Kiss me Slowly

CHAPITRE 4

Après avoir passé le reste de la journée à arpenter les rues du centre de Sacramento à la recherche d'un emploi, je rentre épuisé de cette excursion.

Papa est adossé contre la table à manger, les yeux rivés sur le journal du matin. Il jette un coup d'œil dans ma direction et se dirige vers le canapé pour s'y installer.

- Ah ! Tu es rentré ? Alors comment se sont passé tes recherches ?

- C'était fatiguant.

Je lâche toutes mes affaires au sol, ouvre le réfrigérateur et saisis une canette de coca en en avalant la moitié. D'un air sérieux, mon père me dévisage me coupant dans mon élan. Il hausse les sourcils en faisant des va-et-vient avec ses yeux entre moi et mes affaires ce qui me laisse clairement supposer un « ramasse-les ! ». Je ricane en les ramassant. J'ai l'impression d'être une ado !

- J'allais le faire !

- Mais bien sure ! Enfin bref, je suis persuadé que tu trouvera vite quelque chose Liv.

J'acquiesce d'un mouvement de tête. J'espère que papa dit vrai, mais je ne veux pas me faire de fausses illusions. J'envisage sérieusement de quitter les dortoirs de la fac pour m'installer dans un petit studio près du campus donc un emploi pour l'été m'est indispensable.

Papa se lève prêt à quitter le salon pour rejoindre sa chambre quand je l'arrête.

- Au fait, j'ai vu Evan ! Dis-je d'un ton naturel.

Sur le coup, je n'ai pas réfléchi à ce que j'ai dit mais il me semble correct de l'annoncer à mon père. Un éclair de surprise passe sur son visage, et il semble ravie de la nouvelle. Il apprécie beaucoup Evan et n'a cessé de me répéter durant mon toute enfance de prendre exemple sur lui.

- Vraiment ? Quand ça ?

Tôt ce matin en fait, avouai-je. Je l'aie croisé par hasard, on a un peu discuté et ... je le vois demain.

J'épargne les détails gênant et ne parle pas du nouveau style d'Evan ainsi que l'épisode de la cigarette. Je m'abstiens également de lui décrire l'accoutrement que je portais. Dieux seul sait ce qu'il pourrait penser. S'il y a bien une chose que les pères savent faire c'est exagérer les faits, surtout quand il s'agit de leur enfant.

- C'est super ! S'exclame-t-il.

- Oui, super.

- Alors, comment se porte-t-il ? Comment est-il devenu ? Demande-t-il, curieux.

Je reste muette une seconde face à ses questions sans savoir vraiment comment y répondre mais me reprends de suite.

Ben... Evan est toujours Evan ! Ricanai-je, embarrassé. Il a... grandit et... il va bien... je crois ? Dis-je en cherchant mes mots.

Il arque un sourcil en signe d'incompréhension.

-Je sais pas papa, vraiment ! Je n'ai fait que le croisé brièvement.

- Oui, c'est vrai. Je suis désolé. Tu pensera à lui dire de passer à la maison, d'accord ?

J'acquiesce. Il me fait un clin d'œil et s'éclipse dans les escaliers.

***

Le lendemain, je rejoins comme prévus le Ben&Jerry's qui se trouve à une quinzaine de minutes de chez moi. Sans me poser de questions, j'entre et un serveur me place aussitôt à une table, collée à la fenêtre.