Le regard dans le vide, j'essaie de ne plus penser à rien. Cela doit faire maintenant 2h que nous roulons en direction de l'aéroport, et ni moi ni Harold, n'avons ne serait-ce qu'ouvert la bouche. Seule la radio comble le silence de l'habitacle et m'occupe par la même occasion l'esprit. Ce même esprit qui, à mon plus grand dam, essaye par tous les moyens de me faire penser à Tyler.
Tyler, rien que de prononcer ce prénom, ça me donne la furieuse envie de me filer des claques. J'aimerais que l'on m'explique comment notre cerveau n'arrive pas à comprendre par lui-même qu'il y a certaines choses qu'il ne doit plus renvoyer à tout bout de champ. Un peu comme sur ordinateur, tu mets dans la corbeille et on en parle plus.
J'ai pourtant un intellect très largement supérieur à la moyenne, mais il faut croire que quand le coeur s'en mêle, tu deviens aussi con que tout le monde.
Finalement, l'idée de ne pas prononcer un mot jusqu'à notre arrivée, n'est peut-être pas aussi bonne que cela. Me distraire, voilà ce qu' il me faut.
- C'est quoi ce gros projet dont tu as parlé la dernière fois?
Certainement surpris que je lui adresse enfin la parole, Harold met quelques secondes à comprendre que c'est à lui que je m'adresse et à enfin repondre.
- Comme je l'ai déjà dit, je ne peux pas en parler pour l'instant, mais cela pourrait bien me faire enfin entrer dans la cour des grands.
Un large sourire se dessine sur son visage et il est clair que ce projet lui tient très à coeur.
- Je ne peux même pas avoir l'ébauche d'un indice?
J'ai toujours été de nature curieuse, et le fait qu'il soit si évasif m'intrigue plus que de raison.
- Disons que mon nom sera bien plus voyant dans les génériques de fin.
Je comprends tout de suite où il veut en venir, et décide de me contenter de cette réponse. Harold n'a vraiment rien à voir avec son frère, il n'a peur de rien et avance avec une grande détermination dans la vie. J'irai presque jusqu'à dire que je l'admire. Presque.
- Et toi, quels sont tes futurs projets à New-York ?
A l'entente de cette question, un long soupire s'échappe de ma bouche. A l'heure actuelle des choses, je n'ai pas d'autre projet que celui de bosser comme une dingue.
- Je vais simplement reprendre mon poste là où je les laissais et recommencer à supporter toutes les personnes qui respireront à côté de moi.
Mon conducteur hoche simplement la tête, mais je vois très bien que quelque chose le chagrine dans ce que je viens de dire. Donc je ne suis pas vraiment étonné quand je le vois à nouveau ouvrir la bouche.
- Tu sais Joe, je n'ai pas la prétention de dire que je te connais. Mais en tout cas, le peu de temps que nous avons partagé ensemble, j'ai pu constater que ce voyage t'avait rendu plus humaine. Et si tu veux mon avis, j'ai bien mieux apprécié cette Joe là, que celle de l'aéroport. Bien que celle de l'aéroport m'ait laissé de très jolis souvenirs.
Il finit cette phrase par un léger clin d'oeil, mais je n'arrive pas à lui rendre un sourire. Cette remarque me laisse comme un goût amer dans la bouche, car si je suis sincère avec moi-même, je sais qu'il a raison. Mais malgré cela, je dois garder en tête qu'une fois chez moi, tout doit recommencer comme avant.
- Je vais me reposer un peu avant notre arrivée à l'aéroport.
Sans attendre de réponse, je me tourne vers la vitre afin de clore définitivement la discussion. Je l'entends taper légèrement sur le volant, preuve incontestable qu'il regrette d'avoir abordé ce sujet.
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Book of Love
RomanceJoe a presque tout pour elle. Un travail de rêve, de l'argent, un appartement magnifique à New-York, et un dressing qui en ferait baver certainement Carrie Bradshaw. Seulement, Joe est aussi une garce sans cœur, qui à l'âge de 26 ans se retrouve san...