Chapitre 35 : Les bases de l'entente

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J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je ne m'étais pas réveillée dans les bras de Drago. Mon Drago... C'était si étrange d'être ici, dans notre vrai monde. Je devais avouer que notre relation en avait pris un certain coup. Pas que je l'aimais moins, non, bien sûr que non. C'était juste que s'aimer ici était différent. Après tout nous étions dans un monde en guerre. 
- Tu es si courageux... lui chuchotai-je à l'oreille.
Il resserra son bras autour de ma taille, il était réveillé, mais pas encore prêt à ouvrir les yeux. Je décidai de le laisser se reposer encore un peu, après tout il n'y avait que lorsqu'il dormait, qu'il était totalement serein. La fin du diner d'hier c'était bien terminé et les membres de l'ordre avait finit de nous expliquer exactement ce qui allait se passer concernant notre mission à nous. Comme nous l'avions déjà mis en place, je viendrais tous les soirs donner à Drago ses devoirs, mais je n'étais plus vraiment autoriser à dîner avec lui. Je devais disparaitre une demi-heure au plus. Etre absente pour les dîners de Poudlard aurait pu paraitre louche à qui s'en serait aperçu. Drago avait très mal pris cette nouvelle directive, jusqu'à ce qu'on nous annonce que je passerais néanmoins mes week-end avec lui. Même si cela restait dangereux pour moi, les membres de l'ordre savaient que c'était la condition pour que Drago reste dans notre camp. Même s'ils ne l'appréciaient pas encore, ils mesuraient tous l'importance qu'avait Drago aujourd'hui. Cette nouvelle s'était aussitôt accompagnée d'un grincement de dent de la part de Drago, Ron et Harry. Ces deux derniers, devraient aussi nous rejoindre au quartier général de l'Ordre le week-end, autant que possible pour mener à bien notre mission. Celle de rallier à notre camp les amis de Drago. Selon Drago le plus susceptible d'accepter serait son meilleur ami Blaise, mais il avait aussitôt rajouté que les chances de réussite ne s'élevaient tout de même pas à plus de 5%. Nous n'avions aucune idée de la marche à suivre pour le moment et Harry et Ron, devaient nous rejoindre dans l'après-midi pour que nous commencions à y réfléchir. Cette deuxième partie d'année n'allait pas être reposante. La mission me paraissait pratiquement impossible, mais ce qui me semblait encore plus impossible pour le moment, était la collaboration de mes amis avec Drago. Je ne pouvais cependant pas leur en vouloir. Je me demandais d'ailleurs comment j'aurais réagit si c'était Harry qui était rentré du coma du sorcier avec Drago. J'aurais certainement rejeté le Serpentard avec fermeté et méfiance. Non, nous ne pouvions pas mener à bien cette mission, tant que Harry et Ron n'avaient pas confiance en Drago. C'était impossible. Et pour avoir confiance en quelqu'un il fallait l'apprécier un minimum.
- A quoi tu penses ? Me demanda Drago.
- La legilimancie est une pratique interdite je te ferais remarquer.
- Je n'en ai pas fais usage, de toute façon j'imagine qu'on t'a apprit à fermer ton esprit...
Je ne répondis pas, le seul qui avait des cours là-dessus était Harry.
- On ne te l'a pas appris ? Insista Drago en se redressant.
Je secouai la tête comme seule réponse.
- Mais c'est très important ! Insista-t-il en me fixant d'un air atterré. Moi ma tante m'a enseigné l'occlumancie pour que je garde mes pensées à l'abri...
Drago arrêta sa phrase en pleine lancé tandis que lui adressai un regard interrogateur.
- Potter et Weasley viennent cette après-midi où j'ai rêvé ?
- Ils viennent, dis-je en me mordant la lèvre d'un air embêté.
- Oh non ! S'exclama-t-il en se recouvrant le visage de notre couverture. J'en peux plus Hermione, je vais refaire cette fichu potion et me replonger dans le coma du sorcier.
- Drago ! M'écriai-je en lui arrachant la couverture des mains pour découvrir son visage. Ne dis pas des choses comme ça. Tu verras tout va bien se passer.
Il ne répondit pas et je déposai un baiser sur son torse chaud. Sa peau était si douce, si attirante. Je remontai ma bouche jusqu'à son cou tout en me mettant à califourchon sur Drago.
- Drago, lui soufflai-je à l'oreille.
Il n'eu aucune réaction. Je pressai alors davantage mon corps contre le sien tout en essayant de capter son regard et je sentis finalement, ses mains se refermer sur ma taille. Il plongea ses yeux dans les miens et je pus y lire du désir. Mais pas seulement, cela ressemblait à un désir désespéré. Il me retourna alors sur le dos, inversant nos positions et me fixa avec attention.
- Je fais tout ça pour toi Hermione, me souffla-t-il. Je sais que sans toi j'aurais eu trop peur de changer le cours de ma vie. Si j'en ai le courage, c'est parce que tu es là.
- Je sais, répondis-je sérieusement.
- Tu ne vas pas m'abandonner hein ? me demanda-t-il tout en capturant mes lèvres avec envie.
Sa bouche descendit fougueusement dans mon cou et je sentis une vague de plaisir monter en moi.
- C'est à toi de ne pas m'abandonner Drago, dis-je entre deux soupirs.


Nous n'avions même pas pris la peine de déjeuner. Nous étions restés couché l'un contre l'autre, complètement nu, en cuillère et Drago m'entourait de ses bras. Nous parlions de tout et de rien, profitant de chaque instant, profitant de la présence de l'autre, comme si tout pouvait basculer d'un moment à l'autre. Et c'était le cas, tout pouvait basculer, nous le savions. J'avais tellement peur, peur que les mangemorts s'en prennent tout de même aux parents de Drago ou peur qu'ils viennent le récupérer. Je ne savais pas ce qui aurait été le pire. Dans les deux cas, soit je perdais Drago physiquement, soit je perdais sa joie de vivre.
- Tu me trouves comment au lit ? Me demanda-t-il subitement.
Je pouvais au moins le remercier de me changer les idées...
- Hein ? Insista-t-il, jugeant que je ne répondais pas assez rapidement.
- Tu as vraiment besoin d'une réponse ? Dis-je amusée. Ce serait plutôt à moi de te poser la question.
- Je t'avoue que j'adorerais que tu hurles pour prénom. Pendant, qu'on couche ensemble bien sûr, crut-il nécessaire de préciser.
Je tournai quelque peu le visage vers lui, juste pour avoir la possibilité de lui adresser un regard mi-agacé mi-amusé.
- Oui tu as raison, ça réveillerait le tableau de la vieille folle en bas. Mais tu imagines quand même, ajouta-t-il en riant. Je me demande à quelles insultes nous aurions le droit... « IGNOBLES ABOMINATIONS DE LA NATURE QUI COPPULEZ DANS LA NOBLE DEMEURE DES BLACK. UNE SANG DE BOURBE ET UN TRAITE A SON SANG ! REPUGNANTES VERMINES ! », Imita-t-il.
Cette fois-ci je ne pus m'empêcher de rire, car l'imitation était très bonne, mais si les mots employés restaient tristement réels.
- Ma beauté, murmura Drago en me forçant à me retourner face à lui.
Je lui répondis par un sourire gêné, car je me sentais tous sauf belle à cet instant. Je devais être toute ébouriffée.
- Weasley et Potter ont déjà couché avec des filles ?
Je trouvais toujours ahurissant, la faculté qu'il avait, de passer du coq à l'âne. Drago était infatigable, il ne pouvait pas rester bien longtemps silencieux. Je remerciai Merlin de ne pas être dans sa tête, j'en aurais eu le tournis.
- Alors ?
- Je n'en sais rien Drago, ce n'est pas le genre de sujet que l'on entame.
- Mais ce sont tes amis quand même, non ?
- Justement, on respecte l'intimé de chacun.
