Reason to Stay Alive

Realization

4 Juin 2013

1h00

Voilà maintenant deux heures, qu'il était couché. Deux heures qu'il essayait tant bien que mal de fermer l'œil. Il tournait, virait en essayant de trouver la position idéale. Celle qui lui permettrait enfin de dormir calmement, sereinement... Sauf qu'il n'y arrivait pas, il n'arrivait pas à penser à autre qu'à elle, qu'à sa présence, qu'à cette volonté qu'il avait de vouloir la sauver. Toutes ses pensées étaient tournées vers May, cette fille qui à l'heure actuelle, le chamboulait au plus haut point. Il avait le cœur qui battait à une allure folle, son esprit le torturait. D'ailleurs, il sentait aussi bizarre que cela puisse paraitre, une envie indescriptible de l'entendre. Oui, n'entendre rien qu'une seconde le son de sa voix. Sa voix qui exprimait tellement de choses en lui, tellement d'émotions...

3h00

Peu à peu les heures défilaient, peu à peu, la nuit s'installait à chaque fois plus intensément autour de lui. Il n'arrêtait pas de penser que c'était peut-être cela, c'était peut-être ce changement, sa présence, elle tout simplement qui le ferrait changer. May était peut-être ce petit changement qui manquait à sa vie. D'ailleurs, toute sa vie, même à son plus jeune âge, ses parents lui avaient toujours inculqué que la meilleure façon de se faire une place, de rentrer dans ce monde était d'être fière de ses origines, de sa richesse.

Il se souvenait de ce petit garçon dans sa classe qui n'avait pas trop de moyens et qui n'avait pas de très bonnes notes. Son père lui avait interdit d'aller lui adresser la parole, disant qu'il n'était pas de leur monde, que s'il l'approchait il allait lui aussi devenir comme ce petit garçon, qu'il allait chuter... Il n'avait pas cherché, à demander pourquoi. Non, au fond de lui, il savait juste qu'il fallait qu'il l'évite, et comme un bon petit garçon, il avait suivi les ordres de son père malgré l'incompréhension. « Toujours marcher la tête haute. Toujours éviter ceux dans la capacité de nous faire couler vers le fond ». Telle était la devise de son père. Ce père qui classait directement dans des boîtes, dans des cases afin d'éviter toute chute, afin de rester toujours tourner vers le prestige, la victoire, la richesse. En y réfléchissant, il sentait que son père était un lâche, il avait choisi la facilité tout comme Théo, l'ancien copain de May.

Au final, son enfance était basée sur un seul homme son père. Enfin s'il pouvait l'appeler comme cela. En effet, il n'avait jamais été présent pour lui. Il n'avait jamais fait le moindre geste affectif envers son fils. Non, ça n'avait jamais été son cas, son quotidien. Finalement, si c'était cela la gloire, il n'en voulait pas. Si c'était cette vie qui l'attendait dans le futur, il n'en voulait pas, cette vie de solitude où la richesse compte avant tout même avant la famille, ce n'était pas possible. Il se sentait peu à peu éloigner de ce monde, pourquoi n'avait-il pas percuté plus tôt ? Pourquoi a-t-il fallu attendre l'arriver de cette fille pour que tout change ? Pour que sa vision du monde change.

6h00

Toujours dans ses pensées. Il n'entendit pas son réveil retentir dans sa chambre. C'était à peine s'il comprit que c'était l'heure, l'heure de rendosser son rôle. De jouer la comédie comme il le faisait depuis son plus jeune âge. C'était son quotidien, c'était un enfer, son enfer. Tout cela pour faire plaisir à son père, celui qui soi-disant lui avait tout appris. Celui qui soi-disant était celui qui avait la meilleure façon de penser et d'agir. Mais après cette nuit, après cette longue réflexion, plus rien de ce qu'il avait pu penser, qu'il avait pu croire comme légitime était inscrit dans son esprit.

Il se leva le sourire aux lèvres contrairement aux autres fois. Il avait compris, il avait ouvert les yeux, cette vie de gloire, il n'en voulait plus, il ne voulait plus de tout cela, de toutes ses habitudes qui l'avaient construit jusqu'à présent. Alors avant de partir de chez lui, il pensa à elle, à son message qu'elle lui avait envoyé et qui lui avait redonné de l'espoir. Qui lui avait montré encore une fois, qu'elle le remerciait pour sa présence à ses côtés. Même si ce n'était pas grand-chose, il était heureux de voir qu'il avait réussi à la rendre bien pendant quelques heures.