Book of Love

Chapitre 8

"Pourquoi j'ai fait ça?" Est certainement la première question que tous les alcooliques festifs se posent le lendemain d'une soirée trop arrosée. Mais, malheureusement cela ne sert jamais de leçon pour les fois suivantes. Comme si notre subconscient parvenait à effacer cette migraine lancinante et horriblement douloureuse, qui nous poursuit tout au long de la journée. La faisant passer pour minime comparé à l'euphorie qui nous gagne une fois alcoolisé.

Seulement, ce matin, je n'en suis pas encore à cette étape, loin de là. Pour le moment, je subis, et vu le reflet qui se dégage du miroir, je pourrais largement avoir ma place dans le clip de thriller. D'ailleurs, c'est bien la première fois que je reste au lit sans même prendre la peine de me préparer. J'ai même demandé à la réceptionniste de me monter mon petit déjeuner, prétextant une mauvaise grippe. Bien que je ne voie pas trop pourquoi je devrais lui fournir une quelconque excuse, elle n'a que ça à foutre de sa matinée. En parlant du loup, le voilà qui montre sa queue. Elle vient de toquer à la porte et je sors alors avec la plus grande des difficultés de mon lit. Je m'appuie contre les murs afin que ceux-ci ne me soutiennent dans l'effort incommensurable qui est d'ouvrir une porte. Une fois celle-ci ouverte, je ne prends pas le temps de la regarder et lui indique d'une main tendue le bureau.

- Eh bien, c'est encore pire que Sydney.

Mes pieds décollent certainement de plusieurs mètres quand je m'aperçois que ce n'est pas la Mama de l'accueil qui se tient dans ma chambre. Tyler est devant moi, avec ce qui me semble être mon plateau déjeuner. Une fois que le plateau fut posé, il se tourne vers moi un sourire amusé sur les lèvres, mais il ne le garde pas bien longtemps. Son regard se pose sur mon corps et je réalise soudain que je suis seulement vêtu de ma nuisette en soie noire. Sa manière de me dévorer des yeux me procure immédiatement des frissons dans tout le corps, faisant pointer mes seins comme jamais. Et avant que tous ceux-ci ne deviennent trop embarrassants, je pars à la recherche de ma robe de chambre qui se trouve dans la salle de bains. Quand je reviens, il me semble que sa bouche est encore grande ouverte. Il se reprend tant bien que mal, et retrouve enfin l'usage de la parole.

- Je suis désolé, j'aurais dû m'annoncer avant de venir. Je voulais juste savoir comment tu allais.

Il paraît terriblement gêné par la situation. Mais moi ce qui m'ennuie le plus, c'est l'horrible allure que ma tête doit avoir à cet instant.

- Ce n'est pas grave. Ce n'est pas comme si tu m'avais surprise complètement nu.

Ma voix est aguicheuse et même si je ne dis cela que pour le mettre un peu plus mal à l'aise. Je me perds à mon propre jeu en sentant à cette simple évocation mon corps s'embraser. Putain, je suis déjà en manque.

Comme voulu, il rougi et je trouve ça plutôt mignon venant d'un homme.

- Tu veux rester déjeuner avec moi?

A peine cette phrase est-elle sortie de ma bouche, que je me demande ce qui a bien pu se passer dans ma tête pour sortir une telle connerie. Je mets cela sur les dernières effluves de l'alcool, et croise maintenant les doigts pour qu'il refuse.

- Cela aurait été avec plaisir, mais il faut que j'aille travailler.

- Oh bien sûr, y a pas de soucis.

"Y a pas de soucis", bien sûre qu'il n'y a pas de soucis. Je ne sais même pas pourquoi je me sens déçu. J'essaye de reprendre de mon assurance et me dirige vers la porte pour lui indiquer la sortie. Ce tête-à-tête me met maintenant mal à l'aise et je ne souhaite plus qu'une chose, le voir partir. Il m'observe et finit par s'avancer incertain vers moi.

-J'ai reporté le repas avec ma sœur à ce soir. Ca te dirait de te joindre à nous? J'aimerais bien, moi aussi, entendre toutes ces blagues dont tu as gratifié Sydney hier soir.