Drago eu l'air amusé et me rapprocha davantage de lui pour venir me serrer dans ses bras.
- Je propose que l'on reste dans cette position pendant au moins cinq ans. Qu'en penses-tu ?
J'allais lui répondre, mais je me stoppai subitement. La seule chose à laquelle je pensais, là, tout de suite, c'était lui que je sentais se durcir contre moi. Par Merlin, son état me donna subitement envie de lui. Une intense chaleur circula dans mon bas ventre et ma respiration s'accéléra malgré moi. Nous nous n'avions pas le temps de recoucher ensemble, nous aurions déjà dû être douché et habillé. Ron et Harry n'allaient pas tarder à arriver. Je me levai alors subitement du lit pour m'empêcher de craquer. Je savais pertinemment que Drago n'aura jamais pris cette sage initiative.
- Comment oses-tu me faire ça Hermione ? S'écria-t-il abasourdis. En en plus tu es nue là ! Ajouta-t-il en me désignant d'un air outré.
Je récupérai rapidement une robe de chambre qui trainait pour la revêtir sous l'œil déçu de Drago.
- Tu sais qu'ils ne vont pas tarder à arriver, et on est loin d'être en état de les recevoir là.
- Ca c'est sur, répondit Drago en jetant un œil sous la couette, au niveau de son entre-jambe.
Je me retins de lever les yeux au ciel.
- Lève-toi et va prendre une douche, lui ordonnai-je.
- Oui une douche !
Il sortit aussitôt du lit d'un air ravi. Je stoppai cependant rapidement l'idée qui semblait germer dans son esprit d'un regard autoritaire.
- Tu es affreuse avec moi.
- Oh oui, je suis un monstre, répliquai-je avec exagération.

Nous primes chacun une douche de notre côté, étant donné qu'il y avait deux salles de bain et lorsque je descendis en bas la première, à pas de loup pour ne pas réveiller le portrait, Harry et Ron étaient déjà là. Mais ils n'étaient pas la seule surprise. Ginny était présente également. Ils lui avaient tout dis ! Ils allaient se faire étriper par Molly Weasley ! Cependant, j'étais contente de sa présence et je lui adressai un sourire ravie, auquel elle répondit aussitôt.
- Drago termine sa douche et...
Je n'eus pas le loisir de terminer ma phrase étant donné qu'un grand fracas raisonna dans l'escalier, suivit d'un juron.
- Mince, il a dû se faire mal, dis-je en passant la tête dans le couloir.
La vieille femme se mit évidemment aussi à hurler, et après quelques secondes, je vis Drago se relever, d'un air particulièrement maussade. Lorsqu'il arriva à ma hauteur il me toisa pendant quelques instants.
- Aucun commentaire ! Me lança-t-il d'un air agacé en rentrant dans le salon. Et puis ces escaliers de m...
Il s'arrêta subitement. Il avait du voir mes trois amis.
- Ils viennent d'arriver, dis-je en le rejoignant.
Il grogna quelque chose que je ne compris pas et nous nous essayâmes tous les deux sur un canapé libre.
- Je croyais qu'elle ne devait pas être mise en courant ? Lança-t-il en désignant Ginny d'un signe du menton. Oh de toute façon, nous ne serons pas de trop, pour la tâche impossible qu'on nous a confiée. Ils ont complètement perdu la tête !
- Vous avez des idées ? Demandai-je à mes amis d'un air suppliant.
Ils firent tous non de la tête. Il fallait que je trouve quelque chose, même une toute petite piste pour pouvoir lancer la conversation et stopper ce silence gênant.
- Drago, dis-je en me tournant vers lui. Pour mettre quelque chose en place il faudrait déjà que nous les connaissions. Dis-nous ce qu'ils aiment ce qu'ils n'aiment pas, je ne sais pas...
- Vincent et Grégory aiment manger. Blaise, aime faire des jeux de carte, Théodore... Je ne sais pas ce qu'aime Théodore...
Je le regardai étonnée. C'était son ami et il ne savait pas ce qu'il aimait ?
