Kiss me Slowly

CHAPITRE 56

[ Souvenez-vous, dans le dernier chapitre, Liv' et son père s'étaient disputés.]

Ce matin, je me réveille avec la boule au ventre. Une boule qui n'a cessé de prendre du volume durant la nuit. Quand j'ouvre les yeux, je contemple le plafond blanc de la chambre d'Evan. Une mouche, qui fait un bruit insupportable, passe devant moi. Je m'extirpe du lit et me poste face à la fenêtre. La voiture de mon père est encore là. Il n'est pas encore parti bosser.

Je jette un coup d'œil au beau garçon endormi derrière moi. Il est affalé sur le ventre,les bras en dessous du coussin. Les muscles de son dos sont visibles et ses tatouages décorent sa peau.

Quand je reviens vers le paysage extérieur, la voiture de mon père n'y est plus. Papa est parti. Et je ne l'ai même pas vu. Les souvenirs de notre dispute airent encore en moi comme si on m'avait marqué au fer. Je suis si triste. Mais le pire dans tout ça, c'est que je ne sais pas comment lui il va...

- Bébé... souffle Evan.

Sa silhouette m'apparaît vaguement sur le reflet de la vitre. Il est levé et me regarde.

Je ne lui ai pas raconté ce qui s'était passé quand il m'a trouvé en pleure, sortant de chez moi. A la place, j'ai préféré rentrer avec lui et dormir directement. Je ne lui dirai certainement jamais, mais j'ai passé la moitié de la nuit à pleurnicher comme un bébé. C'est juste vers quatre heures du matin que je suis parvenue à trouver le sommeil.Qu'importe, je l'aie mérité.

- J'ai dit à mon père qu'il ne me rendait pas heureuse... fais-je tout à coup.

Un blanc se forme entre nous. Mes yeux trouvent un point à travers le décor et le fixent.

- Tout comme il n'avait jamais rendu heureuse ma mère... Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas me garder pour lui, et que je ne pouvais pas rester pour lui faire plaisir. Ensuite, j'ai sorti le journal de ma mère et je lui ai donné. Tout ça juste pour lui prouver que pendant toutes ses années il n'a pas su être là...

- Liv'...

- Et puis, j'ai fini par lui dire de me laisser vivre la part du bonheur que je méritais, et qu'il devait faire de même. D'arrêter de se morfondre sur le passé...

Les bras forts d'Evan m'enveloppent. Je ne veux pas craquer, alors je ne le regarde pas.

- Je ne sais pas s'il me le pardonnera un jour...

Mon petit ami dépose un baiser plein de compassion sur mon épaule gauche et respire longuement.

- Il ne t'en veut pas.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

- Parce que c'est ton père et qu'il t'aime.

- Oui, mais ce que j'ai dit est impardonnable...

- Il fallait bien que vous ayez cette conversation un jour ou l'autre, Liv', me coupe-t-il. Il comprendra. Peut-être que ça prendra du temps, peut-être pas. Mais il comprendra. Il a fait ce qu'il fallait selon lui pour vous rendre heureuse, même si ça n'a pas suffi. Je pense que tu avais besoin de cette conversation. Ne t'en veux pas parce que tu t'es montrée honnête envers lui. D'accord ?

Je hoche la tête. Evan a sans doute raison. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est que je ne sais pas dans quel état est mon père en ce moment même. Je ne sais pas s'il va bien, s'il est dévasté, ou bien au contraire en colère.