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Avant l'annonce des noms, j'étais anxieuse. Après, plutôt heureuse. Maintenant, je suis comme ... découragée. C'est le matin, le soleil filtre à travers les épais rideaux de ma chambre pour la semaine. Malgré ça, je me tourne encore et encore dans mon lit, dans l'espoir d'une bonne nouvelle. Mais mon esprit me rabaisse encore et toujours.

En effet, j'ai eu une note plus basse que celle de Clara, qui a un an de moins que moi. Et, Tamarah, bien que sa note ait été pitoyablement mauvaise, les gens l'adorent, alors ils ne l'oublieront pas. Et moi, en attendant, je tombe dans l'oubli le plus total. Un oubli effroyable, un oubli malheureux.

Si je n'avais pas ma chanson en dernier recours, qui sait où je serais désormais ? Sans doute en train de chercher une issue favorable à ma fin ; une fin sans douleur, en dormant, ce serait le pied. Et voilà que je me mets à réellement l'envisager. Je me retiens de me frapper le crâne contre la tête du lit et me lève, plus maussade que jamais.

Je jette un coup d'œil dans l'immense miroir que contient la pièce, et me détaille lentement. Mes cheveux bruns sont ébouriffés au possible, mais je sais qu'une simple pression dans une boîte me les démêlera sans souci. Je n'ai pas de cernes, l'avantage d'avoir une peau comme la mienne. Seulement, dans mon reflet, mes yeux océan ont l'air d'avoir vécu mille douleurs, un peu comme celles que je devrais affronter dans peu de temps.

Je me rengorge et détourne le regard, puis empoigne un short en jean et un débardeur fuchsia, avant de débarquer dans le salon sous le regard haineux de mes camarades Elsa et Irwin. Et, comme l'heure est, pour moi, à la plaisanterie, je me demande s'il se passe quelque chose entre eux. Mon cerveau est comme embrumé par cette longue nuit de sommeil, alors, comme si j'étais soûle, je grogne d'une voix peu glorieuse :

 - Pourquoi vous restez tout le temps ensemble, vous deux ? Y a quelqu'chose entre vous ou quoi ?

 - Mêle-toi de tes affaires, Smolan, crache Irwin.

Sa réponse haineuse me fait glousser, parce qu'il n'a pas dit non. D'ailleurs, Elsa l'observe d'un air anxieux. Mais, leurs amourettes, c'est bien trop pour moi, alors je me relève aussi sec avant de m'intéresser au plateau de petit-déjeuner devant moi. Il contient les mêmes mets que d'habitude, cela me plaît, même si j'adore le renouveau.

J'en empoigne un rapidement et remonte dans ma chambre, ignorant les remontrances d'Elsa sur le fait que je mettrais sûrement des miettes partout. À vrai dire, je m'en fiche. Je me fiche complètement de salir les beaux appartements du Capitole, alors, autant s'en donner à cœur joie.

J'engloutis la moitié du plateau avec une vitesse non soupçonnée, mais je dois m'arrêter lorsqu'un battement retentit à ma porte. Je pousse un grognement disgracieux à cause du surplus de nourriture dans ma bouche, ce qui veut dire, non, n'entrez pas.

Hélas, mon interlocuteur semble comprendre le contraire, car il entre avec une timidité non feinte. Lorsque j'aperçois Samuel, je lui adresse un sourire resplendissant, qu'il me rend avec joie. Je ne sais pas ce qui m'arrive, aujourd'hui. Tantôt je suis désespérée, tantôt mon bonheur est sans limites. C'est ce qui s'appelle la schizophrénie. Mais bon, cela doit être dû au stress des Jeux de la Faim. Je suis sûre que tous les tributs ou presque se sentent aussi mal que moi.

Samuel, voyant que je ne le regarde plus, s'assoit sur mon lit avec légèreté et attire mon attention en passant sa main devant mes yeux. Surprise, je le regarde à nouveau et l'interroge :

 - Qu'y a-t-il ?

 - Je suis désolé de te l'apprendre comme ça, mais tu vas devoir consacrer ta journée à te préparer en vue des interviews

Lily Smolan | DISTRICT 9Where stories live. Discover now