Chapitre dix-sept : La créature sous la trappe

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Le reste des vacances est aussi calme et ennuyeux qu'avant, jusqu'à maintenant. Je dis bien jusqu'à maintenant parce que Lechô n'est pas concentrant à rester calme, ce soir. Au plein milieu de la nuit, il se met à miauler vraiment fort. Je me doute que c'est parce qu'il veut sortir de la salle commune pour roder dans le château comme il le fait tout le temps.

- Guirlande, dis-je à moitié endormie à la grosse dame.

Lechô hésite avant de sortir. Une fois dehors, il attend en me regardant avec ses yeux qui brillent d'une lueur spectrale. Soudain, sans aucune raison apparente, il se met à miauler très, très fort. Je me précipite sur lui pour essayer de le faire taire, mais le portrait se referme derrière moi. Quand je me retourne pour demander à la grosse dame de rouvrir le passage, elle n'est plus là. Je suis coincée dehors jusqu'à ce qu'elle revienne.

Lechô se met à miauler encore plus fort en s'enfuyant. C'est un message assez clair : il veut que je le suive. Puisque c'est le seul moyen pour qu'il ne réveil pas tout le château, c'est ce que je fais.

Je marche dans des couloirs, monte des escaliers et en descend d'autres. En tout cas, le château est vraiment différent la nuit. Je n'arrive pas à reconnaitre l'endroit où je suis. Les ombres à la pleine lune donnent une allure fantomatique à Poudlard.

J'arrive devant une porte barrée. Lechô se met à gratter dessus et recommence à miauler bruyamment. Je n'ai pas envie d'être renvoyée parce que des profs m'ont découvert  en train de me promener dans les couloirs la nuit, alors j'essaye de lui ouvrir pour qu'il cesse ses bruits.

- Alohomora!

La porte se débarre et je l'ouvre. Elle débouche sur une petite pièce qui pue le poisson. Voilà ce qui a attiré Lechô ici : l'appétit. 

- Lechô, tu m'exaspère, lui dis-je.

Au centre de la pièce, il y a une trappe d'où semble venir l'odeur. Je tire sur la poignée pour voir ce qui peut dégager cette puanteur. La trappe ouvre un accès sur un tunnel souterrain profond. Sur le côté, il y a une échelle en métal qui permet de descendre, mais ce n'est certainement pas mon intention.

Soudain, deux yeux globuleux apparaissent au fond du trou. Ils sont jaunes, comme ceux d'un chat, avec une pupille noir en fente. Je ferme la trappe par réflexe et me dépêche de m'en aller. Lechô aussi semble avoir senti la présence d'une créature et cour pour revenir à la salle commune.

*   *   *

Des volutes de fumée s'échappent de ma bouche à chacune de mes respirations. J'attends sur le quai de la gare de Pré-au-Lard, dans le froid, en espérant que le Poudlard Express arrive bientôt. J'ai hâte de parler à Teddy, Al et Noëlle de ce qui m'est arrivé, hier soir. Tout semblait tellement irréel quand je me suis réveillée, ce matin.

Au loin, j'aperçois la locomotive rouge du train.

- En tout cas, c'était bien de vous connaitre, dit une élève de Poufsouffle avec qui on a passé les vacances.

Maintenant que plus rien ne nous oblige à être ensemble, on va surement ne plus jamais se revoir. On est tous venus attendre au quai, avide de voir de nouveaux visage que juste nous douze.

La Poudlard Express arrive en gare et embaumant l'air ambiant de sa vapeur. Je suis submergée par une vague d'élèves se dépêchant de sortir du train. Parmi la foule, j'aperçois une chevelure turquoise fluo que je reconnais comme étant celle de Teddy. Je me suis toujours demandé pourquoi il n'utilisait pas ses pouvoirs de Métamorphomage plus souvent.

Il est accompagné, comme je m'en doutais, d'Al et Noëlle.

- J'ai perdu Gorf! se plaint Al.

- Gorf, c'est le nom de ton furet? demande Noëlle.

- Oui. Il s'est enfuit dans le train et j'ai peur qu'il ne me retrouve plus jamais! Il n'est pas capable de trouver de la bouffe tout seul! C'est un furet domestique! Il va mourriiiiiiiiiiiiirrrrrr!!!

Son gémissement se transforme soudainement en un cri de joie : quelque chose est en train de lui mordiller la jambe. C'est Gorf.

- Gorf! s'exclame Al en prenant le furet dans ses bras.

On va s'installer dans une de ces charrettes tirés par les cheveux squelettiques que je semble être la seule à voir. Lentement, mais sans effort, on se dirige vers Poudlard en admirant la neige un peu partout qui donne une allure féérique au paysage.

- J'ai tellement faim, dit Teddy. Je crois que je pourrais manger tout un hippogriffe. Vous croyez qu'on aura un banquet?

- Surement que non.

- En passant, est-ce que vous avez reçu les cadeaux que je vous ai envoyés? demandé-je.

- Ouais, mais seulement le lendemain de Noël.

Il y a un silence où en entend seulement les roues des charrettes avancer.

- T'as dû avoir beaucoup de temps à perdre, fait Al tout en flattant Gorf. Les BD étaient vraiment drôles.

Comme cadeaux, je leur avais fait des bandes dessinées personnalisées.

-          C'était tellement ennuyeux! réponds-je.  J'avais juste envie que les vacances se termine pour pouvoir parler à d'autres personnes que les douze élèves qui été restés.

On laisse la conversation vagabonder sur n'importe quel sujet. Puis je me rappelle de ce que je voulais absolument leur raconter.

- Ça devait être juste un cauchemar, suggère Noëlle après un bout de temps.

- Ouais, c'est sûrement ça...

Maya Boubekri à l'école des sorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant