Chapitre 19

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Les Kaldèrians arrivaient encore à le surprendre et il se demandait jusqu'où son étonnement pourrait encore aller avec eux. Les trois frères qu'il cherchait, au lieu de vivre comme tous les dieux dans leur fichue dimension, n'avaient rien trouvé de mieux que de s'installer en Grèce et d'être les propriétaires d'un restaurant pittoresque à quelques kilomètres des ruines de Delphes.

Il ne savait vraiment pas à quoi s'attendre de leur part, mais vu leur humour plutôt ironique, il craignait le pire. Sous le soleil de plomb qui commençait à lui taper sévèrement sur le crâne, il se décida à franchir le seuil du restaurant nommé... c'était une blague ? Non, vraiment, l'inscription sur le panneau de bois exotique qui se détachait en grande lettres blanches était tout ce qu'il y'avait de plus réelle. το κρεβάτι του Απόλλωνα : le lit d'Apollon.

N'importe quoi. A coup sûr ces trois-là devaient être des décérébrés mentaux, cela ne pouvait être autrement possible. Quel genre d'abruti divin irait achetait un restaurant, s'y installer et vivre modestement alors qu'il avait à sa disposition des pouvoirs dépassant les limites de l'entendement.

La preuve était une fois de plus établie que les Kaldèrians étaient ancrés dans leur divine folie. Plus il les côtoyait et moins il ne doutait qu'ils avaient tous pété les plombs après la destruction de leur monde. Autrefois, ils n'avaient pas à se cacher, vivaient en étant révéré par tous et devoir se dissimuler des humains devaient leur ficher une sacrée claque à leurs égos sur-dimensionné.

Lorsqu'il entra dans le restaurant tout était d'un calme trop serein à son goût, surtout à cette heure de la journée. A midi et ce dans n'importe quel endroit de ce type, la clientèle était attablée et discutée de excursions prévues. Partout sauf ici et c'était vraiment étrange, voir même inquiétant.

Le soleil éclairait la salle ovale où plusieurs tables en chêne ronde étaient dressées. Au fond, il y'avait une petite estrade où reposait divers instruments typiquement Grec. Le Bouzouki qui ressemblait à une espèce de Luth à long manche, un Daouli, un tambour qui se joue avec deux baguettes, le Kaval, un long bout de roseau à huit trous dont la sonorité ressemblait à celle de la clarinette et du Gaïnda, la cornemuse Grec par excellence.

Il n'osait imaginer qui était les propriétaires de ces instruments et qui en jouait. Il détourna le regard et alla s'installer au comptoir rutilant. Il commençait à mourir de soif, la chaleur et le stress n'était pas propice à la détente.

- Qui va là ? Ne serait-ce pas ce cher Agent spécial ? Ricana une voix rocailleuse dans son dos.

Adriel ne bougea pas d'un pouce, sa nervosité venait soudainement de disparaître.

- Qu'est-ce qu'il faut faire pour avoir à boire dans ce bouge ? Railla-t-il.

- Il est sacrément gonflé celui-là, lança une seconde voix au accent plus doux.

- A mon avis, il est complètement fou, marmonna une troisième plus rageuse.

Voilà, les trois frères venaient de faire enfin leur apparition et ce n'était pas trop tôt, songea Adriel excédé. Avant de se résoudre à faire appel à eux, il avait appris quelques informations. Etre devenu un dieu ne l'empêchait pas d'utiliser ses anciennes méthodes d'agent fédéral. Toujours savoir à qui on avait à faire, partir à l'aveuglette vous propulsez toujours dans la panade. En réalité, il n'avait besoin que de Goibnui, c'était lui le dieu-forgeron, le seul qui pouvait fabriquer une arme parfaite en trois coups grâce à son marteau divin. Quoique Credne était le bronzier, le maître du métal et donc, l'un ne pouvait aller sans l'autre. Resté Luchta qui a son humble avis ne lui servirait pas à grand chose hormis à l'emmerder.

Sombre Héritages-3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant