5. Cœur qui palpite

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***** Kelen en média


Depuis mon réveil, un peu plus tôt cette nuit, le chat ne m'avait pas quitté. J'avais bien tenté de le remettre dehors. Il était simplement resté là, à me fixer à travers les fenêtres de l'appartement, me suivant de pièce en pièce malgré la pluie. De guerre lasse, je l'avais à nouveau laissé entrer. La façon dont il avait pu le faire, seul, cette nuit restait un mystère. Attablée devant mon bol de cacao chaud, je fixais l'intrus.

Je n'aimais pas les chats. Enfin, ce n'est pas que je ne les aimais pas, c'est juste que de manière générale mes souvenirs en rapport avec ces animaux n'étaient pas simples. Ma mère en avait eu un lorsque j'étais petite et je me souviens encore qu'il me suivait partout. Absolument partout. Il m'étouffait, à tel point que j'avais dû apprendre à être aussi discrète qu'une ombre pour aller dans la salle de bains ou simplement sortir de chez-moi. Et quand on est aussi maladroite et gracieuse qu'un pachyderme, comme moi quoi, c'était mission impossible. J'avais donc passé la majeure partie de mon enfance et de mon adolescence à me faire chambrer à cause "de ma nounou à quatre pattes". Et puis, le problème avec ces bêtes-là, c'est que vous pensez ne pas y être attaché et le jour où ils se font écraser devant vous, vous vous retrouvez en larmes pendant des semaines entières. Et vous culpabilisez le reste de votre vie. Donc, je n'aimais pas les chats.

Alors pourquoi est-ce que cette bestiole était en train de laper un bol de lait sur la table ? Parce que je suis faible, que je suis toujours fatiguée de ma crémaillère, que le rêve de cette nuit est encore tout frais dans ma mémoire (et la sensation de cette main chaude encore présente sur ma peau) et que j'ai bêtement l'impression d'être moins seule avec cette bêstiole, au pelage blanc tigré de gris, à l'intérieur. Bon, je cherchais peut-être une bonne excuse. "Tu sais que tu ne vas pas rester ?

"Tu sais que tu ne vas pas rester ? De toute façon, quelqu'un doit bien te nourrir vu ton gras."

Je sursautais. Au mot "gras", le félin avait planté ses yeux bleus dans les miens et cracher furieusement. Susceptible avec ça. Étais-je vraiment en train de prêter des pensées humaines à un félin ? Bon sang, je craquais totalement !

"Bon, de toute façon gras ou pas gras, la bestiole, tu vas devoir aller dehors ! Je dois partir en cours et il est hors de question que tu restes ici pendant que je ne suis pas là. "

J'allais mettre la vaisselle sale dans l'évier. Le chat attendait sagement devant la porte de la verrière et ne se fit pas prier pour sortir. À peine était-il dehors que j'éprouvais à nouveau cet étrange sentiment d'insécurité."Remue-toi ma fille !

"Remue-toi ma fille ! "

J'allais me préparer pour ma journée de cours et je filais le plus vite possible loin de l'ambiance électrique de mon appartement.

*****

Je montais les escaliers à toute vitesse sans regarder devant moi. J'allais être en retard pour mon cours d'anatomie et ce n'était pas bon, pas bon du tout.

Mme Servais ne m'avait pas dans ses bonnes grâces et si j'arrivais en retard, j'aurais sans doute droit à une de ces petites vacheries habituelles : "A défaut d'être un génie, tachez d'être ponctuelle mademoiselle Dayvins!".

Je l'entendais d'ici.

Tenter d'aller plus vite encore ne fut pas ma plus brillante idée. Je percutais violemment un corps chaud et ferme en arrivant à l'étage. Basculant en arrière, je tentais de me raccrocher à ce que je pouvais lorsque deux bras me rattrapèrent juste à temps. Sans cette aide, j'aurais dévalé les marches, la tête, la première.

La Tentation d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant