Sombre Héritages-3

Chapitre 37

Il vivait un supplice. Adossé contre la porte de la salle de bain dans le couloir, Aydan serrait les dents en essayant de combattre le désir de franchir cette fichue de porte et de se jeter sur Enora et non au sens figuré. Lorsqu'il avait suggéré de prendre leur douche ensemble, elle l'avait immédiatement remis à sa place, c'était derrière cette maudite porte qu'il brûlait d'exploser à coup de poing rageur.

Il l'entendait, percevait tous les bruits dans la salle de bain avec une acuité frôlant la folie. Dans son crâne douloureux, chaque goute d'eau, chaque bulle de savon claquant doucement le torturaient plus savamment qu'une dague enfonçait dans sa chair.

En fermant les yeux, il pouvait percevoir le corps ruisselant de sa femme, sa peau douce et soyeuse, la cascade de cheveux de noir plaquait dans son dos à la courbe affolante. Il retient un gémissement de souffrance et appuya sa paume contre le renflement de son jean. Ses reins le brûlaient d'une chaleur suffocante et il ne songeait plus qu'à détruire cette distance et prendre enfin ce qu'il convoitait au point de devenir cinglé.

Décidément quelque chose ne tournait pas rond dans son esprit. Il commençait à perdre pied, à perdre la raison et au lieu de le perturber, cela lui donnait l'envie de plonger tête baissée dans cet océan de folie. La douche de la douche s'ouvrit et il déglutit, la gorge nouée par une horrible tension. Le bruit de la serviette caressant la peau d'Enora menaçait de lui faire perdre le peu de contrôle qui lui restait encore. Il aurait voulu être à la place de cette serviette, éponger lentement chaque courbe, chaque centimètre carré de sa peau. Il suffoqua la main sur sa poitrine, sa vision devenait floue et un rugissement éclata dans son crâne.

Il n'en pouvait plus et malgré ses promesses, tout ce qu'il désirait, était d'enfoncer cette foutue porte. Bon dieu, à ce régime là, il aurait pété un plomb avant la fin de la matinée. Être prêt d'Enora sans pouvoir la toucher, sans pouvoir assouvir ce désir ravageur était pire que tous les combats qu'il avait mené, que toutes les souffrances et les blessures qu'il avait recu.

Malheureusement, il ne pouvait partir, mettre plus de six mètres de distance entre eux car invariablement, ils se retrouveraient scotchés l'un à l'autre. D'accord, personnellement, cette idée le comblait de joie, mais pas Enora. Elle l'avait prévenu que s'il osait la toucher sans son accord, il risquait de perdre ses bijoux de famille auxquels il tenait tant. Cette menace suffisait pour l'instant, mais jusqu'à quand ? Encore combien de temps pourrait-il retenir cet élan qui le poussait vers elle avec la force d'un raz de marée ?

Brusquement la porte s'ouvrit sur sa femme, dont la beauté le transperça de part en part et amplifia sa folie des sens. Son sexe se raidit, palpitant douloureusement dans son jean au point d'arracher celui-ci. Les mâchoires serrées, il l'observa longuement, détaillant la courbe de ses seins voluptueux moulait par un pull mauve à col V, l'arrondi de ses hanches sous son jean blanc, le galbe parfait de ses cuisses. Il ferma les yeux tandis que son cœur battait à se décrocher de sa poitrine.

- Tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette Aydan.

Sans blague ! Il crevait d'envie de déchirer ses fichus vêtements, de la plaquer contre cette porte derrière laquelle, il subit la plus atroce des tortures et de la prendre là sans lui demander son avis. Nonobstant, il ne pouvait pas se conduire comme un animal juste pour assouvir ce besoin primaire. Il avait déjà commis trop d'erreur et refusait d'en ajouter une de plus. Il avait presque réussi à convaincre Enora, avait presque regagner son pardon et il ne voulait pas tout ficher en l'air à cause de sa maudite libido.

- Aydan pourquoi ne me dis-tu pas ce qui ne va pas ?

- Si je parle, tu risques de me claquer la porte au nez et...Je sais prendre sur moi...j'en suis capable. Je refuse de me comporter comme une bête avec toi, tu mérites mieux que ça, d'accord.