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Grande Allée , Capitole , Rocheuses , Panem

Sans aucune difficulté , je monte sur le char . Néanmoins je peine à descendre ma, à moins que je veuille exposer mes sous-vêtements à la vue de tous . Irwin baisse les yeux en direction de mon bas-ventre , mais je lui flanque une gifle qu'il n'oubliera pas de sitôt . Il relève les yeux et me lance un regard méprisant .

Comme l'a dit Blanc-Dutrouille , le fait que la tenue me plaise , à moi et à moi seule , me suffit amplement . Alors , je prépare mon plus beau sourire tandis que le char s'ébranle en direction de l'autre bout de la grande allée , où nous attend notre cher président Snow. Je ne réussis pas à l'apercevoir d'ici, malgré tout mes efforts.

- Qu'est-ce que tu cherches ? fait Irwin d'une voix moqueuse.

-Un couteau, pour que tu la fermes, rétorquais-je en le fusillant du regard.

Il se rengorge et tourne la tête en avant, vers la sortie qui s'approche de plus en plus. Voilà que le district Six est entouré d'une éblouissante lumière, ce qui signifie qu'ils sont sortis, à leur tour.

Je surprends Irwin à me lancer un regard en coin, un regard plutôt effrayé. Je crois qu'il vient de comprendre que je ne lui ferai pas de quartier dans cet arène. Que, dès que l'occasion se présentera, je n'hésiterai pas à mettre fin à ses jours. Et je ne lui apporterai aucune aide, même si sa vie en dépend.

Je lui adresse un sourire confiant, quand une lumière éblouissante se reflète dans mes yeux, dans mes cheveux, sur ma et les paillettes de mes souliers. J'adresse un grand sourire à la foule, je les salue, même si, honnêtement, ils ne font pas attention à moi. J'essaie de repérer quelqu'un dans la foule qui m'inspire confiance, pour augmenter mon sourire, qui d'après moi est tout sauf naturel.

Sauf que je n'en trouve pas. Aucun des ces stupides habitants du Capitole n'est digne de ma confiance. Alors, j'en prends un au hasard et remplace son visage par celui de Blanc-Dutrouille. Je l'apprécie, j'espère qu'il en va de même pour lui, surtout qu'il est loin d'être laid.

Ses cheveux noirs coupés court, ses yeux verts, ses tâches de rousseur font se dresser sur mon visage un sourire émerveillé. Voilà que j'ai l'air plus sincère, cela me plaît plus. Apparemment, cela plaît également aux Capitoliens, car j'entends quelques-uns crier mon d'un air enjoué qui me fait chaud au cœur.

« Merci à toi, Blanc-Dutrouille, » marmonnais-je en mon for intérieur.

Je lève le poing en l'air, ce qui provoque quelques cris de la part de la foule. Le char d'avancer, pendant que je salue, voilà qu'ils sont maintenant tous sortis. Maintenant, les cris de mon nom se sont évaporés. Je distingue nettement les tributs appréciés ; Tamarah, ma potentielle alliée, Lara Mona, Jane Hutcher et Julie Larreste. Cela m'étonne, car, habituellement, les tributs des districts Huit et Dix dont font partie Julie et Tamarah sont invisibles.

J'arrête immédiatement de saluer la foule quand je me rends compte que, moi aussi, je suis devenue invisible, mais je continue quand même de rêver sur le visage de Blanc-Dutrouille. Après tout, c'est comme si je n'existais pas, alors je peux bien faire ce que je veux, personne n'en tiendra compte. Je suis interrompue par la secousse que lâche le char lorsqu'il s'arrête.

Irwin lâche un petit ricanement, devant la surprise visible sur mon visage, mais je n'en tiens pas compte. Je lève les yeux vers le balcon présidentiel, pour découvrir le président Snow, un homme qui doit avoir le trentaine et qui gouverne ce si beau pays qu'est Panem. Il a d'épaisses lèvres, de grands yeux cernés. D'ici, je ne parviens pas à voir leur couleur, mais ses cernes sont si surlignées qu'elles sont remarquables à quelques dizaines de mètres.

Lily Smolan | DISTRICT 9Where stories live. Discover now