Différents. (Larry)

Chapitre 8 - Harry.

Je n'ai jamais fonctionné autant au ralenti que depuis que je suis sorti de cette boutique. Je marche comme si je faisais attention où je mettais les pieds, mes bras bougent aussi vite qu'une tortue, même mon cerveau hésite pour des broutilles, pour des décisions que je prends tous les jours. Je viens à peine de rentrer chez moi. Heureusement que je n'ai pas de séance aujourd'hui, je n'aurais pas pu assumer.

Pourquoi m'a-t-il donné son numéro ? Etait-ce vraiment pour moi ou ai-je mal compris ? Pourquoi ce serait pour moi ? Il n'avait pas l'air gay. Il a plutôt l'air d'être un type qui plait beaucoup aux femmes alors, à mon avis, ce numéro est bien destiné à ma sœur. Je le lui donnerai. Non, je ne le lui donnerai pas. Si, jamais, je me trompe et que ce numéro m'est bien adressé, elle saura que j'ai son numéro et elle m'harcèlera pour que j'en fasse quelque chose. Mais c'est hors de question. Alors, je préfère le garder pour moi. Après tout, je ne verrai plus donc je n'ai aucun compte à lui rendre. Et puis, qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Je n'aime pas parler avec les gens. Ils finissent tous par partir, par m'abandonner. Comme mon père. Je suis déjà attaché à ma famille, malgré moi, et c'est déjà trop dangereux pour moi. Je ne suis pas fait pour échanger avec d'autres personnes, autre que mes petits patients. C'est bien pour ça que je ne soigne que des enfants, c'est plus rassurant pour moi et je fais mieux mon job ainsi.

Après avoir mangé, je reprends mon activité de ce matin : lézarder sur mon canapé devant la télé. Je crois même que je me suis endormi puisque je ne me souviens pas de mon après-midi lorsque l'on sonne à ma porte à 18h. Je vais ouvrir à ma sœur.

GEMMA : Coucou p'tit frère, tu vas bien ?

Je la laisse entrer et referme ma porte. On va s'installer au salon.

HARRY : Ça va. Et toi ?

GEMMA : Ça va super ! Alors, tu es passé au magasin ?

HARRY : Ouais, c'est bon, c'est fait.

GEMMA : Génial ! Alors ?

HARRY : Je t'ai pris le même en taille S, j'espère que ce sera bon cette fois-ci...

GEMMA : Mais je m'en fou de ça, je voulais mettre autre chose, ce soir ! Le vendeur ! Tu l'as revu ?

HARRY : Tu as fait exprès de m'y envoyer ? C'était un coup monté ?

GEMMA : Oui mais, maintenant, racontes-moi ! Avec maman, on s'impatiente !

Je n'en reviens pas. Plus jamais je ne rends service à ma sœur si c'est pour que ça se finisse comme ça.

HARRY : Il ne s'est strictement rien passé, il a fait son boulot et je t'ai rendu service, c'est tout.

GEMMA : Oh, aller, Harry ! Il ne t'a pas parlé ?

HARRY : A part pour demander ce qu'il te fallait, non.

GEMMA : Tu mens, Harold !

HARRY : Pas du tout. Mais, si il te plait, tu sais où le trouver !

GEMMA : Arrête, tu sais très bien qu'il n'est pas mon genre de garçon mais je suis sûre qu'il pourrait être le tien !

Je me lève du canapé.

HARRY : Ton t-shirt est dans le sac dans l'entrée. Par contre, il... Il a gardé le ticket de caisse donc tu ne l'as plus. Voilà. Je vais prendre une douche.

En gros, c'est ma manière de lui demander de rentrer chez elle. Et oui, j'ai menti, j'ai préféré dire que c'était lui qui avait gardé le ticket, autrement, elle se serait douté de quelque chose. Je monte les escaliers et entre dans ma salle de bain. J'entends ma porte d'entrée claquer. Je suis tranquille.