Il y a une salle de jeux à côté de ma chambre. Les murs sont roses fushia tachés de traces jaunâtres. Les jouets sont éparpillés un peu partout dans la pièce et une fine couche de poussières les entoure. Depuis mon arrivée à l'hôpital, je n'ai jamais vu ne fusse qu'une âme dans cette salle. Sûrement à cause de l'odeur de moisi qui vous donne la nausée dès que vous posez un orteil à l'intérieur. Mais elle est quand même agréable avec ses petites bancs fixés le long des fenêtres et celles-ci laissant une vue impeccable sur Paris. Même si les symptômes de ma maladie me font mal supporter les odeurs, je vais souvent m'asseoir avec la fenêtre grande ouverte et j'admire cette ville que je ne visiterai sûrement jamais.
Demain, on me déplace dans un autre petit hôpital dans Paris pour soigner plus rapidement ma maladie. Ils possèdent plus de matériel et ont une bonne réputation en ce qui concerne la rééducation. Normalement, je pouvais rester chez moi mais ma mère a préféré m'interner à cause de nombreuses crises que je faisais et que je fais toujours.
Je profite des derniers instants dans la salle de jeux en me remémorant les journées passées ici et les raisons qui m'ont menée à ce que je suis aujourd'hui: une condamnée. Je dois dire que je l'ai mérité. Ma mère n'arrêtait pas de me dire que je devais arrêter de dormir avec mon GSM allumé mais j'ai continué. Trois mois plus tard j'ai commencé à avoir des nausées et des étourdissements. C'est quand j'ai commencé à vomir après avoir mangé et quand mes jambes ont commencé à me lâcher quand je courrais où simplement quand je marchais longuement que ma mère à commencer à s'inquièter. J'ai passé examen sur examen et toujours rien. Jusqu'au jour où j'ai fait mon IRM. Sur ma radio, il y avait un gros point noir dans l'hémisphère gauche. J'étais déjà à un stade fort avancé. Peu de chances de survie et il fallait que j'arrête l'école.
Me reposer. C'est ce que les médecins et ma mère disent toujours. Je ne sais pas faire autrement avec ma chimio qui me fatigue et use toutes mes forces. Alors soit je reste dans mon lit, soit je viens ici, dans la salle de jeu, pour réfléchir et me changer les idées. Avant, j'étais une fille pleine de vie et intelligente. Je ressemblait énormément à ma mère avec mes longs cheveux blonds bouclés et mes yeux d'un vert perçant. Je souriais tout le temps mais, maintenant, c'est autre chose. Je suis fort pâle et mes yeux ont perdu leur éclat d'autre fois. Je me déplace comme un zombie et mon crâne est dépouillé de mes cheveux suite à la chimio. Je suis affreuse et je mourrai affreuse.
Je regarde la ville de mon banc. Elle a le don de m'apaiser quand j'ai juste une envie: tout arrêter. Je respire l'air frais qui me chatouille les narines.
Je ne veux pas partir. Je me suis fait une amie, Zoé, qui, elle, a la leucémie. Je ne peux pas la voire avant de partir. Elle est en pleine intervention et elle va très certainement en revenir fort fatiguée. Elle aussi est en phase terminale. Nous nous étions promis de se soutenir jusqu'à la fin. Promesse que je ne pourrai pas tenir loin d'elle.
J'entends des pas dans le couloir. Il s'agit de mon médecin, Jim, que je ne reverrai certainement plus jamais non plus. Il entre dans la pièce et, quand il me voit, il me lance un sourire avant de s'approcher.~Rose, tu ferais mieux d'aller te coucher. Il se fait tard et tu as une dure journée demain.
Je me lève sans un mot et vient me poster à côté de lui. Il a été le père que je n'ai plus et le meilleur des confidents. Je ne voulais pas parler avec ma mère de ma maladie et de mes craintes et encore maintenant d'ailleurs. Quand j'ai découvert la salle de jeu, je m'y réfugiais quand j'étais tracassée ou seulement triste. Il me rejoignait alors et me parlait jusqu'à ce que j'aille mieux. Il m'a racontée des centaines d'histoires et de blagues pour me faire retrouver ma joie d'avant mais ma peur et ma tristesse revenait dès qu'il partait. Sa simple présence arrivait à me faire sentir mieux. Il dégage une douceur et une joie contagieuse et il n'hésitait pas à charmer les cuisinières pour réussir à m'avoir un dessert en plus. Je dois avouer que, si j'avais eu son âge, c'est à dire la trentaine, je serais tombée dans ses bras. Il est grand, fort et des cheveux coupés brosse façon militaire ainsi que des yeux bleus clairs. Il a une barbe bien taillée, pas trop longue et pas trop courte non plus. Il porte souvent des t-shirts qui moulent bien ses muscles ce qui le rend à tomber.
Il me sourit et me reconduit dans ma chambre avec sa main dans mon dos comme il l'a toujours fait. Je profite de chaque odeur, chaque partielle de l'hôpital comme j'ai appris à le faire depuis qu'on m'a fait le diagnostic.
Je ne verrai certainement plus jamais ces petites vitres, la salle de jeu et ma chambre.
Jim reste un moment avec moi pour m'aider à clôturer mes valises. Ma mère travaillait ce soir-ci et ne savait donc pas venir m'aider.
J'aime la façon dont Jim réussi à cerner les envies des autres. Il ne me parle pas et ne pose aucune question. Il sait que dans des moments comme aujourd'hui, des moments difficiles pour moi, il faut que ce soit calme autour de moi.
Je me sens horriblement mal. J'en ai marre de vivre ainsi. Pourquoi doit-on me retirer tout ce qui compte pour moi? J'avais réussi à accepter ma maladie et à trouver des gens que j'aime en dehors de ma mère. Pourquoi me les enlever?
Quand Dieu aura enfin décidé de me rendre ce qui compte le plus pour moi, je serai déjà morte. Rose Tyler. Un corps sans âme qui attend toujours un peu de bonheur.
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Encore un moment avec toi
RomanceRose Tyler n'a plus rien à perdre depuis qu'on lui a donné un diagnostic horrible sur sa santé. Elle ne veux plus se battre jusqu'au jour où elle rencontre un garçon nommé Éden. Va-t-il l'aider à reprendre goût à la vie?