Quarante-trois

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- Lexi, réveille toi ma chérie.

Une main caresse mes cheveux et une voix grave me sort doucement de mon sommeil. J'émerge lentement mais la réalité me frappe de plein fouet. Putain ! Je cache mes yeux de mes bras et vire cette main de mes cheveux.

- Chérie, tu rentres à la maison. Je ne veux pas te savoir seule ici et tu manques à ta sœur.

Je passe un œil sous mes bras et observe mon père. Ses yeux sont fatigués et ses traits tirés. Je m'en veux d'être à l'origine de ses soucis.

- Je suis désolée pour tout p'pa.

Ma voix rauque résonne bizarrement dans la pièce. Je me racle la gorge et me redresse dans le lit. Mon téléphone est posée sur ma table de nuit, la petite lumière verte qui clignote m'indique que j'ai reçu un ou plusieurs messages, peut-être encore des messages d'insultes. Comment ces personnes ont-elles pu avoir mon numéro, putain? J'ignore ce petit appareil, je ne veux pas retourner dans cette réalité. Mes amies ont tenté de m'inciter à appeler Harry en vain. J'ai tendance à l'associer à toute cette merde qui m'arrive et j'ai peur de l'unique solution qui se présente à moi. Si je veux rester avec lui, je vais être obligée de me faire à cette idée de presse people qui déblatère des saloperies à mon sujet, mais je ne peux pas. Je me force à ne plus rien regarder sur Internet depuis la veille. Je le sais, je suis la première à détester la presse people et ses moutons qui en boivent chaque lettre. Malheureusement ces tissus de saletés m'atteignent bien plus que je ne le voudrais.

- Tu n'y es pour rien ma puce. Arrête de subir. Tu es la première à dire que la presse people raconte n'importe quoi à longueur de temps. Ne te laisse pas consumer par eux. Les gens intelligents savent faire la part des choses.

Une boule reprend place au milieu de ma gorge et je lève les yeux au ciel pour éviter à mes larmes de couler.

- Oui, les gens intelligents, dis-je en insistant sur le dernier mot.

Je les trouve très peu nombreux quand je lis tous ces commentaires à mon sujet sur Internet, quand je lis toutes ces lettres et ces messages que je reçois depuis cinq jours.

- Ignore tout ça et vis ta vie. Tu le sais, il cherche un nouveau prétexte, un nouveau phénomène de mode pour vendre leur connerie. Puis ils se lasseront et te laisseront tranquille. Mais ma puce, plus tu montreras que tout ceci t'atteint plus ils continueront à parler de toi.

- Je sais tout ça papa. Je ne contrôle juste pas mon flux d'émotions.

Il me sourit tristement puis se lève de mon lit.

- Allez ! Tu me prépares une petite valise et on rentre à la maison.

Arrivé à l'embrasure de ma porte, il se retourne et m'annonce joviale :

- Oh, et je suis content que tu t'aies trouvé quelqu'un !

Il me fait un clin d'œil et disparait dans le couloir. Je souris tristement et jette un coup d'œil mauvais à mon téléphone.

De nombreux messages et appels s'affichent sur mon écran ainsi que plusieurs demandes d'ajouts d'amis sur les réseaux sociaux. J'ignore tout et appelle directement Harry. Après plusieurs tonalités, je tombe sur sa messagerie. Déçue, je met mon portable sur vibreur au cas où il me rappellerait et le branche sur secteur.

Il faut faire face. Harry n'y peut rien, je ne peux pas continuer à l'ignorer de la sorte. Il me manque et j'ai besoin de lui. Effectivement, cette photo qu'il a publié est ce qui a provoqué toutes ces suites d'événements mais loin de lui était l'idée de me faire du mal. J'en suis persuadée.

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