Trois

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J'avais complètement oublié mais nous sommes lundi matin, ce qui signifie que la plupart des boutiques sont fermées. Évidemment, celle de mon opérateur également. La vignette sur la porte annonce qu'ils n'ouvriront pas avant 14h. Je soupire de frustration. Je reprends les cours à 13h30 et je finis à 17h. Il est hors de question que j'attende la fin de l'après-midi pour récupérer un téléphone. Je décide de rentrer à l'appartement pour patienter. Je vais bosser un peu mes cours, ça me déculpabilisera de sécher les cours l'après-midi et surtout, j'espère que le temps passera plus vite l'esprit occupé.

Je m'installe sur le canapé, mon ordinateur sur les genoux. Les filles sont déjà en cours, Lola fait des études d'art du spectacle et Mayline est dans l'audio-visuel. En ce qu'il me concerne, je fais des études de sociologie. Nous sommes toutes les trois en troisième année de licence. J'allume mon ordinateur et souris à la vue de mon fond d'écran. C'est une photo de nous trois, c'était pendant l'été. A gauche, Lola avait un terrible coup de soleil sur le nez, mais cela n'enlevait rien à son charme naturel, ses cheveux bruns ne lui arrivaient qu'au menton, ils avaient éclairci avec le soleil, elle regardait Mayline qui se tenait au milieu. Ses tâches de rousseurs ressortaient avec le soleil, elle souriait de toute ses dents en tenant et en fixant l'objectif, ses cheveux roux formaient de belles boucles. Je me tenais sur sa droite, une main posée sur son épaule le sourire aux lèvres. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Nous étions chez les parents de Mayline, nous avons passé la journée à bronzer, papoter et se rafraichir dans la piscine. Les filles et moi, nous nous connaissons depuis le collège. Nous sommes devenues inséparables. A 14ans, Lola et Mayline se sont avouées leur attirance, elles sont ensemble depuis ce jour. Nous avons décidé de partir à l'université dans la même ville pour ne pas se perdre de vue. Cela fait trois ans que nous vivons en colocation. Je pense tout de même leur laisser leur intimité à partir de l'année prochaine, bien qu'elles me répètent que je ne les dérange aucunement.

Je m'installe plus confortablement sur le canapé et essaie de me concentrer sur mon travail. Cependant, mon esprit n'est pas de cet avis, je me remets à penser à la perte de mon téléphone. J'espère sincèrement que ce Harry qui a retrouvé mon téléphone ne va pas fouiller dedans. J'essaie de me souvenir de toutes ces choses qui pourraient me compromettre et qui sont cachées dans mon téléphone. Carte sim ou pas, il y a toutes mes photos prises à Paris mais je ne me souviens pas de photos qui pourraient jouer en ma défaveur, il y a également beaucoup de vidéos délires que nous tournons entre nous. Cependant, n'importe qui en possession de mon portable y a accès. A cette idée, un frisson me parcourt l'échine. Sinon... Oh putain, quand ai-je supprimé mes messages pour la dernière fois? Cela relève vraiment du privé. Je me souviens de conversations très personnelles. Il pourra aussi avoir accès à toutes mes applications. Oh mon dieu ! Je pars vite sur internet changer mes mots de passe à l'aide de mon ordinateur. Quoi d'autre? Bon, bien sûr, il arrivera à cela que s'il trouve le schéma pour déverrouiller mon téléphone mais un simple carré est facile à trouver. Merde, il faut vraiment que je trouve des codes plus compliquées à l'avenir. Soudain, une pensée me traverse l'esprit. Si mon téléphone s'est éteint, il sera obligé de retaper mon code PIN pour pouvoir le rallumer. Et merde ! S'il ne le trouve pas, je ne pourrais jamais le recontacter pour lui donner mon adresse. Oh non ! Une porte qui claque me fait sursauter, je me retourne brusquement pour voir apparaitre Mayline devant la porte d'entrée en train d'enlever ses chaussures.

- Merde May, tu m'as fait peur, je m'exclame une main sur le cœur.

- Mmh, toi tu n'as pas de nouvelles de ton téléphone, je me trompe, devine-t-elle en s'affalant à côté de moi sur le canapé.

- Aucune, je lui confirme. Non seulement, la boutique n'ouvre pas avant 14h mais en plus, je viens de penser à un truc, on est trop conne...

May me regarde en fronçant les sourcils et m'incite à poursuivre.

- Si mon téléphone s'est éteint, ça signifie qu'il va devoir taper mon code PIN pour pouvoir le rallumer or il ne le connait pas, je lui explique désespérée en passant une main dans mes cheveux.

- C'est quoi ton code, me demande May.

- Quatre 0, je lui confie sous son regard réprobateur. Oui je sais, c'est le code le plus courant, en même temps je ne pouvais pas deviner que j'allais perdre mon téléphone.

- L'avantage est qu'il a une chance de le trouver, sourit-elle réconfortante.

Je m'enfonce dans le canapé dépitée. Si seulement j'avais été plus prudente...

- Ce que tu fais, tu attends deux jours où on n'arrête pas d'essayer de le contacter pour lui filer notre adresse, et si au bout de deux jours, on tombe encore sur ta messagerie et bien on désactive ta carte sim, on fera une croix sur ton portable, achève-t-elle.

- Oui mais ça m'embête vraiment d'avoir perdu toutes mes données, j'espère vraiment que si on ne parvient pas à le rejoindre, il ne divulguera pas le contenu de mon téléphone...


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