La Tentation d'Alice

4. Qu'est-ce qui se passe?

« Avoue qu'il y a une chance sur des millions d'avoir à subir une panne de courant alors qu'on est en plein rituel d'invocation d'un démon ! Il n'y a qu'à toi que ça peut arriver ! », avait rigolé Corinne sur le pas de ma porte au moment des adieux.

Je souris distraitement à ce souvenir. J'avoue, les événements de cette nuit me portaient encore sur les nerfs. Je ne savais pas ce qui m'énervait le plus, m'être laissée embarquer dans cette idée ridicule de rituel ou d'avoir cru l'espace d'un instant que le rituel avait fonctionné... et donc que j'étais une sorcière.

Nous avions finis de ranger vers 1h du matin et à ce moment là, la lumière était enfin revenue. Je m'étais stupidement sentie rassurée. Il m'avait encore fallu un moment pour trouver le sommeil, les nausées et la sensation d'être branchée sur une prise de courant ne me quittaient pas. A tel point, que j'en avais la chaire de poule. J'avais eu recours à cette bonne vieille habitude de la tisane à la verveine que ma mère me faisait toujours lorsque, enfant, j'étais surexcitée.

Tout ceci expliquait ma tête de déterrée ce matin et le mal de crâne qui semblait me vriller le cerveau en trois. Je grimaçais en me regardant dans le miroir. Une douche me ferait le plus grand bien !

Mais d'abord, un petit déjeuner ! Je mis en route la cafetière et je fouillais un moment avant de trouver le grille pain, un modèle ancien et un peu cabossé. Lorsque je voulu y placer mon pain, je lâchais brutalement l'appareil qui heurta le sol dans un bruit sourd. Il était anormalement brulant.

J'allais passer ma main sous l'eau du robinet lorsqu j'eus soudain la sensation d'une décharge de courant ,dans les mains.Du moins, c'est ce que j'eus à peine le temps de penser avant que tout ne s'enchaîne. Des bruits de grésillements se firent entendre des différents électroménager de la pièce.

La machine à café se mit en route, déversant bien plus de café que ne pouvait en contenir ma tasse. De la fumée et de petites flammes violettes sortirent du grille pain toujours au sol et branché. En tentant de l'éteindre, je me brûlais une seconde fois. Je ne pu retenir un cri de douleur et de nouveau, je ressentis cette impression de courant dans mes mains.

La radio se mit à beugler différentes musiques, passant d'une chaine à l'autre dans une cacophonie désagréable, les lampes clignotèrent de concert. Trois secondes plus tard, tous les appareils rendirent l'âme simultanément.

J'observais le carnage, le souffle court.

« Mais qu'est ce qu'il s'est passé? », murmurais-je abasourdie.

J'avisais ma main, le bout de mes doigts était rougit et gonflé. Cela me picotait douloureusement. Alors que je me dirigeais à nouveau vers l'évier, après avoir vérifié qu'il n'y avait plus de risques, j'entendis frapper à la porte.

« Hello ? Alice ? C'est Mike, le voisin toujours super sympa d'en dessous... J'ai cru t'entendre crier... Enfin, je suis venu voir si tout va bien ! »

« Je suis là ! Désolée, j'ai encore réussi à vous... enfin à te faire peur ! Ça devient une habitude ! »

Il était déjà habillé, cheveux humide, polo bleu ciel au col déboutonné, jeans et ... pieds nus.

Suivant mon regard, il sourit.

« J'allais prendre le petit déjeuner, je n'avais pas prévu de devoir te rendre visite... J'ai encore joué au héro sans peur pour pas grand chose, j'ai l'impression. Je peux peut être t'aider ? », demanda-t-il avec un petit sourire en coin qui me fit palpiter le coeur un peu plus vite.

« Hé bien, je ne sais pas trop... Si tu t'y connais un peu en électricité, peut être ! J'ai voulu brancher le grille pain et tout à commencer à grésiller la dedans », dis-je en montrant la cuisine d'un signe de tête, « Je me suis brûlée avec le grille pain et je l'ai laissé tomber. C'est ce que tu as du entendre... »