15. Faisons un marché

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"Je ne vous connais pas!", dis-je le cœur battant soudainement plus vite. Cet "homme" m'effrayait. Ces yeux noirs ne laissaient filtrer aucune émotion, mais tout dans sa façon d'être laissait entendre qu'il s'amusait comme un fou. Un fou, c'est ce à quoi il ressemblait.

"Mais moi, je te connais. Oh, depuis peu, je te l'accorde ! Quelques semaines dans la vie d'un démon, ce n'est que poussière dans sa longue existence et la mienne a été longue, très longue. J'existais déjà lorsque le premier homme a fait son apparition. "

Il me tournait autour comme un requin autour de sa proie.

"Mais je t'ai observée, Alice, je connais tes peurs, faiblesses, tes besoins ... et tes désirs secrets", ajouta-t-il dans un murmure, ses traits prenant la forme de ceux de Kelen un bref instant.

L'insinuation était claire et me fit rougir. Mon silence le fit rire.

"Je sais que derrière ta fragile apparence se cache une femme blessée qui ignore l'entendue de ses pouvoirs. Quel dommage que tu ne puisses pas sauver ce pauvre Kelen. Oh, il est en train de mourir en ce moment pour ta gouverne. C'est dommage, vraiment dommage. Les adversaires de son niveau se font rares de nos jours, il y avait longtemps que je n'avais pas dû posséder un humain à distance ! C'est épuisant sais tu !Mais il fallait bien ça pour que je puisse enfin approcher, si je m'étais glissé directement dans la peau de ce stupide livreur défoncé, il m'aurait senti à des kilomètres."

"Où est-il? Kelen, je veux dire et le livreur... Je... Où sont les autres personnes qui étaient là ?"

Il fixait le sol à présent comme sil ne m'avait pas écouté.

"Répondez-moi!", criais-je paniquée.

L'instant d'après, il collait son nez au mien, ses angoissants yeux sombres me fixant.

"On ne donne pas d'ordre à ses amis, Alice!, dit-il d'une voix coupante, "Surtout pas quand ils peuvent vous réduire en poussière d'un claquement de doigt dans cette réalité!"

Il s'écarta, les bras tendus dans un geste théâtral.

"Bienvenue dans ma réalité, Alice, ici, je suis le roi, je crée, je détruis, je fais vivre ou mourir. Et nul n'en sort, si je ne l'ai pas décidé."

Une succession de différents décors nous entoura : ville enflammée avec son concert de hurlements et d'alarmes, champ fleuri où soufflait une légère brise agréable, foret sombre et effrayante où seul le hurlement lointain d'un loup brisa le silence, salon de style victorien et une odeur puissante de thé et de petits gâteaux et puis à nouveau mon appartement.

"Et puisque je suis quelqu'un de gentil, et au nom de notre belle amitié, je vais te répondre ... Oui, ils sont en vie. Et ils sont là où nous les avons laissés. Avec ton corps terrestre sans doute et celui du livreur que j'ai emprunté. Ici, il n'y a que toi et moi... "

Il continuait à marcher, d'un pas léger et presque sautillant, comme celui d'un enfant heureux du tour qu'il était en train de jouer.

"Faisons un marché, Alice... Arrête-moi si je me trompe, mais si je venais à te laisser partir, tu tenterais de sauver Kelen, c'est bien cela ?"

Je hochais la tête, méfiante. Si je n'avais retenu ne serait-ce qu'une seule leçon depuis la découverte de mes facultés, c'était que passer un marché avec un démon était dangereux, la contrepartie toujours énorme.

"Bien! Pour que tu puisses le sauver, il faudrait que tu puisses le soigner... Et si j'en crois ce que j'ai appris, pour le moment à part grillé du lézard et jouer aux billes avec des pierres précieuses, tu ne fais pas grand chose d'autres. Mais voilà, je sais quelque chose que tu ignores..."

La Tentation d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant