La Tentation d'Alice

7. L'appel aux démons

DILING DILING

Je baissais la main avec laquelle je venais de saluer Roseline. La dernièreparticipante du "Cercle", le club de lecture féminin qui se réunissait tous les lundis soir ici, venait de quitter les lieux.

Il ne me restait plus qu'à ranger un peu - des tasses de thé vides et des petits gâteaux à la rose pour l'essentiel - et à balayer. Après cela, cette journée de fou serait enfin finie. Je jetais un regard rapide à l'horloge : 21h. Oui, il était grand temps de rentrer.J'éteignis la lumière de l'entrée et me dirigeais vers l'arrière-boutique, là où se tenait le petit salon qui servait aux clients désireux de feuilleter leur bouquin et aux usagers du club.

J'éteignis la lumière de l'entrée et me dirigeais vers l'arrière-boutique, là où se tenait le petit salon qui servait aux clients désireux de feuilleter leur bouquin et aux usagers du club. Alors que je m'affairais autour de la table, la sonnette de la porte tinta à nouveau. Croyant que Roseline ou une des autres participantes avait dû oublier quelque chose, je revenais sur mes pas quand je sentis un courant d'air glacial envahir la pièce.

"DANGER" Ce mot avait semblé fuser dans mon cerveau à la vitesse de la lumière. Malgré cela, je me dirigeais lentement vers l'entrée. La porte se fermait à peine, mais il n'y avait personne. J'avançais avec prudence, mes sens me hurlant que mes yeux mentaient.

Soudain consciente de l'incongruité de ma situation, je me redressais et décidais de fermer simplement la porte. Un coup de vent un peu brutal avait dû l'ouvrir, c'était aussi simple que cela. Moi qui avais toujours fait preuve de logique, je me retrouvais à me fier à de simples impressions. Stop, il était temps que je me reprenne et que je cesse de croire à tout et n'importe quoi. Cette tension était simplement le résultat des évènements improbables survenus un peu plus tôt en présence de Kelen.

"Idiote", marmonnais-je pour moi-même. Au moment où je tirais le loquet de sécurité, je me sentis brutalement projetée en arrière. Plaquée au mur, je pouvais sentir une main invisible me tenir la gorge.

J'avais beau me débattre pour lui faire lâcher prise, mes efforts étaient vains. Je suffoquais et de petits éclairs noirs commençaient à zébrer ma vision. Un ricanement proche, très proche même, me crispa d'effroi.

Sous l'effet de la peur et consciente dela lente agonie de mon corps, je pris conscience que quelque chose en moi s'éveillait, une source d'énergie immense vibrant au rythme des battements de mon cœur. Elle semblait me parcourir comme une partie intégrante de moi-même. Instinctivement, je puisais dans cette source. Un éclair bleu jaillis de mes mains comme lorsque je m'étais défendue cet après-midi. L'espace d'un instant, je pu discerner un corps parcouru par mon attaque.

La pression sur ma gorge se relâcha et je touchais à nouveau le sol.

Mon assaillant n'avait d'humain que la forme, il semblait pourvu d'une queue et de formes étranges semblables à des pics sur ses bras. Son crâne était aplati sur le dessus. Il devait vaguement ressembler à un lézard. L'éclair se dissipa si tôt que je retirais mes mains, me laissant dans la pénombre et rendant mon effrayant visiteur à nouveau invisible.

"Oh merde", lançais-je. Je n'étais pas une habituée des jurons, mais... Je ne pouvais pas avoir vu ce que je croyais avoir vu. Non, impossible ! Que je sois devenue folle me semblait la réponse la plus rassurante.

Je m'éloignais et attrapais la première chose qui passait. Oui bon, mon balai, faute de mieux, c'est tout ce que j'avais sous la main pour me protéger. L'avantage, c'est que j'avais appris à me servir d'accessoires pour me défendre lors de mes cours d'auto-défense.

"Hin hin, la sssorcièrrre sssait ssse défendrrre... On va bien sss'amuser,"

La voix crissante semblait suinter de malveillance. Je serrais mon balai plus fort encore. Balayant la pièce du regard, tous les sens en alerte, je ne percevais pas de signes de la créature.