- Il est plutôt timide et suiveur en règle générale, se défendit Drago. Pansy aime se faire belle et faire des blagues et Daphné est...
- On ne parle pas de Daphné, le coupai-je aussitôt.
Mes trois amis me regardèrent étonné. Même Drago ne sembla pas comprendre ma réaction.
- Je te rappelle, qu'elle a essayé de te sauter dessus, dès qu'elle a apprit qu'on n'était plus ensemble.
- Pendant que tu étais en train d'essayer de sauter sur Théodore, me rappela Drago.
- C'était votre idée ! M'exclamai-je. L'idée de Pansy même ! Je te rappelle que vous m'avez forcé !
- Vous parlez de quoi ? Demanda Harry d'une voix hésitante.
- Pendant qu'on était dans l'autre monde, on soupçonnait Théodore et Daphné de bien s'apprécier et nous avons voulu les rendre jaloux mutuellement, expliqua Drago. Donc Hermione a fait semblant de s'intéresser à Théodore.
- Bref, il s'est avéré que Daphné se fichait complètement de lui et que c'était Drago qui l'intéressait, dis-je pour couper court aux explications de Drago.
- Et pas Parkinson ? Demanda Ginny.
- Quoi ? Dis-je en fronçant les sourcils.
- J'ai toujours pensé que Parkinson avait un gros faible pour toi, dit-elle à Drago.
Il ricana avant de répondre qu'absolument pas. Qu'ils étaient juste de très bons amis, très complice.
- Donc c'est peut-être vers Parkinson que nous devrions prioritairement concentrer nos efforts, non ? Proposa Harry.
Drago secoua la tête.
- Pansy est très fière de son sang, fit-il.
- Tu l'étais aussi, lui fis-je remarquer.
- Ce n'est pas comparable, elle n'est pas amoureuse de Weasley ou Potter !
- Ron et Harry, corrigeai-je. Tu es sûr qu'elle ne pourrait pas avoir un petit faible pour eux ?...
- Merci Hermione, mais on va réfléchir à autre chose, intervint Harry.
- Et puis de toute façon il est avec la fille Weas...avec Ginny.
La phrase de Drago fut accueillit par un blanc.
- Quoi ? Fit finalement Ron et se retournant vers sa sœur et son meilleur ami.
- C'était dans l'autre monde Drago, fis-je en levant les yeux au ciel.
- Mais tu avais dis que quelque soit le monde, ils...
- C'était dans l'autre monde, répétai-je pour le forcer à se taire.
Evidement que j'étais persuadée que Ginny et Harry finiraient ensemble à un moment donné, mais il n'était pas nécessaire de filer des boutons à Ron, alors qu'il ne se passait rien de spécial pour l'instant, ou de mettre Harry et Ginny mal à l'aise.
- Si Théodore est un suiveur, il te suivra peut-être proposa finalement Harry.
- Il suit le groupe, pas une seule personne.
Nous entendîmes soudain la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer.
- Quelqu'un devait venir ? Demandai-je le cœur battant tout en sortant ma baguette magique.
Personne ne répondit, mais tout le monde sortit aussi sa baguette que nous pointâmes en direction de l'entrée du salon.
- Pourriez-vous abaissez ces baguettes, je ne pense pas qu'elles soient nécessaires, déclara Rogue d'une voix froide.
Nous nous exécutâmes.
- Drago, il y a des informations dont je dois te faire part, dit-il en lui désignant le couloir d'un signe de tête.
- Ils peuvent entendre, répondit-il même si j'eu l'impression que ce n'était pas réellement ce qu'il souhaitait.
C'était certainement pour montrer aux autres qu'il était digne de confiance et qu'il ne complotait pas avec Rogue. Ce dernier nous fixa pendant quelques secondes, reporta son regard sur Drago, puis finis par ouvrir la bouche.
- Les mangemorts sont au courant pour ta disparition.
- Déjà ? S'en étonna Drago.
