Retour aux Origines (Tome 2)

Chapitre 17 : Kellan

Pendant que Mia recevait – encore – de la visite, Kellan vagabondait dans la cour, partagé entre ses pensées et les quelques paroles aimables que lui adressaient certains gardes. Vitto se trouvait là, lui aussi, les bras croisés derrière le dos, dans une posture guindée qui ne lui ressemblait pas, le menton haut. À force de faire des tours sur lui-même, Kellan finit par avoir le tournis et s'arrêta à la hauteur du jeune garde. Il savait que l'homme ne le portait pas dans son cœur, il le voyait à l'attitude méprisante qu'il arborait dès qu'ils étaient seuls, tous les deux. Il supputait que c'était en raison de son statut de fiancé de Mia. Il savait bien que l'homme était tombé sous le charme de la belle Revenante et rêvait secrètement d'être son seul promis. Malheureusement, il avait de la concurrence et pas des moindres. Hugo, pour commencer, qui n'était que le magnifique prince, et lui, le fidèle Kellan. Non, Vitto n'avait pas grande chance de triompher de leur ombre.

    Kellan se lassa très vite de leur petit examen mutuel. Il s'avança vers lui de façon à entrer en dans son espace de contact. Les lèvres du garde se plissèrent et la désapprobation se peignit dessus. Kellan devina qu'il le suppliait silencieusement de passer son chemin mais il décida qu'il ne lui ferait pas ce plaisir. Et puis, de toute façon, il avait envie de parler. Rester ici à se perdre dans ses pensées...c'était pas bon. Pas bon du tout.

- Alors, tu penses qu'elle lui parle de quoi ? Demanda-t-il avec nonchalance.

- Ça ne me regarde pas. Répondit Vitto sans le regarder.

- Il y a deux possibilités : soit elle l'accable de reproches pour avoir mis Hugo devant une impasse ou je ne sais quoi ; soit elle a décidé d'avoir cette décision presque-mère/fille.

- Presque-mère/fille ?

- Oui, tu sais, les six mois que Mia a passé chez les Levi comme membre de cette famille.

- Je vois très bien de quoi tu parles, merci.

- Reste à savoir si Mia le prend bien. Tu sais, ça ne doit pas être facile de savoir qu'elle a deux mères potentielles.

- Mia n'a qu'une mère et c'est Olivia Bonneville-Marcedo.

-  Tu crois ça ? Pourtant, tu sais bien que la reconnaissance familiale se fait durant les six premiers mois. Et pleins de souvenirs de cette époque lui reviennent.

- Je...

Vitto se tut, son regard s'était figé à quelques mètres de là. En se retournant, Kellan découvrit Diana Harrow quittant l'enceinte de la Bâtisse et Hector passant la grille. Les deux hommes échangèrent un regard et ils se dépêchèrent de bouger. Pas question que Mia se retrouve toute seule à accueillir ce tyran, il devait absolument être avec elle avant que le Révérend n'ait atteint la cellule. La même pensée avait dû traverser l'esprit de Vitto car il lui fit traverser les lieux par des couloirs inconnus que Kellan n'avait jamais ne serait-ce que remarqués. Il comprit pourquoi quand Vitto se figea devant un mur parfaitement plane et posa une main assurée sur la surface, exécutant une petite pression qui fit basculer la rempart. Kellan passa par la sortie secrète et se retrouva directement devant la porte de sa cellule. Magique ! Vitto s'empressa d'ouvrir, des pas résonnant déjà dans les escaliers et le poussa à l'intérieur.

    Mia était assise sur sa couchette, le menton calé dans ses mains en coupe, les coudes posés sur ses genoux. Elle avait l'air perdue dans ses pensées mais releva les yeux en le voyant s'affaler par terre comme une masse. Elle ouvrit la bouche mais se tut quand le bruit des clés se fit de nouveau entendre. Kellan se dépêcha de se relever et il n'était pas assis que la porte s'ouvrait. Vitto passa la tête par la porte et leur fit signe de se relever.

- Mia, Kellan, vous êtes attendus dans la cour. Annonça-t-il d'une voix neutre.

Kellan se leva et tendit une main à Mia afin de l'aider à se relever. Puis tous deux suivirent Vitto hors de la cellule. En passant devant l'emplacement de la porte secrète, Kellan ne put s'empêcher de la frôler du dos de la main. Savoir qu'une issue secrète existait, tout près, le rassurait. Qui sait ? Arriverait peut-être un jour où Mia et lui seraient amenés à devoir s'enfuir pour une quelconque raison et savoir que l'on pouvait prendre une sortie moins fréquentée, c'était bon à savoir. Il allait devoir en parler très vite à sa coéquipière/fiancée.