Book of Love

Chapitre 13

Le repas, c'est terminé, il y a un peu plus d'une heure, et plus un bruit ne résonne depuis dans la maison. Je suis parvenue à occuper ma soirée sans faillir une seule fois à mon envie d'aller parler à Tyler. Cette envie, qui sans nul doute, engendrerait  un nouveau mensonge de ma part.

Le fait qu'il est très mal réagi à l'entente de mon métier, ne laisse aucune place au doute sur la prochaine réaction qu'il aura face à la vérité de ma venue ici. Pourtant, je sais qu'il faudra bien le lui dire un jour, mais pas encore, en tout cas pas maintenant.

J'ai besoin de temps. Je ne sais pas trop pourquoi à vrai dire, car l'issue finale sera tout aussi désastreuse, si ce n'est pire. Mais je ne saurai l'expliquer, je dois reporter le plus loin possible l'échéance de ce prochain désastre dans ma vie.

Je dramatise, certes, un peu trop la situation, mais quand j'y réfléchis bien, il y a de très grandes chances qu'après cette révélation, tout soit terminé.

La question que je me pose maintenant est "Est-ce que tout reviendra à la normale après ça? Ou me retrouverai-je encore plus seule que je ne l'étais déjà? "

Je suis pourtant parvenue à tromper tout mon petit monde jusqu'ici, sans faillir une seule fois à ma réputation de garce. Ne me lier d'amitié avec personne a été le premier pilier d'une longue et solide fondation, s'en est suivi l'apport de ciment de par ma méchanceté. Et ensuite les briques n'ont eu de cesse de s'empiler, à un point que plus personne ne pouvait m'atteindre. Tout du moins, jusqu'à ce que Robert m'envoie ici.

Et maintenant me voilà à me morfondre sur moi-même et sur l'erreur que j'ai commise en me rendant ici. C'est pathétique.

Je crois que rester enfermé dans cette chambre est en train de me rendre complètement barge. Il faut que j'aille prendre l'air au plus vite.

Ma robe de chambre enfilée, je me faufile le plus discrètement possible en direction des escaliers. Les portes de mes voisins de chambré sont toutes fermées, et cela me rassure sur le fait que je ne croiserai certainement personne pendant ma petite escapade.

Une fois le rez-de-chaussée atteint, je décide avant de sortir de me trouver quelque chose à grignoter. Je n'ai rien mangé de la journée, et à cette allure je ne vais pas tarder à faire un malaise si je n'avale pas quelque chose rapidement.

Je prends le parti de ne rien éclairer, de peur de réveiller qui que ce soit. La cuisine est comme à son habitude parfaitement rangée. La lueur de la lune suffit à m'orienter jusqu'au frigo. Une fois celui-ci ouvert, j'ai la surprise d'y découvrir à l'intérieur un petit mot.

" Ce club sandwich est pour toi. Ne t'inquiète pas, j'ai misé sur la simplicité. Bonne nuit. Tyler"

Je ravale immédiatement la boule de désespoir qui m'envahit soudain et me demande comment un homme aussi parfait peut se trouver au travers d'un chemin aussi terrible que le mien.

Je finis donc par saisir mon encas, et me dirige discrètement vers la sortie. Malgré l'heure tardive, je suis agréablement surprise par la chaleur qui règne encore dehors. Je respire alors un grand coup, et parviens à me libérer d'une partie de mon anxiété.

Mes pieds me mènent directement vers le fond du jardin, où je me souviens y avoir aperçu une magnifique balancelle en fer. Je ne porte aucun chausson, ce qui me permet d'apprécier la fraîcheur de l'herbe sous ma voûte plantaire. Une fois arrivée à destination, je m'installe aussi confortablement que possible, et mange dans le calme le plus plat mon club sandwich.

La nuit ne m'a jamais angoissé, au contraire, elle m'apaise. C'est certainement un des seuls moments de la journée où je parviens un tant soit peu à me retrouver. Rien ne parviens à parasiter mes pensées, ce qui est assez rare.