Ce matin, je vous épargne le passage où bien évidemment je me lève avec un sale mal de tête. J'ai l'impression de jouer depuis que je suis arrivé ici dans le fameux film "Un jour sans fin", où ce putain de réveil s'enclenche à la même heure et où les mêmes choses se répètent. Sauf que moi, c'est mon mal de tronche qui s'immisce à la même heure et à chacun de mes réveilles.
Je me lève donc encore une fois d'une humeur massacrante, j'enfile mon jogging en vitesse et descends rapidement les escaliers sans même regarder si la réceptionniste est installée à son poste. Le temps est particulièrement brumeux ce matin et la petite brassière que j'ai enfilés me paraît bien légère tout à coup. Je réprime les frissons qui s'insinuent sous ma peau et pars en trombe sur la route. Mon IPod est branché au plus haut de son volume sur mes oreilles, ce qui me permet de m'évader quasi instantanément. Le stress emmagasiné s'éloigne au fur et à mesure que mes pas s'écrasent sur le bitume. Comme hier je m'engouffre dans des sentiers sans vraiment savoir où je vais. Les paysages sont toujours aussi merveilleux et plus j'avance dans ma course, plus les habitations se font vacantes.
Je ralentis la cadence quand j'entraperçois au loin un petit coin d'eau entouré égoïstement d'une verdure bien particulière. La curiosité me gagne et j'ai bien envie d'aller jeter un coup d'œil sur cette petite merveille de la nature. Je m'avance alors, et découvre avec admiration un lieu d'une parfaite splendeur. Un petit étang trône au milieu d'un champ fleuri, et un ponton en bois est rattaché au bord de la rive. Un vrai havre de paix. Je m'imagine déjà, installé sur ses planches de bois vieillies par l'usure du temps, un bouquin à la main, les pieds flottant dans l'eau. Avec pour seule musique le clapotis de l'eau et le chant des oiseaux. En clair, personne pour m'emmerder, juste moi et mes pensées.
Un bruit de branche écrasée me sort immédiatement de ma rêverie. Je me tourne alors effrayé, et aperçois au loin une ombre sortir des sous-bois. Mais je suis très rapidement soulagé quand je m'aperçois de qui il s'agit. Mes épaules se relâchent et je m'avance vers lui.
- C'est une propriété privée, vous n'avez rien à faire ici. Veuillez partir immédiatement.
Bon, il est encore loin, il n'a vraisemblablement pas dû me reconnaître.
- Salut Tyler. Excusez-moi, je ne savais pas que ce lieu appartenait à quelqu'un. Décidément nous sommes souvent amenés à nous croiser ces derniers temps.
Qu'est qui me prend à sourire de la sorte? Il va vraiment finir par me prendre pour une débile.
- Vous n'avez pas vu le panneau en arrivant, stipulant qu'il s'agit d'une propriété privée? Donc, je vous le répète, veuillez partir immédiatement.
Son ton est froid et menaçant, je ne sais pas quelle mouche l'a piqué, mais il commence sérieusement à m'énerver celui-là.
- On s'est levé du pied gauche ce matin? Rox et Rouky se sont encore barrés ?
Ma blague douteuse sur le film de Disney, ne lui décroche même pas un léger sourire. Il me fusille alors du regard et je comprends que monsieur n'a pas envie de plaisanter. Ses lèvres restent scellées en une fine ligne dure et autoritaire. Je prends le parti d'abandonner cet échange des plus stériles et pars ensuite sans autre commentaire, dans la direction opposée de celui-ci.
Une fois à nouveau sur la route, je ne peux m'empêcher de me demander qu'est-ce qui a bien pu engendrer un changement si soudain de sa part. Il était méconnaissable, un vrai fou furieux. J'essaye tant bien que mal de mettre cet épisode douteux de côté et accélère le rythme de ma foulée.
Ma course une fois terminée, je rejoins ma chambre au plus vite, afin de finir ce manuscrit le plus rapidement possible. Les gens ici sont encore plus givrés que ce que je le pensais.

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Book of Love
RomanceJoe a presque tout pour elle. Un travail de rêve, de l'argent, un appartement magnifique à New-York, et un dressing qui en ferait baver certainement Carrie Bradshaw. Seulement, Joe est aussi une garce sans cœur, qui à l'âge de 26 ans se retrouve san...