- Oui, c'est Mlle Parkinson qui en a parlé à sa mère hier dans une lettre et j'ai confirmé, en tant que professeur, que nous avions remarqué ta disparition. J'ai dis que je soupçonnais l'Ordre d'avoir compris tes intentions.
Je sentis Drago se crisper sur le canapé et j'attrapai sa main dans la mienne pour essayer de le réconforter.
- Et mes parents ? Demanda-t-il. Que s'est-il passé pour mes parents ?
- Ce qui était prévu... Voldemort a assuré que cela ne l'étonnait guère, que tu étais un incapable au même titre que ton père.
- Mais mes parents !! Qu'on dit mes parents ? S'écria Drago en se levant du canapé.
- Ils sont affolés, répondit enfin Rogue. Même s'ils essayaient de ne pas le montrer. Mais je dois vous communiquer une information, dit-il d'un air hésitant.
Nous le fixâmes tous impatients.
- Je suppose que si je te prends à part pour te le dire, tu vas le dire à Mlle Granger ? Qui s'empressa de le dire à toute la petite troupe qui est réunit ici ?
Notre silence confirma ses suppositions.
- Bien, en début d'année, j'ai fais un serment inviolable avec ta mère Drago. J'ai juré que je te protègerais. Donc, je pense que c'est vers moi qu'elle va se tourner lorsqu'elle verra que je suis toujours en vie.
Ainsi Rogue avait un cœur, au moins pour son filleul. Pour la première fois de ma vie, j'éprouvais un élan d'affection pour ce professeur que j'avais toujours détesté.
- Le problème, poursuivit-il, c'est que ta tante Bellatrix était présente lors de ce serment. Donc elle risque aussi de se tourner vers moi. A Bellatrix, j'expliquerais que cela veut simplement dire que tu es en vie, mais à ta mère... Mon but est de lui faire comprendre que tu es en sécurité et qu'elle peut aussi l'être.
- Et comment comptez-vous vous y prendre ? Insista Drago.
- Je ne sais pas encore, mais j'y arriverais.


- Rogue est ton parrain ? Demanda soudain Harry alors qu'il surveillait Kreattur qui préparait le repas.
- Voyons Harry, on le sait tous, répliquai-je en levant les yeux au ciel.
- Non, on ne le savait pas, fit Ron.
- Eh bien maintenant c'est chose faite.
- Il a fait un très beau geste avec ce serment inviolable, fit remarquer Ginny.
- Oh je t'en pris Ginny, il s'agit de Rogue, répliqua Ron en faisant une grimace.
Ginny et son frère insistèrent sur leur désaccord, mais je n'écoutais plus. Je fixai ce qu'était en train de faire Drago. Il n'allait tout de même pas oser ? Je lançai un regard interdit à Harry qui regardait lui aussi Drago avec curiosité.
- Drago, je te préviens, tu n'as pas intérêt à...
Trop tard.
Le morceau de fromage qu'il avait déposé dans une cuillère, à la manière d'une catapulte, venait de foncer sur Kreattur. L'elfe sursauta et se tourna subitement vers Harry et moi qui le fixions. Drago, quant à lui, faisait sembler de s'intéresser au contenu du plateau de fromage. Je vis Harry se mordre l'intérieur des joues pour ne pas rire, quand à moi, j'étais exaspérée.
- Ce n'est parce qu'il a fait une bonne action dans sa vie que...
- Il l'a tout de même faite ! Fit Ginny tenant toujours tête à son frère.
- Il l'a fait alors que Malefoy était dans l'autre camp ! Ca se trouve, il n'est même pas vraiment de notre côté.
Drago avait profité du fait que je m'étais détournée de lui, pour réitérer sa bêtise envers l'elfe.
- Drago ! Grondai-je.
Cette fois-ci, Kreattur avait compris d'où venait l'attaque.
- Sale gamin, qui ne sait pas faire honneur à son sang, grogna-t-il dans sa barbe avec méchanceté.
- Tais-toi incapable ! Lui répondit aussitôt Drago. Si tu cuisinais plus vite, tu ne recevrais pas des morceaux de fromage !
La dispute de Ginny et Ron s'était arrêtée depuis quelques secondes, afin de suivre la scène qui se déroulait avec l'elfe.
- Il fait ce qu'il peut, tentai-je.
Drago se retourna vers moi en ouvrant de grands yeux ronds.
- Mais tu arrêtes ! Il est quatorze heures, et le repas n'est pas prêt ! Tu trouves que c'est normal ?
- Il a dû penser qu'on ne mangerait pas et puis, nous pouvons nous faire à manger nous-mêmes, répondis-je.
- Mais non ! S'écria-t-il. C'est un elfe de maison ! Un elfe de maison, répéta-t-il exaspéré. Son rôle est de préparer entre autre les repas, qu'on les mange ou non ! Mais regarde avec quel lenteur il épluche les légumes ! Il le fait exprès ! Potter ! Donne-lui un vêtement ! Je t'offrirais un autre elfe ! Mais débarrasse-toi de cet incapable !
- Je ne pense pas que tu sois en mesure de lui en acheter un autre, répondis-je avec fermeté.
Le regard de Drago se décomposa et je me rendis aussitôt compte de ma bourde. C'était presque de la méchanceté gratuite. Drago venait de couper les ponts avec sa famille, il n'avait donc plus la moindre pièce en poche.
- Désolée, je ne voulais pas dire ça, dis-je précipitamment.
- Non mais tu as raison, répondit-il d'une voix aiguë. Je n'ai plus d'argent, merci de me le rappeler. Je n'ai plus rien d'ailleurs.
A ces mots, il sortit de la cuisine, me laissant mes amis et moi dans un silence de mort. Ron regardait ses pieds, Harry foudroyait du regard l'elfe dont il avait malheureusement hérité, quant à Ginny, il me fixait avec sévérité tout en m'indiquant la porte de sortie.
Je consentis donc à sortir de la cuisine pour rejoindre Drago.

Ce fut dans le salon que je le trouvai. Il était debout et fixait l'extérieur par le biais d'une des fenêtres.
- Ce n'est pas la peine de t'excuser, dit-il lorsque je fus à côté de lui. Je sais que tu n'as pas voulu être méchante. Par contre avoue que cela t'aurait fait rire, si c'était sur un sorcier que j'avais lancé ces bouts de fromage.
Il n'avait pas tord.
- C'est juste que tu prends tout mal lorsqu'il s'agit des elfes de maison. Enfin là n'est pas le problème, poursuivit-il. Je m'ennuie. Personne n'est drôle, personne ne s'amuse, personne ne rit. Je n'ai pas l'habitude de tout ça. Enfin si, lorsque que Voldemort est revenu, l'ambiance n'était plus la même chez moi, mais il me restait au moins Poudlard. J'avais au moins mes amis, là je n'ai plus rien.
- Je suis là moi, tentai-je.
- Je sais, mais je ne peux pas simplement vivre d'amour et d'eau fraiche. Désolé, ajouta-t-il. J'ai besoin de plus, tu comprends ?
J'acquiesçai d'un signe de tête. Je comprenais totalement.
- Alors donnes-toi les moyens de te faire apprécier, dis-je.
- Mais ils me parlent à peine !
- Parce qu'ils ne te connaissent pas encore. Je te détestais autant qu'eux avant.
- On ne peut pas détester quelqu'un qui a réussit à apprendre à Hermione à voler sur un balais.
Nous nous tournâmes dans un même mouvement vers Harry, Ron et Ginny, qui se tenaient à l'entrée du salon.
- Dans les souvenirs que vous nous avez montré, on a vu que tu apprenais à Hermione à voler, insista Harry. Je peux te jalouser, car tu as réussis là ou j'ai lamentablement échoué de nombreuses fois, mais je ne peux plus te détester.
- « On » ne peut plus te détester, ajouta Ginny en lui adressant presque un sourire.
- On ne voulait pas écouter votre conversation, poursuivit Harry, mais... On doit apprendre à se connaître.
