Chapitre 48

1.2K 158 22
                                    

Postée devant la fenêtre de sa chambre, Enora regardait pensivement le soleil se coucher derrière le cercle de pierre, le seul portail terrien conduisant sur sa planète. Malgré la neige recouvrant les jardins du château et formant un épais manteau sur les collines ainsi que la glace gelant le loch, elle se sentait en paix ici. Elle avait toujours aimé la chaleur et les températures ne descendant pas en dessous de cinq degrés, voilà pourquoi elle s'était établie à La Nouvelle Orléans.

Elle avait presque oublié combien il pouvait faire froid en Ecosse à cette époque de l'année....C'était drôle comme l'esprit pouvait divaguer lorsqu'on le laissait faire. Elle aurait dû se ficher du climat puisqu'il n'avait pas vraiment d'importance à ses yeux. Seulement c'est préférable que de se ronger les sangs. Toutefois, elle avait beau essayer de penser à autre chose, c'était impossible. Elle se faisait du soucis pour son fils, à vrai dire, mourrait de peur à l'idée de le perdre...Or, la seule personne pouvant le sauver, n'était autre qu'un abruti de Drakion totalement dingue.

Quand elle revoyait l'instant fatidique où Aydan avait tenté de la manger...Oui, manger parce qu'après s'être faite embrochée comme un poulet, c'était ce sort qui l'aurait attendu si Kier n'était pas venu à son secours. Elle aurait dû en vouloir à Aydan, le haïr pour cela, mais voilà tout elle n'y arrivait pas.

Les mots étant sortis de sa bouche, même si ce n'était pas véritablement elle qui les avaient prononcé n'y changeait rien. Pour Aydan, pour sa bête, la coupable n'était autre qu'elle et non une psychopathe dégénérée. Elle avait bien vu dans ses yeux tout à l'heure combien il la détestait, mais pire que tout, il la méprisait.

Evidement, elle pouvait vivre avec ce poids sur la conscience, pour le reste, il n'en demeurait pas moins que ce désastre était entièrement sa faute. Si elle avait été assez forte pour tenir tête à Caïtria, son fils serait en sécurité, Aydan ne serait pas devenu fou et Grayson n'aurait jamais eu à l'enfermer dans un cage, comme s'il n'était qu'une bête de foire.

Or, en allant le voir au cachot, elle avait désespérément essayer de trouver les mots justes, de s'excuser, peut-être de se faire pardonner un acte n'étant pas le sien. Cependant quand elle avait entendu Kier, la colère et la frustration engrangeaient depuis ces longs mois avaient explosé.

Naturellement, elle conscience d'avoir été particulièrement dure avec Aydan à ce moment là. Le voir lui tourner le dos, abandonner ses responsabilités envers elle, envers leurs fils, l'avait mise tellement en rage, qu'elle avait cherché à le blesser.

Mais ne disait-on pas qu'il fallait guérir le mal par le mal ? En provocant Aydan, en le rabrouant et le traitant de mauvais père, bon d'accord elle n'avait pas employé cette formule exacte, elle avait été abominable....Uniquement pour le réveiller, afin qu'il réagisse et se conduise comme le héros que son fils verrait un jour en lui. Elle ne se cherchait pas s'excuse, tout ce qui la motivait, était de sauver son bébé. Alors, elle avait abattu ses dernières cartes.

Tout ce dont elle l'avait accusé, était entièrement faux. Jamais elle n'avait regretté leur rencontre, ni même qu'il soit le père de son enfant, alors qu'il n'avait cessé pas de la blesser cruellement en lui refusant sa confiance. L'amour était une émotion tellement complexe, pourtant elle était certaine d'une chose. Ses sentiments pour lui ne changeraient jamais, quand bien même, il la rejetterait encore. Elle n'y pouvait rien, ils étaient là dans son cœur.

Longtemps, elle avait essayé de les refouler sans y parvenir, pour la simple et bonne raison qu'elle aimait Aydan de tout son être et peu importait le lien. Ce n'était pas lui qui faisait naitre l'amour, il n'était qu'un attachement, un signe d'appartenance. Dix huit mois de séparation n'avait pu altéré cet amour, bien sûr, elle ne niait pas que durant ce temps, elle avait haï Aydan. Toutefois, la frontière entre la haine et l'amour était aussi mince d'une feuille de papier.

Sombre Héritages-3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant