Lily Smolan | DISTRICT 9

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Je me réveille dans une position piteusement inconfortable, couchée en travers de mon grand lit deux places aux draps immaculés, la tête pendant dans le vide. Lorsque je la redresse, je découvre avec malchance mon cou entièrement courbaturé. Je passe alors cinq bonnes minutes à pester contre tout ce qui me passe par la tête, contre le Capitole, contre Panem, contre Samuel, contre ma tenue, contre ma chanson.

Ma ... chanson. J'ignore totalement comment a-t-elle été perçue parle président Snow, mais une vague sensation de regret règne désormais dans mon ventre, qui me donne la nausée. J'espère que je ne me serais pas mise en danger, car, même si je mourrais sûrement dans cette arène, j'aimerais tout de même avoir une chance d'y survivre.

Je me relève avec difficulté, et me rappelle quel jour sommes-nous. Aujourd'hui, c'est le jour de mon départ pour les Jeux de la Faim. Cela m'étonne qu'Amela ne soit toujours pas venue me réveiller. Mais, en jetant un rapide coup d'œil à mon réveil, je découvre qu'il n'est que 6h55. En sachant que les Capitoliens se réveillent assez tard, les Jeux commençant vers 10h, il doit me rester cinq minutes avant que sa voix stridente ne résonne dans mes oreilles.

J'entreprends alors de me masser la nuque, ce qui la conforte dans une sensation plus agréable que courbaturée, puis je me rends dans la salle de bain pour hydrater mon visage trempé de sueur. La sueur causée parla peur de la mort, car, oui, j'ai beau dire et faire croire que je n'ai crainte de la mort, mais si. De toute façon, seuls les Capitoliens sont assez stupides pour me croire, car les autres tributs sont exactement dans le même cas que moi.

Mais bon, je sais que j'ai des sponsors, car, étant dans l'alliance de Tamarah, qui est la favorite du Capitole – pourquoi, je ne l'ai toujours pas compris – j'ai forcément un ou deux sponsors, voir trois. Voilà de quoi me rendre le sourire.

Comme je m'y attendais, une voix stridente présente devant ma porte hurle à mon intention, et à celle d'Irwin, naturellement :

 - C'est le début d'une grande journée, mes chers tributs !

J'aurais plutôt traduit cela par : « Aujourd'hui vous allez vous faire décapiter, mes chers tributs ! »

Vous allez me dire, pourquoi décapiter ? Allez savoir. Je suis à peu près sûre que les autres tributs ont l'esprit aussi tordu que le mien, voir plus. Alors, je ne me fais pas d'illusion. J'aimerais tout de même que mon corps reste en bon état, que je ne perde pas toute ma dignité à l'heure de ma mort.

J'ouvre en grand la porte de ma chambre, souriante. Amela semble soulagée par ce changement d'attitude, mais bon. Je ne souhaite pas me prendre la tête pour ma dernière journée normale. Alors, je me prépare, un simple jean noir moulant et une chemise blanche suffisent, avec des ballerines immaculées. De toute façon, je sais bien que je porterais une autre tenue dans l'arène. Je brosse rapidement mes cheveux et les lisse, histoire qu'ils ne soient pas dans mes yeux. Enfin, je suis prête et rejoins mon hôtesse dans le séjour.Seulement, Irwin ne semble pas décidé à montrer le bout de sonnez, si bien qu'Amela doit l'appeler une demi-douzaine de fois pour qu'il consente à se joindre à nous.

Un peu plus et il nous mettait en retard. C'est une chose que Snow n'aurait pas tolérée, mais, de toute façon, ce n'est pas comme si Irwin avait la moindre chance d'en réchapper. Et ce n'est pas comme si j'allais le regretter. Je me demande si ce sera le cas d'Elsa, ou si elle se servait de lui seulement pour purger sa peine.

Ma question demeurera en suspens, car si je l'emporte, je ne compte plus jamais lui adresser la parole.

Lorsqu'Irwin débarque, Amela semble plus soulagée que jamais, presque émue, et nous nous mettons directement en route. Nous devons prendre de multiples virages pour enfin arriver à l'ascenseur qui nous mènera à l'aéroport, et, au bout, nous devons nous séparer. Je ne lui adresse pas un au revoir, monte dans la cage de métal et appuie sur le bouton zéro.