Noah Étolias - Les chroniques de Gaïa

10 - Inné

Jusqu'où la génétique d'une personne définit ce qu'elle est, ce qu'elle sera ou fera ?  Grand débat de psychologie depuis très longtemps.  « Tel père, tel enfant. »  Voilà une litanie que l'on remet au goût du jour pour un acte de courage ou de traîtrise.  Ainsi, l'être vivant serait conditionnė par le bagage chromosomique qui lui est légué.  Il serait étiquetté, honorable ou condamnable, dès sa naissance, selon ses aïeux. Qu'en serait-il alors de ses décisions, ses valeurs, ses sentiments ?  Dans quelle proportion l'individu possède-t-il une influence sur son ego ?  Quel est son degré de liberté dans le choix de son être en devenir ?

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       Sitôt la réunion terminée, Noah retourne voir les arrivants du matin. Ils les retrouvent soit à l'infirmerie à recevoir des soins ou encore à la cantine pour se nourrir. Chacun a reçu, au besoin, des vêtements et s'est vu attribuer un lieu de repos. Ils font ainsi connaissance avec leur nouvel environnement et leurs habitants. Bientôt, les nouveaux venus participeront au fonctionnement de cette petite société camouflée sous la montagne. En discutant avec eux, ainsi qu'avec l'aide de Veena, qui sonde discrètement les souvenirs des gens, le jeune Etolias peut se faire une idée claire de la situation de Pemplinn et de Rotts. Rien de bien reluisant. Dans tout ça, peu de précision sur les centres d'hébergement sauf lorsque Saraï, la chimiste, confirme s'être échappée de l'un d'eux avec un groupe d'une dizaine de personnes. Elle leur raconte, encore fébrile et émue, qu'elle est la seule rescapée avec les deux petites filles. Sa voix se brise un peu et pour les deux Tenstei ce sont ses souvenirs qui prennent la relève du récit. Noah, sensible à sa détresse, prend la femme dans ses bras et l'assure de sa sécurité dans la station et qu'elle ne sera pas séparée des deux enfants qu'elle a sauvées au péril de sa vie. Saraï le remercie et retourne auprès des deux petites filles.

     Deux heures plus tard, Noah est encore un peu sous le choc lorsqu'il quitte William. Oui, il a fait un rapport, verbal et écrit, assez exact et précis. Mais, ce sont les souvenirs ramassés dans l'esprit de la femme qui le tourmentent malgré l'aide au « camouflage » des images que lui donne Veena.

- Comment fais-tu Veena ? soupire-t-il, la tête entre ses mains, en se laissant choir contre le mur du couloir en sortant du Centre. Je sens ma tête qui va exploser sous l'avalanche de renseignements que cela donne. Et ce qui me choque davantage dans les souvenirs de Saraï, c'est que les Stotelss sont des êtres bien éloignés de la nature humaine telle que je la conçois. Ils tuent, torturent ou réduisent à l'état d'esclaves sans volonté ceux qui ont le malheur de tomber entre leurs griffes.

     Noah bouille de rage et tremble d'une souffrance empathique envers tous ceux que Saraï a côtoyés et qui hantent ces images que Noah voit défiler dans sa tête.

- Le plus difficile, murmure Noah en se frottant les yeux pour en retirer les larmes, c'est de savoir que ce ne sont pas des images fictives mais bien la réalité vécue par des gens qui ont existé, qui étaient... Et ma mère...

      La voix de Noah s'éteint et Veena vient se lover sur l'épaule du jeune homme. Elle frotte sa douce petite tête contre la sienne, avant d'émettre de petits roucoulements. Ce faisant, elle étend un baume rassurant sur l'esprit du jeune homme, ce que Noah perçoit tout d'abord comme un voile blanc tout léger. Cela adoucit un instant ce que perçoit son Tenstei.

- Merci de ton aide Veena, soupire-t-il en respirant plus aisément. Mais, ne m'enlève pas ces souvenirs, sinon ces gens auront souffert et seront morts en vain.

      Dans l'après-midi, remis de ses émotions, il va accueillir un nouveau groupe de rescapés. Il est accompagné, au cas où il y aurait des menaces ou des blessés, de deux garde ex-policiers, d'un médecin et d'un infirmier. Chimey, qui veut découvrir les accès de la Base, a aussi tenu à l'accompagner. En route, elle lui pose des questions sur la relation particulière entre lui et Veena. La Tibétaine s'émeut de ce lien privilégié.