Perdu

Deux

Le train arrive enfin à destination. Nous sommes enfin chez nous. Ce week-end parisien était vraiment grandiose jusqu'à ce que je perde mon bien le plus précieux, évidemment. Nous avons décidé de profiter de notre long week-end pour voyager mes amies et moi-même. Depuis que nous sommes à la fac chacune de notre côté, nous n'avons plus trop de temps pour nous, bien que nous vivons ensemble en colocation. Alors quand on a su que l'on allait avoir toutes les trois un week-end de trois jours en même temps, nous avons sauté sur l'occasion pour réaliser un de nos rêves communs, celui de partir à Paris. Nous avons donc pris une chambre dans un hôtel pour deux nuits et avons passé notre temps à visiter, à nous promener et à prendre des photos. Comme nous sommes à l'approche de Noël, nous n'avons malheureusement eu que de la pluie mais cela ne nous a pas empêché de nous amuser comme des folles. Finalement, la seule chose qui soit venue assombrir notre beau séjour est la perte de mon téléphone portable.

- Est-ce que je peux essayer de rappeler, je demande à Lola avec une expression qui je l'espère se rapproche le plus à celle du chat potté.

- Lexi, laisses lui le temps de rentrer et de recharger ton téléphone, tu as déjà essayé de l'appeler au moins 15 fois dans le train, s'agace gentiment mon amie.

- 17, affirme ma rouquine Mayline, j'ai compté.

Je plisse les yeux et elle me tire la langue. Oui, je flippe et alors?

- Allez, t'en fais pas Lexi ! T'es tombée sur un bon gars, on le rappellera demain matin, conclut Lola en passant un bras autour de mes épaules.

- Je me sens démunie, j'explique en prenant une moue boudeuse, ce qui les fait rire toutes les deux.

Finalement, elles ont réussi à me convaincre d'attendre le lendemain pour rappeler. Après tout, il ne peut pas y avoir que des mauvaises personnes sur terre. Il faut que je fasse confiance à ce garçon. Il ne fouillera pas dans mon téléphone. Et il faut que je positive. Il trouvera un chargeur, je pourrais le rappeler, je lui donnerais notre adresse, il me renverra mon téléphone par courrier et je retrouverais enfin mon bébé.

Le lendemain matin, je n'avais pas cours mais je me levais en même temps que les filles pour prendre en otage leur téléphone. Malheureusement, je tombais encore sur ma messagerie. Je soupire de frustration en me laissant tomber sur une chaise dans la cuisine.

- Il n'est que 7h, me rassure Mayline assise en face de moi. Si ça se trouve, il n'est même pas levé encore, me tranquillise-t-elle en plongeant une tartine dans son lait.

- Mmh, je marmonne peu convaincue.

Il n'empêche que vivre sans téléphone est difficile. Ça ne fait même pas 24h et je me rends compte qu'en réalité, j'y suis vraiment accro. Notre téléphone est notre réveil, mais aussi notre montre, et puis il y a ces petites habitudes que l'on a d'aller sur les réseaux sociaux à notre réveil ou pendant nos moments d'ennuis. Et puis, il y a aussi ces textos, je me demande si quelqu'un à tenter de me joindre depuis hier...

- Je vais passer au centre demander un téléphone et un numéro provisoire en attendant de retrouver le mien. Si c'est possible...

- Mmh, je pense qu'il y a moyen, affirme ma brune une cuillère de céréales dans la bouche.

Je hoche la tête assurée de mes plans et me lève energiquement dans le but d'aller me préparer. Plus vite, ce sera fait, mieux ce sera. Je prends les premiers habits qui me tombent sous la main dans l'armoire, soit un pull bleu marine et un slim noir. Je m'habille en vitesse puis part dans la salle de bain brosser mes longs cheveux bruns avant de les attacher en une queue de cheval haute, j'ébouriffe ma frange pour lui donner un peu plus de volume. Je me lave le visage et me brosse les dents. Je m'examine dans le miroir. Mes yeux bleu-gris sont fatigués mais je n'ai pas la patience de me maquiller aujourd'hui. Je prend ma veste et mon écharpe restées dans ma chambre, enfile mes tennis noirs, vérifie que tout est bien présent dans mon sac et sors de l'appartement.

- A plus tard les filles.

Je n'ai pas le temps d'entendre leur réponse que je suis déjà en bas de l'immeuble.

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