglutit péniblement, le goût de sang remontant dans sa gorge, lui soulevait l'estomac et dans la position misérable dans laquelle,— encastrée dans le mur—, si elle vomissait, ce serait le bouquet. Il ne manquait plus que sa tête tourne à 360 degrés et elle pourrait sans aucun doute postuler pour le remake de l'Exorciste. Elle toussa à plusieurs reprises, essayant malgré tout de garder son calme.

Sans détourner les yeux, elle sonda le regard du dragon, tentant de toucher l'être humain enfoui sous cette forme bestiale. Elle aurait voulu que les choses se passent autrement entre eux, aimé qu'Aydan lui fasse confiance au point de savoir et de comprendre qu'elle ne l'aurait jamais volontairement blessé sur un sujet lui tenant à cœur.

Manifestement, elle avait eu tord de remettre sa vie, son avenir et son cœur entre ses mains, puisqu'une fois de plus, il l'avait déçu en choisissant de croire l'impensable. Ne lui avait-elle pas tout donné ? Ne lui avait-elle pas ouvert son cœur une seconde fois pour le laisser entrer à nouveau ? C'est dingue ce que l'on peut croire comme bêtise quand l'amour vous aveugle, médita-t-elle les larmes aux yeux.

Dans le fond comme dans la forme, sa mère avait eu raison. L'amour n'était qu'une malédiction, il jouait avec vous pour ensuite mieux vous briser. Il n'y avait strictement rien de merveilleux à aimer une personne de tout son être et finalement de s'apercevoir qu'elle ne tenait pas à vous autant qu'elle le prétendait. En fait, elle payait pour avoir briser son serment, elle s'était parjurée par amour et voilà où ce prétendu amour l'avait conduit....A tout perdre à commencer par son fils.

Elle ne leurrait plus, elle l'avait senti à l'instant même où sa présence avait déserté cette maison. Quelqu'un avait kidnappé son bébé et elle était là entrain de se vider de son sang, sous la garde d'une bête sauvage prête à l'achever. Le jour où Awen était né, elle s'était juré de le protéger au mépris de sa propre vie et elle avait failli. Quelle mère était-elle donc ? Une incapable, une pleurnicheuse gémissant sur son sort alors que son fils était retenu en otage et serait comme elle l'avait été dès sa naissance, un esclave.

Néanmoins, pour le retrouver, car il fallait qu'elle le retrouve, elle tiendrait le coup. Elle ne se laisserait pas anéantir par Aydan sous prétexte que Monsieur avait perdu les pédales. Elle était plus forte que cela, ne l'avait pas déjà prouvé ? Elle aimait trop son enfant pour le laisser entre les mains d'un monstre semblable à Caïtria. Quitte à mourir, autant que cela se produise en ayant tenter de sauver son bébé.

Sombre Héritages-3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant