« Quand la Mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l'écouter.»
- Markus ZusakElias
Quand nous pénétrons dans la chambre, je ne remarque pas directement la petite dame assise dans un coin de la pièce. Enroulée dans une couverture sombre, elle est endormie dans un vieux fauteuil au cuir usé par les années. A la vue de son visage ridé et de ses cheveux gris, j'en oublie presque que cette femme a tenté d'assassiner une enfant. Presque.
Cléa reste plantée sur le pas de la porte pendant quelques instants, puis elle s'avance lentement, comme si elle entrait dans la cage aux lions.
—Selon mes parents, elle n'a plus de crises de folie. Peut être qu'elle me laissera ressortir de la pièce vivante cette fois. Tu peux la réveiller s'il te plait ? me demande-t-elle. Je ne veux pas la...
La suite de sa phrase meurt sur ses lèvres. Je me penche au dessus de sa grand-mère et lentement, secoue son épaule. Elle ouvre alors lentement ses yeux et pendant quelques instants j'y lie de la panique. Alors, je m'empresse de m'expliquer :
—Ne vous inquiétez pas, madame Clairet, je ne vous veux pas de mal.
Je me recule et lorsqu'elle aperçoit sa petite fille, son expression se transforme. Comment peut-elle la reconnaitre après tant d'années ? Les parents de Cléa lui ont-ils montré des photos d'elle, c'est la seule explication.
Elles se dévisagent pendant ce qui me semble être une éternité puis, la vieille femme rompt le silence.
—Tu n'as pas changé, murmure-t-elle.
—Bien sûr que si, répond Cléa. En onze ans, j'ai forcément changé.
Elle marque une pause et reprend :
—Tu ne me demandes pas ce que je fais ici ?
—Non, je suppose que tu ne vas pas tarder à me le dire
La vieille dame secoue la tête, comme si elle était trop fatiguée pour discuter. Elle semble à peine surprise de nous voir ici.
—Jeune homme pouvez-vous me donner ma canne ?
Je m'exécute et pendant un instant, je pense qu'elle va s'en servir pour me frapper. Mais Dieu merci, elle n'en fait rien.
Elle se relève et, lentement, part s'asseoir à une petite table placée le long du mur. J'échange un regard hésitant avec Cléa et nous la suivons. Elle s'affaire à nous servir du café.
—Alors, vous comptez vous présenter mon garçon ?
Je passe une main dans mes cheveux. Cette femme me rend nerveuse.
—Je m'appelle Elias. Elias Aubry. Je suis le meilleur ami de Cléa.
Sa main tenant la cafetière, se suspend en l'air. Elle me dévisage, comme si elle cherchait quelque chose dans mes traits. Puis, elle continue comme si de rien n'était.
—Aubry ? J'ai connu votre grand-père. Comment va-t-il ?
—Il est... mort.
Evidemment. Je dois vous avouez que même s'il était un bon coup, c'était un abruti ! Il a profité de moi, m'a presque mise en cloque puis m'a laissé tombée pour votre grand-mère. Le monde est petit n'est-ce pas ?
Génial. Les hommes de ma famille sont donc tous des lâches.
—Désolée, mais nous ne sommes pas venus pour t'entendre parler de tes anciennes conquêtes.
La voix de Cléa est froide. Détachée.
—Elias, continue-t-elle, doit rendre un travail sur l'histoire de Clairemont. Je me suis rappelé que tu nous racontais des mythes sur le village quand nous étions enfants, mais je ne me souviens plus de tout. Je voudrais juste que tu les lui raconte. Ensuite, nous partirons.
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Nox
Paranormal// SORTIE LE 14 FÉVRIER // Nox, c'est une histoire à deux voix. Celle de Théa, une jeune fille brisée qui tente vainement d'échapper à ses souvenirs et ses démons. Et, celle d'Elias, un garçon dont les éclats de rire cachent des cicatrices...