Chapitre 4

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Après 4h de vol, me voilà enfin arrivé au pays des cow-boys. Bon j'exagère peut-être un peu en stigmatisant cette ville mais j'ai tout de même croisé quelques messieurs avec leurs horribles chapeau de country. Je sais que le ridicule ne tue pas, mais le mauvais goût peut clairement me donner des hauts le cœur.

Le conducteur du taxi qui doit me conduire à Granger est déjà sur place avec une pancarte ridicule portant mon nom. Je le rejoins rapidement et lui indique où se trouvent mes bagages. Il n'est pas très bavard et ça me convient très bien. Je vais même prendre son numéro pour mon voyage retour qui aura lieu d'ici quelques jours.

Les paysages, qui s'écoulent devant moi après notre sortie d'Austin, me font penser à un mauvais film d'horreur, quelques magasins par-ci par-là , mais surtout des champs et des haras. En bonne Citadine que je suis, je ne suis pas sûr de survivre sans un bon Starbucks ou une boutique Vuitton. Et au plus nous nous approchons du lieu indiqué, au plus l'envie de retourner dans ma grande ville se fait pressante. Il faut dire que cela fait maintenant un bon moment que je ne suis plus parti dans ce genre de patelin, donc j'ai comme qui dirait, perdu l'habitude. Donc la seule et unique question qui tourne en boucle depuis mon départ est :

Pourquoi ai-je accepté ? Simplement parce que mon tyrannique de patron ne m'aurait jamais laissé retourner au travail sans ça.

Le panneau indiquant que nous sommes arrivés à destination, me fait lever la tête de mes dossiers. Et devant mes yeux dépités défile une boutique de vêtements défraichi, un vieux cinéma en état de décomposition, un bar miteux et un snack aux allures des plus rétros. Toutes les personnes qui se croisent se saluent, comme si tout le monde se connaissait. En même temps avec seulement 1500 habitants, tu dois vite avoir fait le tour. Ils ne doivent même pas avoir besoin de portable ici, un pigeon voyageur doit largement faire l'affaire. Bref je vais devoir subir ça et il n'y a désormais plus de retour en arrière possible.

Le taxi s'arrête devant un bâtiment à la façade exagérément rouge, où les fenêtres sont encadrées par des épais tasseaux blancs. Cliché au possible du comté où nous sommes.

- Je parie que vous ne tiendrez pas deux jours.

C'est officiel, ce chauffeur est aussi pessimiste que moi, et le ton moqueur qu'il emploie me plaît énormément.

- J'ai emporté avec moi plusieurs litres de vin, ça devrait réussir à me faire oublier où je suis pendant un certain temps.

- Je ne suis pas sûre que ça réussisse à vous faire oublier que vous êtes perdu au beau milieu du trou du cul du monde.

Il a, je dois l'avouer, malheureusement raison. Et qui plus est, je ne vais vraisemblablement pas pouvoir me mettre ivre du matin au soir. Je finis par grogner et avec le plus grand des efforts, je parvins à sortir de la voiture. La chaleur suffocante qui s'impose à moi, me fait immédiatement penser que je vais devoir troquer ma robe Prada d'hiver contre quelque chose de plus léger.

J'entre donc le cœur morose à l'intérieur de l'hôtel sans attendre le chauffeur qui se charge de mes bagages. Un comptoir tout en bois fait office de réception et je suis à peine surprise de le trouver vide, sans personne pour m'accueillir. Cela doit être le genre d'hôtel où la réceptionniste est aussi femme de ménage, cuisinière et teinturière. Un léger pivotement de la tête me fait découvrir une déco sur les murs des plus affligeantes. Des chapeaux de cow-boys y trônent un peu partout ainsi que des arceaux et des scelles de cheval. Il va falloir que je m'habitue à voir tant de mauvais goût sinon je crains de ne pas survivre aux multiples crampes d'estomac qui m'assaillent.

Le chauffeur finit par me rejoindre avec mes bagages. Je lui donne alors un généreux pourboire et lui demande sa carte pour le retour. Je n'ai évidemment pas besoin de régler, car tous mes frais sont forts heureusement pris en charge par mon patron.

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