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Domicile des Smolan, district 9, Panem

Je cours.

Je cours.

Je cours sans m'arrêter, sans me retourner, sans prendre gare à ce qui se trouve derrière moi. Je ne sais pas ce que c'est, mais mon instinct me souffle de le fuir à toutes jambes. Alors j'écoute mon instinct.

Et je cours.

Mes longues jambes me permettent de prendre de l'avance face à cette menace imminente, l'adrénaline parcourt mes veines et atteint mon cœur. Je lâche un un hoquet, de peur ou de gémissement, qu'en sais-je ?

Un souffle chaud se pose sur mes jambes nues, je ne porte qu'un short et une chemise tous deux en lambeaux.

Nouveau hoquet.

Il me suffit de jeter un coup d'œil derrière mon dos pour apercevoir la créature. Elle a de longues dents, ses yeux pendent en dessous de sa grosse truffe, ses griffes sont aussi affûtées que des lames.

Une larme coule sur ma joue, sous l'effet de la peur, sans doute.

Soudain, je sens mon corps tomber vers l'avant après que mon pied aie heurté une pierre. C'en est fini de moi.

Dans un ultime geste de combat, je m'efforce de donner des coups de talons dans la gueule de la bête, mais cela m'englue de sa chaude et épaisse salive.

Un frisson de dégoût me traverse. Les crocs de la créature dégoulinent de bave, ses yeux rouges m'observent d'un air menaçant.

Mon cœur bat à au moins 123 bpm. J'essaie de ralentir mon rythme cardiaque, en vain. La peur me dévore. En ce moment même, je n'ai plus aucun contrôle sur mon esprit. Une larme coule sur ma joue.

L'animal plonge ses yeux dans les miens, je me noie dans son regard de la couleur de la nuit noire, de la nuit qui effraie mon frère Logan.

Sans prévenir, la bête fond sur moi dans un flot de salive et, plonge ses crocs dans ma poitrine.

J'ai le temps d'entendre :

« Mesdames et messieurs, bienvenue aux dix-huitièmes Hunger Games ! »

Avant de rendre mon dernier soupir.

C'est le noir. Est-ce donc cette sensation que procure le fait de mourir ? C'est absurde. Quand on meurt, nos sens meurent avec nous.
Une seule explication ; je ne suis pas morte. J'entrouvre les paupières, dans l'espoir d'apercevoir ne serait-ce qu'une once de lumière, mais la seule chose que je vois est le plafond branlant en bois de ma chambre.

Il est si abîmé que j'ai l'impression qu'il pourrait s'effondrer à tout moment et m'emmener avec lui dans la mort. Une vraie mort, cette fois.

Je mets quelques secondes avant de me souvenir de mon rêve. Et de comprendre que mon rêve n'était qu'un rêve.

Les draps dans lesquels je suis emmitouflée sont trempées de sueur, je n'ai jamais eu aussi chaud de toute mon existence. Je m'en débarrasse à grands coups de pieds avant de me prendre la tête entre mes mains.

- Ce n'était qu'un cauchemar, je murmure pour moi-même . Un affreux cauchemar.

Pendant quelques minutes, je reste en position assise sur mon lit ; je me calme, je m'efforce de faire redescendre mon rythme cardiaque. Avec quelques efforts, j'y parviens : il est maintenant retombé à 71 bpm.

Enfin, je glisse mes jambes souples en dehors de mon petit lit, remarquant que ceux de mes cinq frères sont vides. Je suis la dernière. Ils auraient dû me réveiller, de manière à ce que je ne fasses pas cet affreux cauchemar.

Lily Smolan | DISTRICT 9Where stories live. Discover now