Perdu

Quinze

Je l'appelle. Il décroche au bout de la troisième sonnerie.

- N'insistes pas, il est hors de question que je te dise ce qu'il y a d'écrit exactement, me répond-il.

- Oui je sais, je suis vraiment désolée de t'impliquer dans cette histoire. Après tout, tu es juste la personne qui a trouvé mon téléphone. Et tu m'as l'air honnête puisque tu m'as avoué avoir lu les messages de Marius tout à l'heure. Puis tu m'as déjà renvoyé mon téléphone par colis une fois. Bien qu'il y ait finalement eu un couac. Bref, tout ça pour te remercier de ton honnêteté et de ta gentillesse, et c'est vraiment égoïste de ma part de te demander de telles choses, alors je comprends que tu me dises "non". Après tout, ce ne sont pas tes affaires et il y a des limites à rendre service, d'autant plus que tu n'es pas français. Et donc, c'est pour ça que je voulais te demander d'éteindre le téléphone et d'envoyer le colis dès maintenant. Je le récupérerai que dans deux semaines mais au moins, ça m'évitera de t'ennuyer avec mes histoires, surtout que tu as toi-même tes propres problèmes à régler. Alors voilà, je te remercie pour tout et je suis contente que mon téléphone soit tombé entre de bonnes mains.

- Ça t'arrive de respirer pendant tes monologues, me répond-il rieur après quelques secondes de silence.

Je ne peux m'empêcher d'échapper un petit rire à sa remarque. Je suis peut-être un peu trop sous tension effectivement.

- Alors, reprend-il, premièrement, tu ne me déranges pas, j'ai été le premier à t'embêter avec mes problèmes je te rappelle, alors d'une certaine manière, je t'étais redevable. Ensuite, il n'y a pas de quoi, contrairement à ce que tu crois, ce n'est pas une corvée pour moi à vouloir t'aider, si je ne te dis pas ce qu'il y a dans ces messages, c'est tout simplement parce que l'inconnu que je suis pour toi ne veut que ton bien. Tu te tortures pour rien à cause de ce mec, et je suis certain que je ne suis pas le seul à te dire ça. Dans un sens, tu vois, tu n'as pas ton téléphone et c'est plutôt une bonne chose. Puis dernièrement, j'ai un service à te demander...

J'assimile ce qu'il me dit et me surprend à être touchée par son attention. C'est vraiment bizarre d'être sensibilisée par des mots prononcés par un parfait inconnu, je ne connais que sa voix. J'ai été obligé de lui faire confiance en ce qui concerne mon téléphone ainsi que l'histoire de Marius mais je ne devrais pas laisser mes émotions me guider. Il reste un inconnu. Il a quand même fouillé dans mon téléphone sans mon consentement alors qu'il m'avait promis de ne pas le faire. Je devrais m'en inquiéter mais d'une certaine façon, je lui fais confiance. J'espère tout de même qu'il n'a rien regardé d'autres. Je me racle la gorge pour reprendre mes esprits et lui réponds par l'affirmative pour l'inciter à continuer.

- Bon, ça va te paraître idiot mais je pense que j'aurais besoin de t'appeler quand je parlerais de ma proposition de travail avec mes amis, dit-il hésitant. Parce que... et bien parce que tu es une inconnue pour moi et je suis un inconnu pour toi et... c'est drôlement bien d'avoir pour une fois des avis plus justes, plus détachés.

Je suis étonnée par sa requête et met quelques secondes avant de trouver une réponse adéquate. Quand j'y pense, c'est vrai que les personnes de votre entourage vous jugent selon les connaissances qu'elles ont de vous. Puis, on a davantage de réticence à parler de certains sujets avec eux car l'on a peur de leurs réactions. Je suis bien la première à le savoir. Mes études de sociologie ne sont pas mon premier choix, mon père m'a beaucoup influencé dans mon choix d'orientation professionnelle lorsque je donnais mes vœux au lycée. Après de nombreuses disputes et négociations, le compromis était la faculté de sociologie car mes aspirations étaient trop audacieuses selon lui. Je sais qu'il souhaite seulement à ce que je me construise un bel avenir, je sais également que mes ambitions sont risquées mais je ne peux m'empêcher de lui en vouloir de ne pas m'avoir donné une chance.

- Tu me prends pour un fou là c'est ça, reprend-il avec un rire gêné. En même temps, c'est super bizarre ce que je te demande, j'ai ma famille et mes amis pour ça et tu as sûrement d'autres choses à fai...

- Attend, je le coupe. Je n'ai rien dit encore. Ce n'est pas bizarre comme tu dis... Tu es dans une situation difficile et je suis la première à penser que ton entourage n'est pas forcément bien placé pour te conseiller. Il y en a certains qui vont t'inciter à rester comme il y en a d'autres qui vont te conforter dans l'idée de partir. Mais leur avis sera biaisé, sûrement. Puis j'imagine qu'il est plus facile pour toi de parler à une inconnue qu'à des personnes de ton entourage. Il faut souvent prendre soin de trouver les bons mots avec les personnes que l'on aime car l'on a peur de leurs réactions.

- Tu donnes l'impression de parler en connaissances de causes.

- Bien joué, Sherlock !

- Alors je te parlerais de mon problème et tu me parleras de la cause qui te fait penser de telles choses, dit-il espiègle.

- C'est un deal, je demande en souriant.

- Exactement.

- Tenu.

- D'accord, je te renvoie ton téléphone et vais t'écrire dès maintenant avec le mien. Je n'oublie pas ce que tu m'as dit tout à l'heure. C'est radical mais de cette façon, c'est sûr que tu ne chercheras pas à connaître le contenu des messages de Marius.

- Oui chef, je réponds railleuse.

- Au passage, Marius, c'est moisi comme prénom.

- Ouais ça pue.

- Carrément pourri oui. En fait, il est aussi pourri que son prénom.

J'explose de rire à sa remarque.

- Lexi, j'entends crier ma belle mère. A table !

- Je m'excuse, il faut que je raccroche, je passe à table.

- Ça marche, bon appétit !

- Merci toi aussi.

Je raccroche le sourire aux lèvres en me persuadant que je n'ai pas fait d'erreur.

✉

Tadaaaa =D

Bon en fait, je n'aime pas trop ce chapitre... Ça fait un moment que je suis dessus, que je le modifie, mais rien à faire. Il ne me plaît toujours pas... Alors je me concentre sur la suite en attendant que mon petit cerveau ait une idée lumineuse pour illuminer ce chapitre ^^

A bientôt avec le prochain chapitre !

Bisous bisous

Cam-ye