Chapitre 35

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Couché près d'Enora, car ils ne pouvaient se séparer à plus de six mètres de distence au risque d'être immédiatement scotché l'un à l'autre, Aydan et Enora avaient décidé d'un commun accord de dormir dans la même chambre, or ce qui le minait le plus, était la barrière qu'Enora vait élevé entre eux afin qu'ils ne puissent pas se toucher en dormant.

Bien sûr, il comprenait son mécontement quand ils s'étaient retrouvés collés l'un à l'autre pour la quatrième fois de la journée. Heureusement Torin était parvenu à les séparer en utilisant ses pouvoirs, chose qu'il n'avait pas testé auparavant. Seulement depuis qu'il avait reçu de plein fouet une décharge à le coller au plafond, Aydan ressentait une étrange douleur lui comprimait la poitrine et qui l'empêchait de sombrer dans le sommeil.

Il se sentait fourbu, tous les muscles de son corps le tiraillaient et ses yeux le piquaient au point que des larmes roulaient sur ses joues. La fatigue se faisait cruellement ressentir et le pire était cette horrible tension dans son bas ventre qui ne le lâchait plus. Il mourrait d'envie de se jeter sur Enora, d'assouvir enfin ce désir impitoyable...Néanmoins, une partie de lui se rebellaient contre cette envie lancinente.

Entendre le soufle lent d'Enora, les battements de son coeur et les petits bruits qu'elle émettait en dormant le torturait. Il se demandait quel était ses rêves, s'ils étaient heureux ou non et s'il en faisait parti.Aujourd'hui, il avait cruellement réalisé tout le mal qu'il lui avait fait en la rejettant, en lui infligeant ses aventures et pire en la traitant comme un monstre.

Même s'il ne tolérait pas sa nature, force était de reconnaitre qu'elle était une bonne mère et qu'elle aimait son fils et le défendait comme un tigresse défendaient ses petits. Au fond de lui, cela réveillait une douleur profondément enfouie et qui ne demandait qu'à jaillir. Il aurait aimé que sa mère l'aime avec autant de dévotion, qu'elle le caline avec tendresse, qu'elle lui dise combien elle l'aimait.

Seulement, c'était impossible, elle était morte avant même qu'il ne puisse comprendre à quel point, elle lui manquerait toute sa vie. Il ne se souvenait pas de son visage, car il avait été trop jeune à sa mort. Souvent, il comtemplait son portrait dans la galerie du château, essayant de graver ses traits dans sa mémoire, or, ils se dissipaient trop vite, si vite qu'il ne parvenait pas à les saisir.

Il inspira profondément. Demain serait une longue journée et il devait se reposer. A peine eut-il fermé les yeux, qu'il fut assailli par une succession d'images incompréhensibles et qui ne faisait nullement parti de ses souvenirs.

Il voulait ouvrir les yeux et en vain attendit, regardant autour de lui comme s'il était un spectateur invisible dans l'impossibilité d'agir malgré l'instinct qui le poussait à le faire. Il ne pouvait rester les bras croisés devant la scène qui se jouait sous ses yeux.

Un homme aux longs cheveux noirs se tenait debout près d'une jeune femme ressemblant comme deux gouttes d'eau à Enora. Vêtu d'une armure noire couverture de sang et de lambeau de chair, il donnait de violent coup de pied à la jeune femme qui le suppliait d'arrêter en pleurant toute les larmes de son corps. Il la souleva par les cheveux, leva son visage dégoulinant de sang vers lui.

- Tu dois apprendre à surmonter la douleur Diora, sinon tu mourras lorsque les Drakions viendront nous détruire !

- Je t'en prie Lorcan, je n'en peux plus, je ne peux plus le supporter.

- Si tu es incapable de passer au delà de la souffrance, je tuerai Enora. Je refuse que ma fille devienne une faible geignarde comme sa mère !

L'homme s'avança vers le bébé agé d'un an environ et qui le regardait de ses grands yeux noirs. Un voile de peur traversa son regard tandis qu'il tendait le doigt dans sa direction.

Sombre Héritages-3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant