CHAPITRE 30

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Il fait noir. J'ai du mal à voir. Je plisse les yeux afin de percevoir une once de lumière, mais rien n'apparaît. Puis la noirceur est remplacée par un épais brouillard blanc. J'agite mes mains devant moi, comme pour faire fuir la brume qui m'entoure, seulement rien ne semble marcher.Il fait de plus en plus clair, mais bon sang, rien n'est visible. Il commence à faire froid, et le vent s'est levé. J'ajuste mon gros gilet et croise les bras sur moi. Je ne sais pas ce que je fais ici,ni encore moins comment je me suis retrouvée dans cette situation.

- Hé ho !

Ma voix résonne comme un écho à travers le blizzard. Et je commence à me dire que personne ne me répondra. La peur se propage en moi comme le venin d'une morsure de serpent.

Puis, des voix résonnent dans l'air. Des voix d'hommes. Je me retourne, mais personne n'est là. Pourtant les voix ne cessent pas, et je commence à m'agiter dans tous les sens en tentant de découvrir d'où vient la source. Un bruit de fond vient se mêler à la conversation. Les voix se multiplient. Elle double. Triple, et très vite cela se transforme en brouhaha géant. Les images deviennent plus claires.

J'aperçois des gens.Beaucoup de gens. Mais il m'est impossible de percevoir un seul visage, car ils passent trop vite. Ils ont l'air tous pressé et impatient.

Je commence à perdre l'équilibre, pendant que tout autour de moi le décor prend forme,pourtant j'ai l'air complètement perdue. Je suis perdue...

« Que tous les passagers s'éloignent de la bordure du quai. Je répète : que tous les passagers s'éloignent de la bordure du quai s'il vous plaît. Merci »

Le son des railles qui crisse et d'un train qui souffle vient percuter mon ouïe. Je sursaute.

Ma vision est claire maintenant. Je suis à la gare de Sacramento. Sur le quai numéro 25.

- Pardon, s'exclame une femme qui me bouscule.

Celle-ci se précipite à travers la foule. Le train arrive bientôt à notre niveau. Les gens commencent à se disperser et très vite, cela devient un marathon sans fin. Des familles courent pour prendre le train.Pendant que des vieilles personnes se disent au revoir, un sourire aux lèvres. Des jeunes couples s'embrassent comme si c'était la dernière fois, pleurent et s'embrassent à nouveau. Une fillette enlace son père qui, celui-ci est habillé en militaire.

« Départ dans cinq minutes. Je répète : départ dans cinq minutes »

La voix de la machine résonne dans les hauts parleur.

Dans gens continuent à arriver, pendant que d'autres partent. Mais tout à coup, le son d'une clochette attire mon attention. Je me retourne. Rien. Refait un tour sur moi. Toujours rien. Pourtant les cloches sont audibles. J'ai déjà entendu ce son quelque part. Les vibrations sont aiguës, et ne cessent de résonner.

Puis, une femme aux cheveux bruns me dépasse. Elle fait à peu près ma taille et porte un trench beige. Ses mains sont rangées dans ses poches. Ses yeux clairs luisent, et elle sourit. Elle porte un bracelet argenté avec deux clochettes. Ce même bracelet que j'ai observé toute mon enfance. Ce même bracelet qui m'indiquait quand elle était là que par son son. Je sais qui est cette femme. Et en un éclair de seconde, tout me revient. C'est ma mère.

- Maman ? criai-je

Elle s'éloigne, et je me rue à travers la foule en tentant de me frayer un chemin jusqu'à elle. Mais d'un seul coup, la gare est surpeuplée. Et il m'est difficile d'avancer.

Kiss me SlowlyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant