Cinq

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Bon dieu, j'hallucine. Vivement que cette histoire se termine, j'ai l'impression de stresser encore plus qu'en période d'examen. Je marche à une allure rapide pour rentrer à l'appartement, il n'a beau être que 15h de l'après-midi, je n'ai vraiment pas envie d'aller à mes deux heures de cours restantes. Je suis trop nerveuse pour rester assise à écouter déblatérer des professeurs sur des sujets qui ne m'intéressent pas plus que ça.

Je rentre dans l'appartement, il est vide, les filles sont encore en cours. Je pars dans la cuisine prendre un packet de chips et m'installe dans le canapé devant la télé. Je zappe et tombe finalement sur un téléfilm qui vient de commencer sur la six. Ça fera l'affaire. Je grignote mes chips assises en tailleur en essayant de me concentrer sur le film en vain. Décidément, mon esprit est bien trop tourmenté. Je souffle de frustration à la recherche d'une occupation. Je prend mon téléphone provisoire et pianote les numéros du téléphone portable de mon père. Une chance pour moi que ma mémoire soit bonne. Au bout de la troisième sonnerie, mon père répond.

- Salut papa, c'est Lexi, je t'appelle avec le futur téléphone portable de Juliette, je formule comme entrée en matière, la voix enjouée.

- Comment ça, le futur téléphone de Juliette, elle n'a que 13 ans.

- Oui bientôt 14 et puis, moi aussi j'ai eu mon premier téléphone à 14 ans. Elle ne l'aura que quelques mois plus tôt que moi, je négocie.

Je l'entends soupirer de l'autre côté du fil.

- Oui, tu as raison, capitule t-il au bout de quelques secondes.

C'était plus facile que je ne le pensais.

- On s'occupera de payer son forfait. Mais comment se fait-il que tu n'appelles pas avec ton téléphone, demande-t-il incrédule.

- Oh ça, ce n'est rien, j'ai eu un petit soucis avec mon téléphone, rien de grave. Pour l'instant, il faut me joindre sur ce téléphone. Ça va bientôt être résolu.

- Tu l'as encore fait tomber dans les toilettes, me demande-t-il soupçonneux.

Je ne peux m'empêcher de rire à ce souvenir.

- Non, papa, je le récupère bientôt.

- Mouais, répond-il peu convaincu.

Nous continuons de discuter de tout et de rien pendant une dizaine de minutes puis nous raccrochons. Mon père n'est pas très bavard mais on s'est toujours bien entendu, c'est une chance. Ma mère nous a abandonné lui et moi alors que je n'avais que 3ans. Elle a décidé de repartir faire sa vie ailleurs et ne nous a plus jamais donné signe de son existence. Mon père a rencontré deux ans plus tard ma belle-mère, Isabelle, qui s'est toujours occupée de moi comme si j'étais sa vraie fille. Il y a treize ans la famille s'est agrandit avec la naissance de Juliette. La sonnerie de mon téléphone provisoire me sort de mes pensées. C'est sûrement mon père qui a oublié de me parler de quelque chose d'important. Je répond sans regarder le numéro qui s'affiche.

- Oui p'pa, t'as oublié quoi, je demande en m'allongeant sur le canapé.

- Euh, en anglais, s'il te plaît, me répond une voix grave qui m'est désormais familière.

Je regarde le numéro affiché sur le téléphone et ne suis pas surprise en voyant apparaître le mien.

- Qu'est-ce que tu veux Harry, je demande d'une voix neutre en me rasseyant sur le canapé.

- Je rigolais tout à l'heure, je ne regarderais pas dans ton téléphone, tu m'as l'air d'être très craintive par rapport à ta vie privée alors je tiens à te certifier que je ne regarderais pas dans ton téléphone. Je te le renverrais d'ailleurs en fin de journée. Et... Attends une minute. Comment connais-tu mon nom?

- J'ai entendu tes amis t'appeler comme ça le soir de notre premier appel, je lui explique.

- Ah oui, c'est vrai, me dit-il... soulagé? Bref, quoi qu'il en soit, il est vrai que n'importe qui serait tenté de fouiner dans un téléphone qui lui ait inconnu et je t'avoue que j'allais le faire, mais maintenant, on en a parlé et je ne le ferais pas.

- C'est sympa de l'admettre et j'espère que tu tiendras parole.

- Je t'enverrais un message pour te confirmer l'envoi. Je peux envoyer un message à ce numéro, me demande-t-il.

- Oui oui, c'est mon numéro provisoire, je lui explique. Je te remercie.

- Harry, bouges toi ! Tu vas encore tous nous mettre en retard, j'entends une voix masculine criée au loin.

- Ouais ouais j'arrive, répond ce dernier blasé.

- Dis donc, tu es très demandé, je me moque gentiment.

- M'en parles pas, soupire-t-il. Je te tiens au courant tout à l'heure. Bonne journée, me dit-il avant de raccrocher.

Je soupire de soulagement. Cette histoire sera bientôt terminée.


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