Retour aux Origines (Tome 2)

Chapitre 14 : Hugo

Le sommeil lui échappait, une fois de plus. Depuis qu'il avait senti sa présence, depuis ce jour fatal où il l'avait vue dans les bras d'un autre, il ne fermait pas l'œil de la nuit sinon pour deux ou trois heures, l'esprit tourmenté par l'intimité du couple Mia/Kellan. Mais ce soir, la raison de son insomnie était tout autre. Ce n'était plus ni le désespoir, ni la jalousie qui le tenaient en éveil mais de tout autres sentiments mille fois plus agréables.

Enthousiasme.

Soulagement.

Paix.

Obsession.

Ivresse.

Résurrection.

Non, décidément, il n'était pas dans son état normal. La semaine qui avait ensuivi sa rencontre avec Mia, il avait essayé de lutter contre l'envie de la revoir, contre son obsession qui s'était ranimée à l'instant même où il la revoyait. Cela avait été dur, très dur, pour lui de se contenir. De rester aux côtés de sa cousine qui, il le voyait bien, faisait désormais tout pour lui plaire, et d'endurer ce calvaire sans moufter. Pourtant, elle avait beau déployer un arsenal incroyable de séduction, rien d'y faisait. Il ne la voyait pas. Il n'avait de cesse de revoir le regard méprisant de Mia, son air choqué quand elle tombait dans la fissure, poussée par lui ; sa résignation douloureuse quand la lumière était revenue et qu'elle l'avait découvert avec Stéphanie dans les bras. Elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait, il n'entendait que les paroles joviales de Mia quand elle s'adressait à eux, une torture pour lui qui voyait bien qu'elle n'en pensait rien ; sa colère quand il était venu s'inquiéter de son sort et proposer de la soigner ; son irritation mêlée à de la provocation quand elle s'était défendue auprès de Stéphanie venue lui chercher des ennuis. Et ses dernières paroles emplies de cordialité qui ne lui ressemblait pas du tout. Non, décidément, Stéphanie pouvait bien faire tout ce qu'elle voulait, son esprit était fort trop obnubilé par Mia pour qu'il puisse lui accorder même une infime attention.

Au bout d'une semaine à ne penser qu'à elle, il avait décidé de ne pas se mettre martel en tête. Il devait aller la voir, il devait absolument lui parler pour savoir s'il lui restait une infime trace de son amour pour lui ou s'il était définitivement mort, envolé. Leur entrevue avait dépassé tous ses espoirs les plus fous. Non seulement, Mia l'aimait toujours à la folie, mais en plus, elle avait accepté de ne pas en rester là et de convaincre son geôlier fétiche de le laisser entrer en douce. Sans parler de sa promesse de ne rien faire avec son « fiancé » sinon en publique. Alors, non, il ne réussissait pas à dormir car il était trop excité pour y parvenir. Juste après sa visite à la Bâtisse des Isolés, strictement confidentielle, il s'était rendu hors de la ville pour rejoindre Stéphanie qui l'attendait au bord d'un étang. Mais même avec elle, il n'avait pu s'empêcher d'exulter si bien qu'elle lui avait posé LA question qu'elle aurait dû éviter. « Tu es allé la voir, pas vrai ? ». Hugo n'avait pas su quoi répondre et la colère l'avait un instant embrasé, sans raison. Puis il avait regardé cette fille qu'il avait envisagé d'apprendre à aimer et il s'était senti dégoûté de lui-même. Elle était manipulatrice, séductrice et envoûtée. Elle était dangereuse. Il ne devait rien lui dire car, si Kellan n'éprouvait rien de romantique pour Mia et la couvrirait quelle que soit la situation, ce n'était pas le cas de Stéphanie. À l'instant où il admettrait avoir vu Mia, celle-ci serait condamnée. « Bien sûr que non, Mia est de l'histoire ancienne et tu sais bien qu'elle n'a été qu'un pion pour me changer les idées, là-bas. » avait-il répondu. Ces paroles lui en avaient coûté, d'autant plus qu'en apprenant l'existence des vidéos, il craignait une fois de plus d'être espionné. Si c'était le cas, il espérait que Mia comprendrait. Qu'elle saurait instinctivement qu'il le faisait pour se laver de tout soupçon. Car Stéphanie avait semblé une fois de plus convaincue et il pourrait alors retourner rejoindre Mia dans deux jours, comme convenu.