Pour pouvoir progresser dans une entreprise, peu importe sa nature, il faut une coopération des individus impliqués, un engagement d'autant intense que les risques sont importants. Il faut aussi une cohésion des actes et des valeurs communes, sinon des embûches surviendront assurément. Au coeur de la réussite se situe la confiance : en soi mais aussi envers ses pairs. Non pas en aveugle et hasardeuse mais de celle qui rassure et rend serein. Connaître à fond les gens engagés avec soi est une source de confiance. Cependant, il arrive que l'on doive se lancer dans une aventure sans vraiment connaître ceux qui nous accompagne. Il faut alors une bonne dose d'équilibre entre confiance et méfiance, entre insouciance et planification... Je crois que le but commun à atteindre permet alors de conjuguer les efforts de chacun avec une certaine harmonie. Et ensuite, il y a le rôle du destin ... En qui il faudra savoir faire confiance... La confiance. On n'en sort jamais.
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Nous voilà rendus en bas des montagnes ! C'est une vraie découverte pour moi. Oui, j'ai déjà essayé des motoneiges avant. Mais là, c'est totalement différent. La pile Torin apporte de l'énergie renouvelable et ne demande aucune combustion comme les engins conventionnels. Il n'y a donc aucune odeur désagréable et il n'y a pas de bruit de moteur ou presque. Nous avons dévalé les montagnes dans un bruissement de neige et une auréole blanche nous entourait comme un nuage soufflant sur les pentes enneigées. Ces engins sont plus légers également à cause du dispositif anti gravité installé par Chimey, afin de nous permettre d'être deux passagers par motoneige avec tout notre bagage. Nous flottons littéralement sur la couche de neige. Les patins avants et la chenille s'enfoncent seulement d'une dizaine de centimètres, nous empêchant ainsi de presque nous envoler ! Contrôler la direction, surtout les descentes en slaloms m'a demandé un certain temps d'adaptation, mais au final, je maîtrise la manœuvre et je constate que William et Ariana aussi. Bizarrement, Veena ne semble pas apprécier cette descente en poudrerie ! Je ne l'ai pas entendue souvent depuis notre départ ce matin. Tout au plus un commentaire déplaisant sur Ayanha qui, dans la position de passager derrière moi, semble pour sa part prendre grand plaisir à notre cavalcade. Elle se tient à moi, suivant mes mouvements et s'adaptant parfaitement au régime de vitesse et de voltige que le terrain nous oblige à suivre. À croire, malgré ma première impression, que son caractère est grandement aventureux et téméraire. Veena est bougonne ou ne l'apprécie pas on dirait, mais elle refuse de m'en expliquer les raisons. J'ai eu beau profiter du voyage pour tenter de l'interroger, elle est silencieuse. À croire qu'elle me boude, reclus au fond de la poche de mon manteau !
Je vois devant moi une étendue plane et blanche qui occupe l'horizon, aussi loin que je puisse porter mon regard. Je rejoint William et Ariana qui se sont arrêtés sur une crête.
- Voilà la rivière Yanasag qui se jette dans le fleuve plus au sud, nous explique Biron en relevant sa visière et en marchant quelques pas pour se délasser les jambes. Nous allons la traverser afin de rejoindre la forêt qui entoure la capitale. Nous avons quitté sans problème la région de Roots et Pemplinn, j'en suis bien heureux. Le camouflage de Chimey nous aura aidé.
- Contente que tu le soulignes, lui glisse la Tibétaine avec un air malin. Cependant, ici sur ce paysage dégagé, il ne servira pas à grand chose contre la surveillance traditionnelle.
- Les Stotelss sont présents dans ce secteur ? demande Ariana.
- Nous l'ignorons, répond William.
- Qui a-t-il de mal à se promener comme un citoyen normal ? questionne Kaïra d'une petite voix outrée.
- Justement, répond amèrement Chimey, nous ne savons pas s'il en reste des « citoyens normaux ». L'endroit me semble bien désert.
- Et avouons que nous n'avons pas des motoneiges normales, ajoutai-je en passant la bouteille de vin d'arbre à Kaïra qui la regarde avec circonspection avant d'en prendre une petite gorgée.
- Le ranch de mes parents est plus au sud, proche du fleuve, déclare Anayha en refusant la bouteille devant la grimace de Kaïra.
- Oui Ayanha, approuve William, nous nous y rendrons en passant par la forêt de l'autre côté de la rivière. Je vous demande donc de traverser chacun par un chemin différent. Ariana et Kaïra vous prenez ici, ensuite à cent mètres plus au sud, Noah et Ayanha. Puis, plus au sud encore de cent mètres, Chimey et moi. Nous tentons de traverser simultanément afin de diviser les possibiltés de représailles. On se donne dix minutes puis on y va.
Tout le monde acquièsce et les motoneiges se séparent. Je reprend le guidon et je sens Ayanha qui glisse nerveusement ses mains sur mon torse et colle sa tête sur mon dos.
- Ça va aller, lui dis-je.
- Je te fais confiance.
Je sens dans ma tête une onde d'encouragement. Veena ? Aucune réponse. Je fouille mon intuition, il ne me dit rien qui vaille... Je pense un moment à arrêter mes compagnons mais trop tard : je vois, loin à ma droite, le véhicule d'Ariana qui s'élance dans la descente vers le cours d'eau gelé et sur ma gauche, William qui fait de même en me faisant signe de la main de m'engager aussi.
Je donne un coup de guidon en envoyant mentalement un « Accrochez-vous ! » pour Veena et Ayanha, sans me demander si celle-ci recevra le message.
La motoneige se précipite selon un angle de quarante-cinq degrés sur la pente enneigée. Je met les gaz à fond dès que le véhicule se retrouve à l'horizontale. Je scrute aux travers de mes lunettes de protection la voie devant moi. Je dois trouver une entrée sécuritaire sur le cours d'eau. J'entrevoie une ouverture entre deux bancs de rochers glacés et j'y fonce. Quelques instants plus tard, je nous sens emportés dans les airs en un arc innatendu. Je m'accroche aux guidons et tente de m'accrocher à la selle de mes genoux, Ayanha aggripée à moi comme un bivalve à un rocher. Le temps de réaliser l'ampleur de notre saut que nous atterrissons, la suspension grinçant sous le choc, sur la surface gelée de la rivière. Là, je reprends le plus rapidement possible le contrôle de mon engin.
La surface est bosselée par l'accumulation de bancs de neige due à la poussée des vents. Nous passons tout droit sur les plus petits mais les plus gros m'imposent un manège de bosses digne d'un parcours de cross-country. J'essaie de voir les deux autres motoneiges mais je n'ose pas trop quitter le paysage devant moi car j'ignore s'il peut y avoir des obstacles ou encore des lieux de remous qui aurait empêché la glace de se former. À cette image qui s'impose dans mon esprit, je relâche les gaz. J'essais de me rassurer en me disant que les dernières journées ont eu un froid polaire, mais peine perdue.
« Noah ! Accélère... Véhicules en chasse à notre droite »
Ce n'est pas Veena ? Ayanha ? Je glisse un œil à droite et j'aperçois en effet, Ariana prise en chasse par deux ou trois véhicules inconnus. Je bifurque légèrement vers eux pour attirer leur attention tout en reprenant de la vitesse.
J'obtiens ce que je voulais, un des poursuivants se dirige vers nous. Je me couche sur mon guidon et je tourne à fond la manette des gaz. Le moteur se met à un régime plus grand mais dans un silence surprenant. L'air siffle de chaque côté de mon casque. Nous sommes rendus au centre du cours d'eau, la glace est lisse, affûté par le vent continuel qui y règne.
« À ta gauche Noah ! »
J'obéis à cette directive, ne sachant d'où elle vient, qui remonte dans mon esprit et qui m'indique que nous pourrons trouver une sortie plus sûre vers la gauche.
« Vite »
« Oui, je lui réplique, à condition que je réussisse à conserver le contrôle de cet engin. »
Je reçois en retour une autre vague de réconfort et Ayanha me presse davantage contre elle. Je me sens rassuré quelque peu mais je ne peux m'empêcher de sursauter en entendant plusieurs détonations. Quelqu'un nous tire dessus avec un fusil ! Un fusil conventionnel ? Ce ne sont pas des Stotelss alors ? Je continue de foncer droit devant.
Au bout d'une dizaine de minutes, le bruit des poursuivants ne m'atteint plus et je n'ai pas perçu d'autre tir. Je vois la berge et plus loin la forêt. À une vitesse folle, je m'y dirige. La sortie du cours d'eau est tout aussi périlleuse que l'entrée : nous grimpons la berge selon un angle impossible et effectuons un vol de quelques mètres avant de poursuivre dans une nuée de neige notre chemin vers la forêt. J'entrevois à ma gauche William, poursuivit par une motoneige conventionnelle. Je me met à sa poursuite. Ayanha l'a aperçu aussi et je constate, avec surprise, qu'elle a pris mon arme Mistrale à mon côté et l'a mis en joue en se soulevant légèrement par dessus mon épaule et le pare-brise. Je stabilise le trajet de notre véhicule pour lui faciliter les choses. Le coup part, j'entends le sifflement grinçant caractéristique et j'aperçois une gerbe de flamme qui s'échappe de dessous la chenille de la motoneige devant nous alors que les passagers font un vol plané dans un banc de neige. Elle a fait mouche ! Elle est douée.
Je bifurque vers la droite, directement vers la forêt.
Apparamment le tir d'Ayanha a eu aussi un effet dissuasif car je vois, en jetant un œil rapide par mon rétroviseur, que les deux autres véhicules ont cessé la poursuite et se sont rassemblés autour de l'accidenté.
Sans ralentir, j'entre dans la forêt. La neige est plus rare et plus dure. Il y a des plaques de glaces sur laquelle mon véhicule glisse si j'ose tenter un manœuvre de contournement. Je vois alors les troncs des grands conifères nous frôler d'un peu trop près. Je n'ai d'autre choix que de ralentir un peu et de laisser diriger mes manœuvres par mon instinct. Malgré tout, les arbres nous croisent à un rythme fou, leurs branches éraflant la carlingue de notre motoneige. Du moment qu'elles n'arrachent pas les trois plaques solaires qui la recouvrent dans sa partie supérieure. Nous nous recroquevillons derrière le pare-brise pour nous protéger des coups de fouets végétals.
Nous débouchons enfin sur une clairière et je constate avec soulagement que les deux autres motoneiges sont présentes à l'appel. Nous nous remettons en convoi sur un signe de la main de William et nous traversons la clairière d'un seul mouvement.
S'ensuit un long trajet dans la forêt. Je lance un appel à mon intuition et je suis rassuré : il n'y a plus de poursuivant. Je tente d'atteindre Veena...
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Noah Étolias - Les chroniques de Gaïa
Science Fiction"D'une main incertaine Noah prend le petit sac et l'observe : gris argenté, lisse et uniquement marqué de la même broderie que le manteau de son père, il s'ouvre par un rabat magnétique. Noah regarde à l'intérieur et ensuite il renverse le contenu...