Je vis Drago hausser les sourcils en même temps que moi.
- On va tous s'asseoir dans ce salon et se poser des questions. C'est peut-être un peu enfantin, mais si quelqu'un à une autre idée ?

Nous étions à présent tous installés confortablement sur les canapés et fauteuils du salon, nous regardant tous, tour à tour. Ginny semblait impatiente de commencer, Harry déterminé, Ron mal à l'aise, Drago intimidé, quant à moi... J'avais peur. Peur que l'un d'eux pose la question qu'il ne fallait pas, la question de trop.
- Bon, je commence, tentai-je avant que Drago ne me coupe la parole.
- Et tu veux poser une question à qui ? A tes amis ? A moi ? Tu es la seule à tous nous connaître. C'est moi qui vais commencer.
Je fus surprise, mais heureuse de l'initiative de Drago. J'attendis alors patiemment qu'il pose sa première question.
- Comment sont les moldus qui t'ont élevé ? Demanda-t-il à Harry.
Je m'étais attendu à tout sauf ça. La réponse l'intéressait-elle réellement où faisait-il semblant ? Quel était le but d'une telle question ?
- Ils sont horribles, répondit Harry.
Drago ne masqua pas sa surprise.
- J'ai été élevé par la sœur de ma mère qui déteste la magie et tout ce qui en découle, poursuivit Harry. Lorsque j'ai eu onze ans, ils ne voulaient même pas que j'intègre Poudlard.
- Il dormait dans un placard, ajouta Ginny.
- Ils étaient si pauvre que ça ? Demanda Drago dans un hoquet de surprise.
- Non, ils estimaient juste que je ne méritai pas de chambre, répondit Harry.
Drago se tourna vers moi, comme s'il attendait que je démente cette information. Cependant, je hochai la tête pour confirmer et Drago reporta son attention sur Harry.
- Mais j'ai une chambre maintenant, ajouta-t-il.
Après quelques secondes de silence, ce fut Ginny qui posa une question.
- Le sang d'Hermine ne te dérange donc pas ?
Je lui adressai un regard alarmée. C'était justement le genre de question que je craignais.
- Eh bien je pense qu'Hermione n'est pas totalement issue de parents Moldu, confia Drago très sérieusement. Une sorcière aussi intelligente qu'elle ne peut pas avoir ses deux parents dénués de pouvoir magique. Je pense que son père n'est pas son vrai père et que...
- Drago ! Grondai-je en levant les yeux au ciel.
- Oh ca va, dit-il d'un air amusé. Je me fiche de cette histoire de sang, je m'en fiche totalement. Le concept de sang pur est juste quelque chose qui permet à certains sorciers de se sentir mieux.
- Je ne me sens pas spécialement mieux, avoua Ginny.
- Parce que tu tires ta force autre part.
J'étais impressionnée par la belle réponse qu'avait faite Drago.
- Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? Lui demanda Ron qui semblait s'être forcé à trouver une question.
- Ce n'est pas intéressant ! Intervins-je d'une voix forte.
Mes amis me regardèrent tous étonné.
- Il veut travailler au ministère, ajoutai-je.
- N'importe quoi ! S'exclama Drago en me fusillant du regard. En fait, Hermione m'a fait découvrir quelque chose de moldu durant les vacances de Noël, expliqua-t-il enthousiaste. Et... Et je ne vais pas en dire plus, parce que je ne veux pas que mon idée s'ébruite et qu'on me la pique. Mais en gros, je veux implanter ce concept moldu, dans le monde ses sorciers ! Ce sera une révolution sans nom ! Je vais redevenir riche !
Je fixai le tapis à mes pieds d'un air désespéré, tandis que mes amis s'échangeaient des regards ahuris.

Drago et mes amis continuèrent de se poser des questions durant toute l'après-midi et aucune question indélicate ne vint troubler ce début d'entente. Il leur faudrait du temps à tous, pour bien s'entendre, mais au moins, les bases étaient à présent posées. Et il me semblait que c'étaient de très bonnes bases.


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