Face aux tourments d'une faute passée, nous tentons de nous racheter. Se faire pardonner peut parfois devenir une obsession. On s'abstreint à des cérémonials, on fait des gestes de réparation, on tente de se donner bonne conscience. Par delà le pardon factice des apparences, il y a un cycle du pardon envers soi-même par lequel l'esprit passe : le regret du geste posé, qui nous met devant l'évidence de notre faute ; ensuite, le ressenti des remords, qui peut nous ronger de longs moments par l'intérieur et duquel il faut s'échapper grâce à la troisième et dernière étape. Celle-ci est : le repentir. Il ne peut être atteint qu'au moment où l'on peut – et où l'on engage nos efforts - à vraiment modifier les événements ou l'existence des êtres que nous avons lésés, à modifier nos comportements ou changer nos valeurs. Lorsque nous atteignons la réalisation de notre repentir, c'est en quelque sorte un expiation de notre faute.... Tout ce chemin parcouru servira à l'épanouissement de l'être que nous sommes. S'y engager demande cependant un moment où, à la base, nous admettons la faute commise. Sans ce « mea culpa » nous ne prendrions jamais ce sentier de tourments, même sous la menace, quelque soit la récompense promise au bout du parcours. *****************************************************************
XX.XX.XXX.21 354. Cycle 176 ou ...
On me ramène dans la cellule le lendemain. Je le sais, car j'ai vu leur étoile jaune en train de monter à l'horizon par un hublot. Notre vaisseau se déplace aussi. On le sens.
Durant mon déplacement avec mes geôliers, Combattants ou Soldats, j'ai essayé de communiquer avec eux mais peine perdue, c'est comme si mes cerveaux étaient engourdis par l'action de Grand Enquêteur. En passant près d'une baie vitrée, j'entrevois mon double reflet : le visage tuméfié d'une petite Terrienne ou d'une Mistrale, brunette aux yeux bleus m'est apparu. Je n'ai plus rien de Stotelss.
Lorsque l'on me lance dans la cellule, le mistral m'accueille avec sollicitude. Il est blessé au visage suite à l'action des Combattants d'hier mais encore une fois, il m'aide doucement en me parlant. Mais cette fois, je le comprend parfaitement, autant en Dviraks qu'en une autre langue de la Terre. Ils ont apparemment ensemencé ces langues en moi.
Je m'assois sur la boîte alors que face à moi, le blond mistral est assit en tailleur. Je tente quelque sons. Ma voix est petite et douce. Je bute sur les mots, puis articule en me pointant : « Mannie ». Tout sourire, il me répond en faisant le même geste vers lui-même : « Simon ».
Voilà, la communication est lancée. Nous communiquons lentement. Parler est plus ardu que l'on pense.
XX.XX.XXX.21 354. Cycle 177 à 180 ou plus ou moins
Plusieurs jours ont passé. Je suis toujours dans la prison avec Simon. Nous jasons beaucoup. Pour simplifier mon passé, je me suis inventé une amnésie partielle suite à un choc à la tête, je lui partage quelques souvenirs de ma vie simple avec mon parent – il a froncé les sourcils à cette expression. Je dois faire attention pour rester plausible. Je sais que nos conversations sont sur écoute, aussi je le fais parler. Beaucoup.
Il se nomme Simon Levinston, il dit être un habitant de la Terre. Mais je sens que son fond est mistral. Mais il ne le sait pas. Sur son manteau, il observe parfois intensément la broderie particulière qui l'orne. Il recherche son passé. Il l'a oublié. Il dit ne pas avoir de famille, mais veut rejoindre une personne dont le souvenir hante ses périodes de sommeil. Comme mes capacités de communication mentale semble se stabiliser, je tente de scruter ses songes et ses pensées en catimini. Il se rend compte parfois de mes introspections dans ses souvenirs mais ne comprend pas ce qui lui arrive. Cependant, il protège ses pensées de manière instinctive, comme tous les Mistrals de certaines lignées. Je constate, dans ce que je vois, que ses souvenirs sont incomplets. Des bribes d'images d'un homme qui lui ressemble, dans sa jeunesse. Je sens le Krark là dessous. Mais il n'a pas le souvenir de scéances avec le Grand Enquêteur. Qui lui a imposé le Krark alors ?
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Noah Étolias - Les chroniques de Gaïa
Ciencia Ficción"D'une main incertaine Noah prend le petit sac et l'observe : gris argenté, lisse et uniquement marqué de la même broderie que le manteau de son père, il s'ouvre par un rabat magnétique. Noah regarde à l'intérieur et ensuite il renverse le contenu...